E-gouvernance

Telecel Faso : Votre opérateur est présentement inaccessible… Veuillez attendre qu’il paye ses redevances

Les abonnés de l’opérateur de téléphonie mobile Telecel Faso sont injoignables depuis le mardi 25 mai 2010. « Réseau occupé », « Hors connexion », « Impossible de se connecter », sont, entre autres, les messages qui s’affichent en guise de réponse quand vous tentez de joindre un correspondant sur ce réseau. La raison, une sanction du gouvernement contre Telecel pour non-paiement, dans les délais, des redevances de sa licence d’exploitation.

« C’est l’application pure et simple des dispositions législatives et réglementaires existantes en matière de communication électronique qui a été faite. Au regard des textes en vigueur, depuis le 24 mai à 0h, Telecel Faso n’est plus titulaire d’une licence d’exploitation d’un réseau de télécommunications au Burkina Faso jusqu’à nouvel ordre », explique le directeur de la Régulation des marchés fixe et mobile de l’Autorité de régulation des communications électroniques (ARCE), Sibiri Ouattara, que nous avons rencontré hier dans la matinée.

« Par décret n°2010-215/PRES/PM/MEF/MPTIC du 30 avril 2010 portant fixation des modalités d’acquisition des licences de réseaux fixe, mobile et d’Internet, le gouvernement a fixé les modalités relatives à l’acquisition des nouvelles licences. La redevance de renouvellement a été fixée par le même décret à la valeur de 26 330 270 000 FCFA. En rappel, les autorisations attribuées par le gouvernement au mois de mai 2000 arrivent à expiration aux dates suivantes :
- Telecel Faso : le 24 mai 2010 ;
- Celtel Burkina Faso : le 29 mai 2010.

Ces deux (02) opérateurs ne disposent plus que de quelques jours pour régulariser leur situation vis-à-vis des décisions du gouvernement et de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques (ARCE). Passé les délais mentionnés ci-dessus, ces opérateurs ne disposeront plus de titre légal pour exploiter au Burkina Faso. Le gouvernement et l’ARCE sont fondés à leur interdire l’exploitation de leurs réseaux respectifs. Ce qui les expose à l’interruption de leur réseau conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur au Burkina Faso et les rendrait entièrement responsables des éventuels désagréments que leurs abonnés pourraient subir.

Les nouvelles licences qui seront bientôt attribuées sont des licences globales permettant d’établir des réseaux fixe, mobile et de l’Internet, contrairement à 2000 où les opérateurs n’étaient autorisés qu’à faire du mobile. Les cahiers des charges qui accompagnent ces licences, élaborés en étroite collaboration entre les opérateurs et le Régulateur, ont été paraphés en toute connaissance de cause par les différentes parties. »

C’est là, in extenso, le communiqué de presse relatif au processus de renouvellement des licences des opérateurs de télécommunications, signé du président de l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques (ARCE), Mathurin Bako. C’est donc en application des dispositions contenues dans cette adresse que le réseau Telecel est coupé depuis le 25 mai 2010. Confirmation du directeur de la Régulation des marchés fixe et mobile de l’ARCE, Sibiri Ouattara, que nous avons rencontré hier dans la matinée, selon qui l’arrêt du signal Telecel est dû au fait que les conditions posées par le gouvernement n’ont pas été satisfaites par l’opérateur.

« C’est la suite logique de tout ce que nous avons entrepris comme campagne de communication jusque-là. C’est l’application pure et simple des dispositions législatives et réglementaires existantes en matière de communication électronique qui a été faite. Au regard des textes en vigueur, depuis le 24 mai à 0h, Telecel Faso n’est plus titulaire d’une licence d’exploitation d’un réseau de télécommunications au Burkina Faso jusqu’à nouvel ordre.

Les conditions posées par le gouvernement, notamment le paiement de la redevance fixée à 26 330 270 000 FCFA, n’ont pas été satisfaites, si bien que l’arrêt du réseau a été décidé, le temps que l’opérateur se conforme aux dispositions fixées pour voir l’établissement et l’exploitation du réseau continuer. » A en croire Sibiri Ouattara, ils n’avaient pas encore eu de retour de la part de l’opérateur [NDLR : l’interview a été réalisé le 25 mai à midi]. « Comme il s’agit d’une condition posée, tant qu’elle n’est pas remplie, en principe, les choses restent en l’état », précise-t-il. Le malheur des uns fait le bonheur des autres

L’échéance de Celtel est fixée au 29 mai et celle de Telmob est en discussion, car ce réseau bénéficiait, avant sa privatisation d’une licence d’exploitation, jusqu’à 2016 qui doit être renouvelée en même temps que celles des autres. Pour le directeur de la Régulation des marchés fixe et mobile de l’ARCE, c’est un signal fort à l’endroit des autres opérateurs à plus de diligence dans le respect des conditions posées pour le renouvellement de leurs licences : « Le 1er en termes de délais d’expiration des autorisations a connu le sort que nous connaissons, mais nous avons bon espoir que chacun fera de son mieux pour se conformer à la réglementation en vigueur. »

