E-gouvernance
Internet et défense de la diversité culturelle dans l’espace francophone.
Du 29 au 1er octobre 2005, s’est tenu à Ouagadougou, les deuxièmes universités africaines de la communication( UACO). Selon les promoteurs, les UACO constituent pour l’Afrique au Sud du Sahara, le premier forum régulier ou les spécialistes et les acteurs du monde de la communication se rencontrent autour d’un thème d’actualité pour échanger leur expériences et dégager éventuellement des perspectives pour le secteur.
Les travaux de cette deuxième édition se sont déroulés sous le thème : « Médias francophones et mondialisation : quelles stratégies pour la sauvegarde de la diversité culturelle ? ».
Si la première édition tenue en septembre 2004 s’était articulé autour des défis induits par la révolution et les mutations technologiques sur les médias francophones, cette année aussi, les nouvelles technologies et particulièrement l’Internet sont restés au cœur des changements.
Les travaux se sont déroulés en panel autour des quatre thèmes suivants : « Médias, éthique, déontologie et nouveaux enjeux » ; « le cinéma et le théâtre comme vecteur sur la diversité culturelle » ; « Média de service public et la convention sur la diversité culturelle » , et enfin « Internet, nouveau médias et diversité culturelle ».
Aujourd’hui, vitrine du monde, l’Internet est à l’heure actuelle l’un des plus puissants vecteurs de la culture. En rapprochant les traditions et les cultures les plus éloignées et les plus étrangères, les NTIC les ont placé en concurrence et cette concurrence a immédiatement été profitable aux plus puissants et périlleuse pour les faibles, a souligné Hervé Borges, Président de l’union internationale de la presse Francophone, dans son intervention intitulé « nouveaux média et diversités culturelles : l’enjeu de la francophonie »
Les pays ou les peuples qui ne s’approprieront pas ces moyens ont peu de chance de figurer dans la vitrine culturelle du monde.
Comment faire face à la différence du niveau de potentiel technologique, éviter le diktat d’une culture et d’une civilisation sur les autres ? se demande Luc Adolphe Tiao, président du Conseil supérieur de la communication et Président des UACO. Selon lui, même si les premières manifestations de la mondialisation ont d’abord été perçues sous l’angle économique, avant de se révéler dans sa dimension culturelle, aujourd’hui, cette dimension culturelle se veut être la plus déterminante, en ce qu’elle va conditionner l’harmonie dans la cohabitation entre tous les peuples du monde.
La place du français sur Internet, malgré sa progression récente, est encore inférieure à 5%, devancée par l’anglais 50%, le Japonais 8% l’allemand 7%, l’espagnol 7%, le Chinois 6% a souligné Jacques Barrat, Directeur de l’Institut français de presse chargé du département géopolitique, média et diversité cultuelle dans sa communication sur le thème centrale. Tout cela montre que la francophonie ne diffuse pas assez sur Internet des produits tels que livres, disques, CD-Rom, et l’anglais règne sans partage sur les sites commerciaux.
Il semble que les pays francophones aient pris tardivement conscience des bouleversements produits par la progression du rôle des NTIC. Même si, force est de constater que pratiquement tous les pays francophones même les plus pauvres ont mis en place des structures de suivi des NTIC et définie des stratégies nationales pour leur implantation et leur développement.
Dans un contexte ou les processus croisés de déréglementation et d’innovations conduisent à des stratégies mondiales qui ne expriment qu’en terme de marché et de valeur mondiale, veiller à ce que la dynamique de l’innovation introduite par l’Internet ne masque pas totalement les valeurs qui s’attachent à l’information était au centre des préoccupations de Jean Miot, Chroniqueur au Figaro et président du prix de l’humour politique.
A travers le thème « La presse et le net : outils de la civilisation » il a souligné qu’avec l’apparition des Blog, les journalistes risquent de perdre l’exclusivité de l’information car tout le monde peut fournir le réseau en informations, et tout le monde pense qu’il peut être journaliste. « La technologie met à la portée de tout un chacun la capacité de recueillir, de publier, de diffuser à travers le monde des images et des opinions » renchérit t-il.
Désormais avec des téléphones portables munis d’appareil photo, voir de caméra numérique chacun peut envoyer des images sur l’actualité c’est ainsi que le Tsunami, les attentats de Londres ont été filmé par des amateurs.
De plus en plus des journalistes deviennent des blogeurs et des blogeurs deviennent journalistes.
Les différents intervenants ont donc plaidé pour une certaine réglementation de l’information, car le net, dans la diversité de ses acteurs, peut devenir un redoutable vecteur de désinformation où la raison du plus fort sera la meilleure.
Roukiattou Ouédraogo, Burkina-ntic