Vie du réseau

« L’Oeil des Parents » Une interf@ce de communication pour dévoiler l’école

Offrir aux parents d’élèves une interface de suivi des activités scolaires de leurs enfants grâce à Internet. Tel est le challenge innovateur que Assistance informatique (Asinfor), une jeune association burkinabè, a lancé en 2003 pour établir une passerelle entre les établissements secondaires et les foyers. L’initiative vient de faire ses preuves au cours des années académiques 2003-2004 et 2004-2005 au Lycée de la Jeunesse à Ouagadougou. Objectif de ses promoteurs : conquérir progressivement l’ensemble des lycées et collèges des capitales politique et économique du Burkina Faso, et toute la sous région ouest africaine.

www.asinfor.zcp.bf: à partir de cette modeste fenêtre, Emmanuel Sanou et Pascal Ouédraogo, deux jeunes Burkinabè passionnés de Technologies de l’information et de la communication (TIC), ont pris le pari de décloisonner les frontières traditionnelles qui séparent l’école de la famille. Ils lancent en effet de nouvelles opportunités d’affaires dans ce vaste chantier de développement que constitue la promotion des Technologies de l’information et de la communication (Ntic) en milieu scolaire.

Au commencement était la Cyber-Classe
Pour en arriver-là, il a fallu que les chemins des « géniteurs » se croisent au cours de l’année scolaire 2002-2003. Emmanuel Sanou, alors informaticien maintenancier et enseignant, a exposé au directeur général du fournisseur d’accès Internet www.zcp.bf l’idée de création d’une interface éducative dénommée « Cyber-Classe ». Un projet qui permettrait aux élèves, étudiants et professionnels en rupture avec le monde scolaire et universitaire de recevoir des cours par Internet. Pascal Ouédraogo était, lui, Analyste-Programmeur à ZCP. Son patron l’a mis dans le coup. Non pas pour participer en tant que tel à la réalisation du projet, mais pour donner un coup de main technique. Très vite, les deux jeunes gens sont devenus des associés.
Dès la mise en œuvre du projet, les difficultés n’ont pas manqué. Tout à leur enthousiasme, les deux associés ont négligé l’étape nécessaire du sondage et l’étude du marché ainsi que la détermination des facteurs économiques et sociaux. Selon leurs estimations, chaque adhérent de la Cyber-classe devait débourser en moyenne 45.000 F CFA pour supporter les dépenses incompressibles de connexion à Internet, d’impression des différents cours, etc. Ce qui était objectivement trop cher pour des élèves et étudiants qui devaient se débrouiller pour assurer leur formation.

« L’Oeil des Parents » sur les cendres de Cyber-Classe
Par ailleurs, pour motiver les enseignants associés au projet et optimiser leur concours, il fallait un nombre important d’inscrits. Or, sans subvention conséquence, Cyber-Classe ne pouvait visiblement pas remplir son contrat. Tous ces facteurs combinés ont amené Asinfor à conclure que le projet Cyber-Classe constitue en lui-même de la « bonne graine, mais l’environnement économique n’était pas favorable pour le faire fructifier comme il se devait ». La pilule a été dure à avaler. Mais les deux jeunes hommes n’ont pas pour autant cédé au découragement. Mieux, sur les cendres de la Cyber-Classe, ils sèmeront la graine de « L’Oeil des Parents ».
En observant les quelques recrues de la Cyber-Classe qui venaient perdre le temps au siège du projet au secteur 9 de Ouagadougou, Pascal et Emmanuel vont prendre conscience du phénomène d’école buissonnière. Des discussions et échanges qu’ils ont engagés avec les élèves qui venaient « tuer le temps » chez eux, jaillira l’idée d’inventer un système de communication susceptible de permettre aux parents de savoir un tant soit peu ce qui se passe dans l’école où ils ont inscrit leur enfant.
La trouvaille n’était pas du goût de leurs petits camarades. Mais à défaut de faire profiter des TIC aux élèves, Asinfor voulait néanmoins ne pas trop s’éloigner de son objectif originaire, celui de promouvoir ces technologies dans les lycées et collèges du Burkina Faso. Ainsi, Pascal et Emmanuel conçurent-ils « L’Oeil des Parents ».

Une communication révolutionnaire
Selon ses termes de référence, « L’Oeil des Parents est un système de communication entre un parent d’élève et un établissement d’enseignement. Il permet à un parent d’être informé à temps sur le travail scolaire de son enfant ».
Plus concrètement, Asinfor offre aux parents ou tuteurs d’un élève régulièrement inscrit dans un lycée ou collège, l’opportunité de consulter sur le site www.asinfor.zcp.bf, le relevé d’assiduité à l’école, les programmes des cours, des devoirs, les activités culturelles et sportives, les délibérations de l’Association des parents d’élèves (APE) et toutes autres informations utiles sur le comportement de l’élève et sur la vie de l’école. Tout cela contre la modique contribution annuelle de 2000 F CFA par élève. Cette participation confère au parent un code et un mot de passe pour accéder en toute confidentialité au site.
L’objectif de ce système d’information et de communication est de permettre aux parents de suivre régulièrement les performances et les éventuelles défaillances de leurs enfants afin d’y remédier à temps et d’éviter les surprises désagréables des fins d’années scolaires. En établissant ainsi une passerelle virtuelle entre le parent et l’école, « l’œil » comble le déficit de communication, souvent préjudiciable au suivi des activités scolaires, et décloisonne ainsi le lycée et le collège.
Ainsi, même lorsqu’il est en voyage ou réside à l’étranger, le parent n’a plus d’excuse pour se plaindre de la sanction que l’établissement viendrait à infliger à son enfant. Le bureau de l’Association des parents d’élèves trouve également dans ce formidable canal d’informations, un moyen génial pour convoquer ses réunions ou diffuser des informations sur ses activités. Incontestablement, « L’Oeil des parents » crée une révolution dans les rapports entre l’école et la maison, la famille et le foyer et va au-delà du service.