Au siège de Telecel Faso, le communiqué de presse (lire page 5) signé de la direction générale est placardé sur les vitres. Pourtant, au niveau de la direction, on refuse de se prononcer sur la situation à travers les hommes de média. « Pas de commentaires pour l’instant ! On vous fera tout de suite appel dès que les choses se débloquent ! » disent ceux qui sont chargés de la communication de l’entreprise. Devant le siège, les vendeurs de cartes de recharge, eux, s’improvisent en agents de la compagnie pour expliquer la situation aux clients qui, venant pour comprendre au siège, trouvent les grilles baissées. L’un d’entre eux range des kits de connexion et des cartes de recharge de couleur bleu et blanc dans son petit sac noir qu’il porte en bandoulière. « Ce sont des kits et des cartes Telecel, nous confie ce dernier, surnommé « Petit » Issa. Ce n’est même pas la peine d’espérer en vendre jusqu’à ce que le problème soit résolu. Moi-même, j’ai peur que ceux qui en ont payé avec moi le matin avant qu’on ne coupe ne reviennent pour reprendre leur argent. » Pour l’heure, ce sont les recharges des autres opérateurs qui marchent chez lui, car ces derniers ont, comme par hasard, tous deux lancés une campagne de bonus.

Ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres ? Les abonnés Telecel, eux, ne cachent pas leur colère au regard de l’ampleur des désagréments subis. Sous le couvert de l’anonymat, l’un d’eux déverse son ire : « Je suis en colère ! J’ai été stupéfait de constater que je ne pouvais joindre mes correspondants ce matin jusqu’à ce qu’un de mes amis m’appelle sur un autre réseau pour m’informer que c’est l’ARCE qui a mis en application sa menace. Ma colère s’est décuplée parce que c’est d’énormes désagréments que je subis.

J’ai mille et une choses à faire en ce moment, il y a des étrangers qui doivent me contacter et d’une minute à l’autre, je suis hors réseau. Vous savez, il y a à peine 15 ans, on ne connaissait pas ces engins (les téléphones portables), mais aujourd’hui on ne peut plus s’en passer. Il y a un manque de sérieux dans cette affaire. Il y a deux cas de figure : ou bien Telecel n’a pas les moyens de payer sa redevance, et c’est grave, ou bien il a les moyens de payer mais refuse de le faire, et c’est tout aussi grave. Je me dis que cette décision n’a pas pu être prise sur un coup de tête. J’imagine qu’il y a eu des tractations, des rappels à l’ordre et même des coups de semonce avant que la sanction ne tombe.

Je pense que les sociétés de téléphonie mobile ne font pas de la charité chrétienne mais du business. Ils font des affaires, et de belles, donc c’est normal qu’ils payent quelque chose à l’Etat. Je suis même tenté de dire que Telecel Faso doit nous payer, à nous les abonnés, des dommages et intérêts pour le préjudice subi. On ne sait même pas jusqu’à quand ça va durer. Et il paraît que les autres ont une semaine. Alors, moi, j’ai peur qu’on ne se retrouve sans réseau à la longue. » Plus que le mécontentement de ses abonnés, on se doute bien que c’est l’image même de Telecel qui se trouve sérieusement écornée par cette suspension. Reste à espérer un dénouement heureux dans les plus brefs délais pour le bonheur de tous.

Hyacinthe Sanou

L’Observateur Paalga

Dans la même rubrique

Dans d'autres rubriques

Repensez les politiques de développement et traduisez-les en pratiques efficaces Explorez certains des défis les plus urgents en matière de (...)
Vous êtes un professionnel du développement (privé, Etat ou ONG) ? Vous avez une formation universitaire (minimum de 3 ans) et plusieurs années (...)
Par : Sylvestre Ouédraogo Directeur Régional Institut Panafricain pour le développement, Afrique de l’Ouest et du Sahel Président de yam-pukri.org (...)
AVIS DE FORMATION EXECUTIVE MASTER EN POLITIQUES ET PRATIQUES DU DEVELOPPEMENT (DPP) L’Institut des Hautes Etudes Internationales et du (...)
Comme à l’accoutumée, cela fait maintenant 11 ans que l’association Yam-pukri organise un camp vacances pour les jeunes de 12 à 18 ans. dénommé (...)
Les enfants ont appris qu’il y a en général 4 types d’entreprises : les entreprises privées, les entreprises publiques, les entreprises d’économie (...)
« L’université virtuelle va lancer ses premières offres de formation à la rentrée 2020/2021 » foi de son chargé de mission. Professeur titulaire en (...)
Le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alkassoum Maïga a procédé à la remise officielle (...)
Krita est l’une des références en matière de logiciel libre de dessin sous Windows. Il est complet, performant et simple à prendre en main. Un (...)

Recherche

Nous suivre

Nos dernières actualités sur les réseaux sociaux


S'abonner à la newsletter

Partenaires