E-gouvernance

Les atouts pour un accès à la société de la connaissance.
Nous sommes entrés dans la société du savoir où la connaissance est devenue un atout majeur. La société de la connaissance désigne les performances sociales, économiques liées au développement des technologies de l’information et de la communication-TIC (Internet, mobiles, multimédias...). Les TIC offrent de nouvelles possibilité d’emploi, de nouveaux outils pour le stockage et le traitement de l’information, la recherche, l’éducation, la formation, un accès plus aisé au service public ... Or ce savoir est un facteur de discrimination entre individus et entre sociétés. Et le risque, c’est que cette société de la connaissance demeure pour de nombreux citoyens, une société de savoir, exclusive. Pour éviter cela, il faut relever le défi de la formation afin d’en assurer son accès à tous. cela n’est ni un caprice, ni une mode, mais plutôt une nécessité, traduite par le besoin d’une transformation liée à l’accès et à l’utilisation des TIC. Etre au cœur d’une mutation n’en facilite ni sa compréhension ni son analyse. Le défi pour nombre de pays est de bâtir une culture d’accès à la société de la connaissance. Répondre aux questions suivantes : permettre l’accès de qui, à quoi, à quel coût, où, comment et pourquoi, peuvent être des réponses à l’accès de cette société de la connaissance.

- Tout le monde à droit à la connaissance
Les cours de formation, qui sont disponibles aujourd’hui grâce aux technologies de l’information et de la communication (TIC), permettent l’acquisition de connaissances et de compétences même en dehors des structures d’éducation et de formation traditionnelles : chacun, s’il le désire, peut apprendre à travers les réseaux télématiques, Internet, la télévision par satellite, etc.
L’intégration des TIC dans les pays africains par exemples ont conduit à des offres de services accessibles au plus grand nombre. Le Télécentre représente donc un accès à la société de la connaissance tant au profit des populations urbaines riches ou au revenu faible que des communautés rurales.

- Un contenu adapté aux besoins

A quoi aurait pu servir l’accès à de nouvelles technologies n’ayant aucune utilité pour notre vie quotidienne, notre développement humain, culturel, social ? Pour sortir de l’isolement, il n’est pas seulement besoin de communiquer avec les autres, il est également utile de combler ses aspirations. La société de la connaissance se réalise à partir de la création de contenus et de l’utilisation d’outils répondant à des besoins précis. Ceci, à travers un dialogue vécu par des adultes, des jeunes, des enfants, chacun à sa manière, mettant en valeur une diversité de vie, de savoir-faire, de créativité.
Toutefois, avec les TIC, il est utopique de vouloir s’imposer un contenu unique. Le contenu des TIC, ne peut être circonscrit. Que cela soit avec le téléphone, la télévision, Internet, il est difficile d’avoir un contenu standard figé applicable partout et pour tous. On crée un média, pas un contenu car il est personnel, flexible, variable, éphémère. Somme toute, il s’adapte aux besoins et aux impératifs d’un moment, d’une urgence, d’un contexte. Il ne suffit pas d’avoir le média pour avoir le message, tout comme avoir une langue (l’organe physique) ne suffit pas à parler correctement, clairement et avec des mots précis et venant aisément.

- La nécessaire disposition d’infrastructures adéquates.