Des services au-delà de l’information
Une expérimentation du projet a été faite au cours des années académiques 2003-2004 et 2004-2005 au Lycée de la Jeunesse de Ouagadougou. Il ressort que les parents, l’administration de l’établissement, les enseignants et les autres acteurs ont fortement adhéré à cette merveilleuse initiative.
Dans cette école qui compte environ 700 élèves de la 6e à la Terminale en enseignement général et technique, l’Association des parents d’élèves a décidé d’adhérer systématiquement tous ses membres à « L’Oeil des parents » à travers un protocole d’accord. Ce qui a eu pour avantage d’amener Asinfor à lui concéder un tarif forfaitaire de 600.000 F CFA.
Pour l’année académique 2005-2006, Asinfor ajoute une nouvelle corde à son arc. Pour réconcilier « L’Oeil des Parents » avec les élèves, elle prévoit d’y introduire un module de téléchargement des devoirs de 5 établissements d’enseignement général et technique de Ouagadougou réputés pour la qualité de leur enseignement. Si les discussions engagées avec les chefs de ces établissements venaient à aboutir, tous les élèves du Burkina Faso et d’ailleurs pourront profiter des différents devoirs qui y seront proposés par un système d’échange en construction par Asinfor.
Anticipant sur les problèmes que pourrait engendrer son arsenal d’informations, Asinfor envisage de renforcer son comité directeur par des juristes, des psychologues, des conseillers pédagogiques ainsi elle pourra proposer aux parents des mesures d’accompagnement adéquates. Toujours à l’endroit des élèves et étudiants, Asinfor met en marche un concept d’album de Cursus Pro. Un système d’archivage de données sur des élèves de la même promotion en vue de leur permettre de ne pas se perdre de vue.
Par ailleurs, pour l’année prochaine, Asinfor propose à tous les établissements scolaires, une exploitation de son système d’information et de communication pour une contribution forfaitaire de 600.000 F CFA pour deux années scolaires. Cette offre comporte aussi la possibilité d’initiation des parents non encore initiés à l’outil informatique à la consultation et à l’envoi de message sur Internet en 3 jours pour une participation estimée entre 2.500 et 3000 F CFA auprès des cybercafés affiliés à Asinfor. Ainsi, en plus d’avoir l’œil sur le travail de son enfant, le parent d’élève peut également garder un œil sur tout ce qui se passe dans le monde grâce à la toile mondiale.

Un projet prometteur
Au fur et à mesure que le nombre d’établissements adhérents va s’accroître dans les prochaines années, Asinfor devra également impliquer d’autres compétences dans le processus de collecte de l’information et de son traitement. Quand on sait que la seule ville de Ouagadougou compte au moins 100 établissements secondaires, on peut affirmer que des opportunités d’affaires sont légion. Il suffit que les associés d’Asinfor sachent ouvrir l’œil et le bon. D’ores et déjà, ils visent, dans les 5 prochaines années, d’étaler la toile de « L’Oeil des Parents » sur toute l’étendue du territoire burkinabè et de mettre le cap sur l’Afrique de l’Ouest.
Il paraît tout à fait évident que si le projet se déroule normalement, il n’y pas de raison que « L’Oeil de Parents » devienne potentiellement un portail incontournable où vont nécessairement se bousculer les parents d’élèves, les administrateurs d’établissements secondaires, les multiples partenaires de l’éducation que sont les bailleurs de fonds, les associations de lutte contre les IST/Sida, les ONG, les décideurs, les acteurs culturels, les banques et autres commerces. Il ne restera plus qu’à ses promoteurs de s’appuyer sur cette puissante masse pour bâtir un véritable marché de l’information et de la communication.
En attendant, force est de reconnaître que Pascal Ouédraogo et Emmanuel Sanou, qui ont reçu leurs formations de base au Burkina Faso, ont enfoui dans la Terre des Hommes intègres un immense trésor. Preuve que les jeunes africains sont capables de s’approprier les Technologies de l’information et de la communication, pour non seulement les mettre au service du développement des institutions et des communautés, mais aussi d’en faire des moyens de création de nouvelles relations et d’emplois qui valorisent leur potentiel.

Koffi AMETEPE, Journal du Jeudi, Hebdomadaire satirique du Burkina

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