E-gouvernance

Quand les Français se renforcent aux NTIC au Burkina.

Pour renforcer ses capacités, Innocent Sawadogo, Français d’origine Burkinabè est venu de France pour s’imprégner de l’expérience de l’association Yam-Pukri en matière de technologies de l’information et de la communication. A la fin de son stage de trois mois, il confie ses appréhensions, ses espoirs... Entretien.

Quel est le niveau d’étude de Innocent Sawadogo ?
J’ai trente ans. Je suis né au Burkina mais je n’ai pas eu la chance de vivre ici. Ma famille est partie très tôt pour la France et j’ai fait toutes mes études là-bas. Je suis revenu trois ans au Burkina en 1993 pour mes études. J’ai fréquenté le lycée au Zinda Kaboré pour passer un BAC littéraire puis, je suis reparti en France. C’est là-bas que je me suis lancé dans l’informatique en commençant par une formation en maintenance informatique. Au sortir de la formation, j’ai travaillé pendant deux ans, tout d’abord comme technicien informatique, puis je suis passé rapidement administrateur système/réseau. Au bout de deux ans, j’ai eu envie de faire une pause puis pour acquérir de nouvelles compétences en informatique. Je suis venu passer deux mois au Burkina. Ces vacances m’ont plu. En rentrant, j’ai suivi une formation de gestionnaire de ressources informatique. Cette formation, que j’ai commencé au mois de janvier m’a conduit à Yam-Pukri pour la période d’application en entreprise. Mon stage ici a duré trois mois et bientôt, je repars pour la France.

Quelle est l’essence de ce stage de trois mois que vous suivez à Yam Pukri ?

Le stage que je fais est un stage qui doit m’amener à pouvoir assurer l’administration et l’exploitation de toutes les ressources informatiques en réseau local. J’avais le choix entre le faire en France ou ici. Et j’ai choisi de venir au Burkina car j’avais envie de découvrir le pays. Au cours de ce stage, j’ai beaucoup appris. C’est un travail complètement différent de celui que j’ai effectué en France. Ici, on est beaucoup plus proche des gens, de leur réalité et des besoins réels de la population. On s’attache a faire le plus possible avec les moyens qu’on a.

Pourquoi choisir de faire un stage dans un pays sous développé comme le Burkina à peine équipé au moment où un grand nombre de jeunes désirent faire leur formation en Europe où dit-on les entreprises disposent de tous les équipements ?
J’ai travaillé deux ans en France. J’ai vu ce que c’était que le travail là-bas, ce que représente l’informatique, comment se passait le monde du travail. Sur un plan purement personnel, cela ne m’a pas beaucoup plu quand bien même l’informatique est ma passion. Pour moi, le cadre dans lequel on exerce son métier est aussi important, voir plus que le métier lui-même. Je ressentais le besoin de me sentir utile dans le travail que je faisais, de communiquer quelque chose aux autres. En France, on peut travailler dans une société et ne rien apporter a la communauté. En faisant le stage ici, je sais que j’apporte un peu à Yam Pukri, au Burkina et aux techniciens qui sont déjà ici.

Concrètement, en quoi a consisté le stage à Yam Pukri ?

Dans sa dynamique, Yam Pukri a l’intention d’ouvrir bientôt un nouveau centre de formation pour permettre aux personnes de se former a distance. J’ai installé avec l’aide des techniciens déjà présents le réseau local dans ces nouveaux locaux. J’ai également installé des postes, fais du dépannage et de la maintenance informatiques, formé les techniciens à la maintenance et à l’administration réseau.

Les TIC peuvent contribuer au développement du Burkina : Qu’est ce qui sous-tend cette assertion très souvent entendue pour vous qui êtes dans le domaine ?

Je pense que les nouvelles technologies sont un vecteur de développement important. Le développement d’un pays comme le Burkina, totalement enclavé, passera par les TIC, par la vente de nos connaissances, de notre capacité de travail, de notre capacité à innover. Le potentiel est là, il ne reste plus qu’a l’exploiter. Des pays comme l’Inde ou le Pakistan ont basé une partie de leur développement sur les TIC (la saisie, le développement d’application et de sites Web des pays industrialisés est sous traité dans ces deux pays). Le Burkina peut proposer les mêmes services.
Internet est également un outil de communication, une base de connaissance gigantesque et un média d’information puissante qui peut nous permettre d’accéder a un savoir sans limite

Quel est cet aspect que l’on peut développer pour permettre l’émergence du Burkina ?

Pour moi, le développement et l’avancée technologique est plus une question d’état d’esprit d’envie, de désir et de motivation, qu’une question de moyen . Ce qui est important, c’est de former les personnes, de les éduquer, de les orienter et de les motiver pour qu’ils aient envi de s’en sortir par eux même. En fait, c’est un mouvement global de la population et non une question individuelle. Il faut tous s’y mettre si on veut que le pays s’en sorte. C’est aux hommes qui ont le pouvoir de changer les choses de montrer l’exemple, de donner cette impulsion là. Aux individus par la suite de donner de leurs expériences, de poser leurs pierres aussi petites soient elles pour faire avancer les choses.

Dans le cadre de votre stage à Yam Pukri, qu’est ce qui vous a plu et déplu ?

Ce qui m’a plu c’est de travailler pour une association qui œuvre réellement pour l’accès des personnes défavorisées aux TIC et de sentir que mon travail sert à quelque chose. J’ai rencontré également des personnes chaleureuses, qui ont envie d’apprendre, qui sont curieuses et cela est valorisant pour moi. Ce qui est décevant, c’est cette pauvreté ambiante, de sentir qu’il y a énormément de choses à faire, qu’il suffirait de peu pour que les choses changent. Les choses n’avancent pas aussi vite que l’on le voudrait.

Après Yam Pukri, quelles perspectives pour Innocent Sawadogo ?

J’ai un examen professionnel à passer mi-septembre en France.
J’ai l’intention de vite revenir au Burkina pour travailler dans le domaine des services informatiques. Je continuerai à prêter main forte à Yam Pukri mon domaine de compétence.
J’ai commencé à réfléchir et voir ce que l’on peut faire pour l’implantation des TIC, à l’accès des populations les plus démunies à L’Internet. C’est un défi beaucoup plus intéressant que de rester en Europe apporter à des gens qui ont déjà beaucoup.

Entretien réalisé par Ramata Soré

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