Un dicton populaire africain affirme que deux aveugles ne peuvent pas s’accompagner mutuellement, c’est pourquoi, l’accès et l’utilisation des TIC supposent des préalables. Un pays qui ne dispose d’infrastructures de télécommunication ne peut s’engager dans la formation de sa population. Ce pays doit d’abord disposer d’infrastructures de base comme l’électricité, le matériel informatique, des services de maintenance, ainsi que de formateurs etc.
L’accès et l’utilisation des TIC au Burkina, par exemple, sont limités par divers problèmes : capacité en ressources humaines limitée, infrastructures inadaptées (les centraux téléphoniques sont encore analogiques et ne couvrent pas l’ensemble du territoire, au 31 décembre 2001, le Burkina Faso (12 millions d’habitants) avait une télé densité de 1,13 pour 100 habitants. Le nombre de lignes téléphoniques fixes était de 58 036 lignes contre 75 787 pour la téléphonie cellulaire. La rentabilité financière fait que les villages ne sont pas concernés par la téléphonie au Burkina. Mais les Ong tel CSDPPT France œuvre dans la mise en place de télécentres ruraux.
Des questions telles que la propriété et le contrôle de la production et le partage de la connaissance, de la conception de logiciels, de l’utilisation des langues locales et du choix de la technologie représentent un handicap à l’accès et à l’égalité de tous face à la société de la connaissance.
Une des solutions consisterait à forger des Partenariats. Aussi, des alliances stratégiques au niveau national et régional devront être encouragés et lancés pour construire des réseaux et ce, afin de créer les bases pour des politiques actives et nouvelles. La collaboration entre les secteurs public et privé devra être privilégiée. Ces initiatives devront être accompagnées de la baisse des tarifs d’abonnement, de facilités d’importation des matériels... A noter que Le secteur privé constitue le principal moteur de la diffusion des TIC.
En matière de savoir-faire, il manque une main d’œuvre qualifiée capable d‘appuyer la démarche de l’accès et de l’égalité à la connaissance. Le problème est crucial surtout au niveau conceptuel (logiciels utilisés et par ailleurs indispensables ).

- Les centres communautaires polyvalents pour la libéralisation de la connaissance

Dans ce monde dominé par les TIC, rien ne doit jamais plus rester secret. Le savoir doit être universel et chacun doit y avoir accès. C’est pour quoi les télécentres Communautaires Polyvalents sont mis sur pied sur le territoire burkinabé. Ils ont pour but d’habiliter la population à utiliser et profiter davantage des TIC en dispensant un apprentissage libre et flexible.
Le télécentre Communautaire Polyvalent est un lieu de rencontre et de promotion des TIC pour les populations. A cet titre son objectif premier n’est pas de faire du bénéfice, mais de promouvoir les TIC, en formant les novices et en permettant l’accès aux plus défavorisés. L’association Yam Pukri, par exemple, intervient dans la mise en place des accès collectifs à vocation sociale. Cette association possède 4 centres à Ouagadougou et 2 en province. Mais les besoins de connaissance sont plus ressentis dans la capitale que dans les autres localités du fait de la concentration des populations et des activités qui s’y développent.
Les accès collectifs privés à l’Internet sont estimés à 150 pour la ville de Ouagadougou. Les centres polyvalents multimédias appartenant à la commune de Ouagadougou sont au nombre de 5. On les trouve essentiellement dans la capitale politique. Le point d’accès des jeunes aux autoroutes de l’information et de la communication (PAJE), financé par l’INTIF, possède quant à lui, quelques accès publics tant en zone urbaine que rurale.
Pour réaliser sa mission de formation, le centre d’accès communautaire ne peut pas fonctionner avec un business plan s’inscrivant dans une logique commerciale de profit. Mais plutôt, sur la base de subventions, de cotisations et autres aides. Le tout étant de permettre la pérennisation des activités et non de faire des bénéfices. C’est en ce sens que Yam Pukri entreprend des formations ponctuelles dans certaines provinces grâce à des opérations pilotes. Il se déplace donc à la rencontre des populations, dans les endroits les plus reculés et où les infrastructures sont très peu développées ou presque inexistantes.
Le travail associatif est une ressource efficace ayant pour but de toucher les personnes qui n’ont pas de moyens pour apprendre ou utiliser ces outils. L’accès collectif permet donc de rendre le coût de la formation et l’usage du matériel moins onéreux. Offrant à ceux qui n’auraient jamais eu les moyens de s’octroyer un ordinateur ou une connexion Internet, l’opportunité d’en bénéficier. De rendre donc accessible et disponible l’outil informatique même dans les endroits reculés.
La création des espaces et campus virtuels (encore très minime) par la mise en réseau des universités, des écoles, des centres de formation, favorise la multiplication et le développement de centres d’acquisition des connaissances accessibles à tous et adaptés aux besoins de la société. La multiplication de ces enseignements à distance favorisera le développement de l’éducation en générale, les échanges de bonnes pratiques et des expériences communes.

