La plupart des étudiants burkinabè bénéficient d’assistance financière de l’Etat (bourse, aide ou prêt FONER). Malheureusement, les paiements sont irréguliers et mal répartis dans le temps. En ce qui concerne l’aide ou le prêt FONER, le dernier paiement de l’année se situe dans le mois de juin ou juillet et le premier de la rentrée suivante en décembre au mieux des cas. Pourtant, l’étudiant doit faire face à des charges diverses (frais d’inscription, photocopies de cours, tickets de restauration, etc.). C’est dans le but d’atténuer ce calvaire, tout en faisant du business, que l’entreprise Deskom a institué le « school pack » pour les locataires du campus de Zogona.

Ce pack contient : la prise en charge des frais d’inscription, de photocopies, de quelques ordonnances et frais de consultation, de tickets de restauration, de téléphones portables, de crédit de communication, de clés USB, d’équipement en matériels électroménagers... A crédit bien entendu. Il s’agit de prêts dont les remboursements sont effectués sur les différentes tranches de l’aide ou du prêt FONER. Les prélèvements sont directement opérés par le FONER pour l’entreprise Deskom. Mais, « nous nous arrangeons pour que les montants retenus n’excèdent pas le tiers du montant de la tranche allouée », précise Raphael Tony, DG Deskom, société initiatrice du school pack.

Pour le remboursement, on ne parlera pas de taux d’intérêt pour les prêts octroyés aux étudiants mais de coût du service dont les frais sont de 2000f pour l’étude du dossier du pack inscription qui est incontestablement le plus prisé par les bénéficiaires. En mi-mai 2011, plus de 1 000 étudiants ont pu payer leurs frais de scolarité grâce à l’opération pack inscription qui n’est pourtant pas encore terminée. D’ailleurs, les candidats au prêt se bousculent. A la première édition (2008/2009), ils n’étaient que 500 étudiants à bénéficier de ce service. A cause des préjugés et autres commérages qui entouraient l’initiative. « Pourtant, c’est quelque chose qui aide les étudiants à se mettre à l’abri en attendant », fait remarquer IK, un étudiant de 4e année à l’université de Ouagadougou.

Avec la crise en Côte d’Ivoire, ses parents qui y vivent, ne peuvent lui envoyer de l’argent. Il a donc fait recours à ce service grâce auquel il a pu s’inscrire et s’acheter des tickets RU (restauration). « Donc, le « boileau » peut continuer », affirme-t-il avec un sourire qui en dit long. Bien que satisfait du coût du service qui est de 2000f, il ne manque pas de suggestions pour améliorer le service afin d’atténuer la galère des étudiants. L’ordre dans la structure, les longs rangs, le montant des crédits alloués, IK souhaite que ces aspects soient revus. Un partenariat solide s’est donc tissé entre le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER) et la société Deskom.

Par broadcasting ou par SMS personnalisés, la seconde informe les étudiants sur tout ce qui concerne le FONER. Chaque étudiant reçoit par SMS les dates de dépôt des dossiers, son numéro de paiement, les jours de paiement… Le FONER, quand à lui, se charge de prélever les sommes que l’étudiant doit à cette structure. Un partenariat gagnant-gagnant.

Ils sont de plus en plus nombreux ces étudiants à se tourner vers cette structure pour assurer leur inscription. La condition qui vaille, c’est d’être potentiellement bénéficiaire de l’aide et du prêt FONER et de manifester l’intérêt en déposant une demande auprès de cette société, au départ spécialisée dans les solutions GSM. Aujourd’hui, le school pack est en train de prendre le dessus dans ses activités d’informatique. Après, les étudiants de Ouagadougou et de Ouaga II, ceux de Koudougou devraient aussi en profiter dès cette année. Les étudiants de Bobo, quant à eux devront attendre la rentrée 2011-2012.

La difficulté majeure reste la mobilisation des ressources financières. Les frais d’inscription dans les universités publiques du Burkina sont de 15 000F par étudiant. Il faut au moins 15 000 000F pour soutenir l’inscription de 1 000 étudiants. Ils sont pourtant environ 35 000 étudiants potentiellement intéressés. Lorsqu’il s’agit du financement des étudiants, les banques sont réticentes. « Partout où on est passé, les banques nous disent : les étudiants ne sont pas fiables, vous allez vous faire rouler, comment vous allez rentrer dans vos fonds ? », confie le patron de Deskom qui est obligé de faire des pieds et des mains pour trouver cet argent afin de ne pas briser l’espoir de certains étudiants, qui, depuis trois ans ne comptent que sur ce prêt pour s’inscrire.

Pourtant, le taux de recouvrement des créances atteint 99%. « Il arrive même que des étudiants de très bonne volonté viennent d’eux-mêmes rembourser ce qu’ils avaient contracté, lorsque le FONER omet de faire la soustraction », se réjoui Sinary Tony, le gestionnaire du bureau School Pack de Zogona.

Malgré tout, jusque là, une seule banque accompagne cette initiative que les étudiants que nous avons rencontrés ne cessent de louer. Heureusement, l’accompagnement est continu et progressif. « Ce que Coris Bank nous a donné en 2008-2009 n’a rien à voir avec ce qu’elle nous a donné cette année », précise Raphael Tony.

D’autres articles sont également mis à la disposition des étudiants. A crédit bien sûr. Ce sont entre autres des téléphones portables, des tickets de restauration, des clés USB, l’abonnement pour des photocopies, des matériaux de ménage (bouteille de gaz, foyer, matelas), etc.

Moussa Diallo

Lefaso.net