E-gouvernance

La télémédecine, Un espoir pour la santé en Afrique : le RAFT en action

Offrir aux acteurs du système de santé africain, une interface d’échange et de formation continue grâce à Internet afin d’améliorer leurs prestations, tel est le défi que le réseau africain de la télé médecine (RAFT) compte relever. Fondé en 2000, c’est en 2004 que le réseau a lancé officiellement ces activités à Bamako, au Mali.

L’objectif de ces promoteurs est de mettre en place un réseau d’échange Sud-Sud entre les hôpitaux universitaires, les hôpitaux régionaux et les centres de santé ruraux d’une part et d’autre part de favoriser la création de contenu médical de qualité, adapté aux besoins des différents acteurs de terrain. Le réseau compte actuellement une dizaine de pays (le Mali, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, le Burkina Faso, le Niger, le Sénégal, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Rwanda et Madagascar.

Dans le cadre de ces activités, le réseau a mis en place un site Internet.(http://raft.hcuge.ch/) Ce site permet aux membres du réseau d’échanger régulièrement autour de leurs préoccupations. Il se veut aussi une plate forme dynamique pour la formation continue des médecins africains. Selon Dr Léoticia Toé, du Burkina, Malgré qu’elle soit en milieu rural loin des centres de documentations plus ou moins fournies des villes, avec la télémédecine et surtout la plate forme du RAFT elle reste à jour de ces connaissances médicales pour le grand bien de ses malades.
Dans le même sens le Dr Zakariza Traoré, du Mali dira ceci : généralement quand on parle d’Internet et de télémédecine, on voit la formation continue, mais ce n’est qu’un aspect. L’autre aspect, c’est que quand un médecin est bien formé, il saura bien faire son travail. Donc tous ce que nous apprenons via Internet par l’entremise de réseau RAFT, ne peut qu’améliorer la prise en charge de nos patients.

Formation en informatique médicale
Pour permettre à ces partenaires d’exploiter efficacement le système, le réseau a initié avec les hôpitaux universitaires de Genève au profit des répondants locaux une formation en informatique médicale. En effet, L’informatique médicale consiste à l’utilisation du potentiel des Technologies de l’information et de la communication pour améliorer le système de santé.
La formation qui durera d’avril 2005 à juin 2006 se déroule sous 3 modules. Chaque module est constitué de e-cours (télé-enseignements sur Internet), de travaux pratiques individuels supervisés à distance, et d’un atelier réunissant les collaborateurs concernés, dans une des capitales d’un pays du RAFT, afin de compléter la formation par du travail en présence des enseignants.

L’atelier régional de Ouagadougou

A la suite de Dakar, Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, a abrité du 27 au 04 mars 2006 le deuxième atelier présentiel. Il est prévu également un troisième qui va aboutir à l’obtention du certificat d’informatique médicale délivré par les hôpitaux universitaire de Genève, nous confie le Dr Cheick Oumar Bakayoko, coordonnateur International du RATF.

L’informatique médicale étant un domaine assez vaste, le Réseau RAFT pour s’adapter aux réalités du terrain, met l’accent sur le volet téléenseignement et teléconsultation. Ces activités tournent autour de la promotion de l’utilisation des TIC pour pratiquer les consultations, les diagnostics, les soins à distance mais surtout de renforcer les capacités des bénéficiaires. Pour rester pragmatique et réaliste nous avons mis en place les outils adaptés aux faibles bandes passantes que nous avons en Afrique. Par exemple, face à un cas difficile un médecin burkinabé ou camerounais peut soit mettre le dossier du malade en ligne soit demander directement l’avis d’un collègue via notre plate forme. Du coup les autres collègues peuvent poser leur diagnostic, voir, proposer une prise en charge.

L’avantage c’est qu’on récolte de multiples expériences sur un même sujet, ce qui nous permet d’avoir les différentes approches de la maladie. Cette approche améliore les connaissances des uns et des autres, affirme M. Cheick Oumar Bakayogo cordonnateur International du RAFT.
Aussi, Un médecin au Burkina Faso peut donner un cours sur la lèpre à tous ces confrères via Internet. Après son exposé les autres posent des questions par messagerie instantanée. Ce dernier lit les questions à haute voix pour tout le monde et il peut aussi répondre sur le champ continua t-il.

Pallier au manque de médecin en milieu rural

Au-delà de l’aspect formation et l’amélioration de la prise en charge des malades, la télémédecine se veut une réponse au manque de médecin dans les zones rurales. En général, quand les médecins sortent des grandes facultés, ils ne veulent pas partir en milieu rural. L’une des raisons majeures est que ce dernier sera coupé du cursus de formation. Dans ces conditions, il tombe dans une routine qui est même dangereux ses malades. Car, un médecin routinier c’est un médecin qui ne sera pas au courant des changements de protocoles thérapeutiques ni de l’évolution de la médecine. En mettant les TIC, à leur disposition, on pallie ce problème affirme le Dr Traoré.

Auparavant, dans mon centre qui est à plus de 800km de Bamako, je n’avais ni un réseau de téléphonie mobile, ni Internet. Mais grâce au RAFT, J’utilise Internet d’abord pour ma formation continue sur place. Mais aussi des médecins qui sont dans cette zone viennent suivre les cours avec moi, Ajoutera t-il
Au Mali, on avait construit un hôpital rural. Mais dans la zone, il n’y avait ni un réseau de téléphonie ni Internet. Pour ces raisons, on avait du mal à trouver un médecin pour les populations de cette zone. Mais dès qu’on a mis en place une antenne satellitaire, on a trouvé un médecin. Car, il pouvait désormais avec l’Internet garder le contact avec sa famille et ses confrères du Mali et surtout du monde entier témoignera Dr Bakayoko.

Mais si la télémédecine soulage un temps soit peu les médecins, elle répond aussi à certains soucis des malades. Face à une population a majorité pauvre, le potentiel des TIC peut aider à résoudre les coûts de traitement. Grâce à l’appui d’une ONG, des enfants maliens ont pu suivre des interventions chirurgicales en Europe. Mais après, les parents n’avaient pas les moyens pour les faire partir en Europe pour le suivi médical. Grâce à la télémédecine, leur suivi se fait désormais régulièrement à travers le site web du réseau nous confie le Dr Traoré.
Il y a aussi le fait que si un malade vient dans notre centre, nous avons souvent besoin d’autres compétences. Dans ces situations, il faut référer le malade à des centres situés a des centaines de kilomètre de son village pour voir un spécialiste. Très souvent pour manque de moyens, les malades ne s’y rendent pas et finissent par mourir. Avec notre système de télé médecine nous avons actuellement la possibilité de mettre les dossiers de ces malades en ligne. Des spécialistes consultent, posent le diagnostic et proposer un traitement. Déjà dans notre centre de Dib, avec le projet de télé médecine nous avons déjà pris en charge un certain nombre de malades uniquement par cette voie renchérit-il.

Selon le Dr Pape n’Diaye, le coordonnateur du réseau RAFT au niveau universitaire de Dakar, Aujourd’hui presque tout le monde est au courant de la télé médecine, tout le monde est convaincu de son importance, en réalité le vrai problème c’est de trouver un moyen fédérateur pour coordonner les efforts et les acquis des uns et des autres.
A entendre les acteurs et les bénéficiaires du Projet RAFT, la télémédecine possède un fort potentiel dans la résolution de certains problèmes de santé que vivent nos populations. Reste à convaincre nos gouvernants à s’impliquer d’avantage dans le processus du e -santé.

Roukiattou Ouédraogo, BNTIC

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