E-gouvernance

Les FAI pris en otage par la libéralisation du secteur au Burkina, enquête de Burkina ntic

Les FAI (Fournisseurs d’accès Internet) après une décennie d’existence au Burkina Faso connaissent d’énormes difficultés contrairement à ceux de certains pays de la sous région. Cette situation menace l’avenir du secteur et l’Etat apparaîtrait comme le principal responsable de leur malheur .
D’après une enquête diligentée auprès des FAI courant Août 2006, il ressort un tableau assez pessimiste dans un secteur qui se veut un des fleurons des NTIC.

Sur une quinzaine d’entreprise signalant théoriquement intervenir dans le secteur, seule la moité environ arrive à fournir les services de fourniture internet au Burkina Faso.

De façon quasi unanime, les fournisseurs d’accès Internet sont plus que angoissés par la concurrence déloyale auquelle leur soumet l’ONATEL par l’entremise de sa filiale « Fasonet ». Visiblement remontés contre leur « grand Manitou », les opérateurs supportent mal la présence de Fasonet qui semble bénéficier d’une somme d’exonérations et d’une généreuse assistance technique de l’ONATEL.

Pour de nombreux FAI, l’Etat ne semble nullement préoccupé par le problème récurrent que les opérateurs privés rencontrent. Cela s’illustre à travers les propos d’un responsable d’une structure du secteur en ces termes : En cas de panne chez nos clients qui relève du niveau de l’Onatel, nous rencontrons mille et une difficultés pour obtenir la visite d’une équipe de maintenance ou dépannage .
Il est même de coutume d’entendre que le monopole de l’ONATEL ne permet que l’impulsion de « Fasonet » au détriment d’une promotion du secteur qui est pourtant générateur de richesses.

La qualité du service aux clients des FAI est de plus en plus décriée. Lenteur et interruption de la connexion, avalanche de spams etc sont autant d’obstacles à une prestation de qualité « les clients nous en veulent et exigent parfois le remboursement de leur frais de connexion et au pire des cas, nous font des invectives souvent désobligeants affirme l’air dépité Monsieur X, responsable de Cybercafé, client d’un FAI pionnier dans ce domaine.

Les FAI souffrent à l instar d’autres domaines d’activités de la cherté du coût de la vie avec son impact sur le comportement des consommateurs ainsi que le caractère exorbitant des facteurs connexes de production comme les coûts de l’électricité, le téléphone le matériel informatique etc.

Abandon fréquent du sous secteur

Il en résulte une étroitesse de la marge bénéficiaire face à une tendance haussière des charges. Si rien n’est fait alors en terme d’aide de l’Etat, fusse-t-elle directe ou indirecte, la révolution numérique et le démantèlement de la fracture numérique ne seront pas pour demain. Certains propriétaires se disant spoliés par l’Onatel qui s’enrichit sur leur dos, ont abandonné le secteur et d’autres par contre sont restés mais en développant d’autres services complémentaires à leurs activités primaires pour minimiser les pertes en entendant des lendemains meilleurs tels que hébergement de sites, messagerie etc. Ainsi, les propos d’un responsable de ASD sont éloquents : j’ai abandonné l’aspect fourniture d’Internet car non seulement notre marge bénéficiaire est pratiquement nulle mais aussi nous ne sommes pas maître de la qualité de nos services.Il en est de ZCP, de NET Access...fournisseurs d’accès privés qui ont abandonné le volet fourniture internet.

Manque de profesionnalisme de certains FAI
Aussi, certains FAI contribuent à une morosité du secteur par leur déficit de professionnalisme. En effet, peu de spécialistes en NTIC animent le secteur qui est pourtant le grand portail pour la vulgarisation du savoir et de la connaissance numérique. Ainsi, au delà des problèmes de gestion de petites pannes font suspendre les activités en attendant l intervention d’une expertise externe du fournisseur. La plupart des FAI se contentent de fornir le canal internet sans offrir aucun service (hébergement web, système de sécurité anti spam, boite de messagérie, formation...)Ceci a contribué a un désenchantement de certains clients et mis à rude épreuve la fidélité d’internautes invétérés. Il n’est pas rare de voir certaines personnes dire : je ne vais plus utiliser l’internet parce que je perds plus de temps que je n’en gagne à cause des déconnexions intempestives. l’association Yam Pukri a été obligé d’abandonner sa connexiuon RTC. Celle nouvellement acquise, l’ADSL ne remplit pas aussi son cahier de charge.

Dans la foulée, les animateurs dans ce domaine évoluent en rang dispersé en l’absence d’un cadre de concertation qui pourrait servir d’interface avec l’ONATEL. Cette situation fragilise durablement le sort des FAI dont les préoccupations restent jusqu’à présent en jachère prolongé.

Que sera donc fait demain ? Devons nous rester impassible ?

Face à l’agonie des FAI,n’oublions guère leur rôle dans l’offre d’accès aux NTIC malgré les difficultés qu’ils connaissent. Non seulement la monopolisation de l’espace virtuelle est devenue désuète et il devient vital de libéraliser le secteur des télécommunications pour accroître la compétitivité entre acteurs avec à la clé un accroissement de la qualité des prestations. La spécificité des NTIC et le puissant vecteur du développement qu’il représente plaident l’introduction de mesures d’accompagnement en faveur du secteur. C’est dans la même optique que Fasonet devra apprendre à évoluer à arme égale avec les autres FAI, ce qui sera en aucune façon le desservir. Par exemple, les autres FAI ne peuvent fournir l’Internet en province à cause du coût de la connexion qui est facturée par zone alors que fasonet applique un tarif fixe inférieur au coût local de la communication.

Fasonet, contente toi de vendre de gros paquets

On pourrait se démander pourquoi Fasonet ne se contente pas seulement de vendre de gros paquets (FAI, clients intitutionnels au lieu de redescendre au niveau des clients domestiques et autres, ce qui la fait perdre beacoup d’énergie pour peu de résultats) ?

Une professionnalisation accrue des acteurs et une meilleure organisation de cette filière viendront renforcer les mesures préconisées précédemment pour une réhabilitation des FAI, véritables autoroutes du développement du III ème millénaire.

Document réalisé par Mme ; OUEDRAOGO Karidiatou, Chargée des études et du traitement et analyse statistique à Yam Pukri/Sulga Concept

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