E-gouvernance
Les ordinateurs souvent obsolètes sont envoyés dans les pays sous-développés sous forme de dons ou simplement de marchandises. L’Europe, l’Amérique... les pays développés ont trouvé un dépotoir pour le matériel électronique usagé : l’Afrique.
Matériel électroménager, matériel roulant, matériel informatique de seconde vie sont envoyés en Afrique. A l’instar des autres objets désignés sous le nom « France au revoir », le matériel informatique, bien emballé conduit dans les pays pauvres, est souvent hors d’usage, bon pour la poubelle. Ainsi, le continent le moins équipé en matériel informatique est en passe de devenir le plus pollué par ce phénomène.
De véritables ordures destinées à la casse sont ainsi parquées dans des containers pour les pays du Sud.Ces ordinateurs sont souvent le fruit de la coopération entre associations, ONG... Des techniciens du domaine sont sollicités pour tester la qualité de ces objets de seconde main ; souvent, c’est la désolation.
Le coordonnateur du Burkina NTIC, Sylvestre Ouédraogo : « Les pays africains doivent penser aux stratégies judicieuses et adéquates pour notre intégration dans le village planétaire ».
« Nous sommes un centre de formation en informatique sollicité fréquemment par des entreprises et des organisations afin de vérifier les différents dons de matériel informatique acquis dans le cadre des coopérations centralisées ou décentralisées.
Cependant, on remarque souvent que l’ensemble des instruments reçus sont hors d’usage, ordinateurs troués, gâtés », a souligné le coordonnateur du Burkina NTIC, Sylvestre Ouédraogo. Aussi, certains commerçants fouillent dans des dépotoirs, récupèrent du matériel informatique et les importent au Burkina où ils ne peuvent pas être réutilisés. Parmi les pays africains, le Nigeria semble être le pays le plus touché par ce phénomène.
Selon une organisation internationale, Basel Nation Network (BAN) qui oeuvre dans la lutte contre le « commerce toxique » à l’échelle mondiale, cinq cents (500) containers de matériel informatique d’occasion arrivent chaque mois au Nigeria.
Dans les pays développés, la collecte de ces objets d’occasion se fait souvent par des associations dont le but est d’aider à réduire la fracture numérique. Un technicien qui a voulu garder l’anonymat témoigne qu’un « commerçant burkinabé a importé un grand lot de matériel informatique d’occasion récupéré dans des poubelles américaines dont tout était hors d’usage ». Affaire florissante du moment, des entreprises se jettent dans l’importation de matériel informatique. Cependant, des déchets se rencontrent beaucoup plus dans des dons de matériel.
Une importation pleine de conséquences
Mme Catherine Ouédraogo- Besseau de l’entreprise Contact Buro est pionnière dans la vente et la maintenance de matériel informatique au Burkina. Elle a expliqué que son matériel informatique provient de grandes sociétés comme France Telecom, les banques françaises, Bouygues qui renouvellent leur parc informatique. « Je trie les déchets. Tout ce qui est mis sur le marché est de bonne qualité », a -t -elle lancé. Le matériel informatique obsolète cause pas mal de problèmes aux pays dépotoirs.
Au Nigeria, selon le constat de Basel Action Network, 75% du matériel de seconde main envoyé est inutilisable et est détruit dans des conditions nocives pour la santé des populations vivant à proximité des décharges. Selon un professeur de chimie à l’université d’Ibadan au Nigeria, Oladele Osibanjo, les substances chimiques qui émanent de la destruction du matériel informatique « peuvent provoquer des avortements chez les femmes enceintes qui vivent près des décharges » .
Une solution à la fracture numérique
Aussi, les nappes phréatiques sont contaminées par les déchets nocifs, ce qui, à terme constitue une véritable catastrophe pour la santé publique. De nombreux décideurs occidentaux ou acteurs de développement continuent d’estimer que le matériel de seconde main envoyé en Afrique est utile au développement des pays du tiers monde.
La fracture numérique fait allusion à la fracture sociale, la disparité entre riches et pauvres. Selon l’informaticien Dr Sylvestre Ouédraogo, la fracture numérique signifie que même dans le « village planétaire » , on assiste au fait que les pays du Nord plus riches sont, en matière de technologie,plus développés que ceux du
Le matériel informatique de seconde main est proposé comme solution à la fracture numérique.
Sud plus pauvres. Pour lui, le matériel informatique de seconde main peut être une solution à la fracture numérique.
Cependant, il faudrait que l’Afrique se dise que le numérique est une source de profit et d’accroissement de valeur ajoutée. Ainsi les pays africains, poursuit-il, doivent penser aux stratégies judicieuses et adéquates pour notre intégration au « village planétaire ». Autrement, l’Afrique achèterait beaucoup de matériel qui ne servirait à rien.
« L’Afrique doit créer ses propres industries d’ordinateurs comme en Europe. Au lieu de constituer un vaste marché pour les pays développés » a argumenté M. Ouédraoogo. Toutefois, on peut se demander pourquoi de nos jours les Occidentaux parlent de fracture numérique et n’en font pas cas dans les autres domaines comme ceux de l’automobile, de l’aviation...L’Afrique traditionnellement grande consommatrice doit maintenant produire.
Paru dans http://www.sidwaya.bf/dossier_informtique.htmBoureima SANGA
bsanga2003@yahoo.fr