- Des compétences pour une pérennisation de la connaissance.
Le savoir et le savoir-faire jouent un rôle fondamental dans le développement et la consolidation des compétences. Ils en sont d’ailleurs la clé de voûte dans le défi de la formation et de l’accès pour tous à la connaissance. Aussi, toute politique de formation devra être davantage motivée par la demande plutôt que par l’offre.
La formation représente le plus grand défi auquel sont confrontées toutes les sociétés. Elle garantit une participation à la société de la connaissance. Les programmes de formation pour un meilleur accès aux TIC nécessitent des investissements à tous les niveaux de la société. Les programmes de formation TIC doivent être conçus non seulement pour les universités mais aussi pour l’enseignement primaire et secondaire dans le court, moyen et long termes. De tels programmes doivent aussi cibler les institutions de formation professionnelle. Du point de vue de la politique de formation, il serait nécessaire de développer la formation professionnelle afin de fournir une main d’œuvre pour garantir des réseaux fonctionnels. L’accès à la société de la connaissance dépend donc de l’intégration réussie des nouvelles technologies, de la mise à disposition de services et contenus pertinents et de qualité. Accéder à cette société confère le sentiment d’appartenir à un groupe, de communier et de communiquer.
De nos jours, ce qui pousse l’individu à s’inscrire à des cours de formation, à chercher le savoir, c’est la possibilité de pouvoir acquérir une compétence qui lui permette de rester dans le système productif et d’y trouver une nouvelle place.
La question de la formation en terme d’usage et de contenus permet d’appréhender ce que peut être le développement local, de saisir l’évolution (futur) ainsi que sa mise en œuvre. Dans ce cadre, l’important est l’identification des besoins en collaboration avec les populations, les politiques et la détermination des modes d’appropriation nécessaires.
Les nouvelles technologies ne sont pas une fin en soi mais simplement des moyens qui peuvent permettre de participer au développement. La démocratisation de l’accès à la société de l’information est de permettre à de nombreuses et diverses communautés l’appropriation du savoir.

Rasmata SORÉ

Dans la même rubrique

Dans d'autres rubriques

Repensez les politiques de développement et traduisez-les en pratiques efficaces Explorez certains des défis les plus urgents en matière de (...)
Vous êtes un professionnel du développement (privé, Etat ou ONG) ? Vous avez une formation universitaire (minimum de 3 ans) et plusieurs années (...)
Par : Sylvestre Ouédraogo Directeur Régional Institut Panafricain pour le développement, Afrique de l’Ouest et du Sahel Président de yam-pukri.org (...)
AVIS DE FORMATION EXECUTIVE MASTER EN POLITIQUES ET PRATIQUES DU DEVELOPPEMENT (DPP) L’Institut des Hautes Etudes Internationales et du (...)
Comme à l’accoutumée, cela fait maintenant 11 ans que l’association Yam-pukri organise un camp vacances pour les jeunes de 12 à 18 ans. dénommé (...)
Les enfants ont appris qu’il y a en général 4 types d’entreprises : les entreprises privées, les entreprises publiques, les entreprises d’économie (...)
« L’université virtuelle va lancer ses premières offres de formation à la rentrée 2020/2021 » foi de son chargé de mission. Professeur titulaire en (...)
Le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alkassoum Maïga a procédé à la remise officielle (...)
Krita est l’une des références en matière de logiciel libre de dessin sous Windows. Il est complet, performant et simple à prendre en main. Un (...)

Recherche

Nous suivre

Nos dernières actualités sur les réseaux sociaux


S'abonner à la newsletter

Partenaires