Vie du réseau
Un argument réfuté par Alain Roblin Demont, membre de l’association Coopération, solidarité et développement aux PTT (CSDPTT). Elle distribue des PC de seconde main en Afrique précisément, issus de grandes entreprises comme La Poste ou France Télécom. Pour lui, la licence MAR « est absolument inacceptable ». « Microsoft va, en pleine connaissance de cause, faire payer une deuxième fois l’utilisation de ses logiciels. Cette licence peut être intéressante pour des professionnels de l’occasion, mais en aucun cas pour des structures comme notre association, et pour aucune des associations d’aide au développement de ma connaissance. »
Sur place, des voix s’élèvent également contre le danger de voir le monopole de Microsoft étendu aux pays émergents. « Nous sommes au courant de cette initiative de Microsoft, j’y suis opposé et je l’ai d’ailleurs fait savoir au gouvernement de mon pays », explique à ZDNet Sylvestre Ouedraogo, enseignant à l’Unité de formation et de recherches en sciences économiques et de gestion de Ouagadougou (Burkina Faso). « Mais pour les autorités, c’est très tentant, et ça devient difficile de refuser ».
Les logiciels libres dans la balance
Auteur du livre L’ordinateur et le Djembé (éditions l’Harmattan, décembre 2003), Sylvestre Ouedraogo est également responsable de l’association Yam Pukri, qui vise à la formation et à la vulgarisation des nouvelles technologies au Burkina Faso. Elle est présente dans des centres de formation de trois villes du pays.
« Plus que la question du prix, nous nous inquiétons car cette initiative va conditionner nos jeunes à utiliser les produits Windows », précise-t-il, en parlant de ce « cadeau empoisonné ».
Microsoft France, par la voix de son directeur général adjoint, ne cache d’ailleurs pas ses ambitions. « Nous avons pour l’instant aucun intérêt financier dans l’initiative MAR, mais elle correspond à notre ambition de permettre à tous d’utiliser nos produits, afin d’avoir un ordinateur Windows par personne dans le monde, l’objectif que nous nous sommes fixé depuis 25 ans », assure Roger Abehassera.
Pour le formateur du Burkina, « l’éditeur entrera par la grande porte dans nos États et commencera à attaquer tout ceux qui sont dans l’illégalité. Or vous savez que plus de 90% de nos ordinateurs ont des logiciels piratés ».
Pour lui, la solution se trouve dans les logiciels libres, que Microsoft cherche à contrer également en Afrique. Le Burkina Faso est un des rares pays d’Afrique à accueillir depuis quelques années une association d’utilisateurs Linux.
« Nous pouvons monter la même initiative avec un apport national, en prenant des ordinateurs de seconde main gratuitement en Europe et en y installant des produits Linux », conclut Sylvestre Ouedraogo. « Le projet sera alors une initiative nationale, et non pas celle d’une grande firme qui compte nous appâter avec un gâteau à l’arrière-goût amer ! »
Source zdnet.fr