E-agriculture

Le paysan, l’agriculture et le Net à Léo : reportage

Comme il est d’habitude, les reporters de Burkina NTIC sillonnent le pays pour avoir une information fraîche sur les TIC de l’intérieur. Au délà des discours et des vœux, la réalité est souvent riche d’enseignement et nous oriente mieux dans notre devoir de partage de connaissances et d’informations sur les TIC.

Jour de marché à Léo
Vendeur de manioc
vendeuse de maïs grillé à Léo

Cette fois-ci, l’équipe de Burkina NTIC a fait une halte à Léo et à Boura.

Halte à Léo

Léo est le chef lieu de la Province de la Sissili. La province de la Sissili fait partie des quatres provinces qui constitue la région du Centre-Ouest (Kougougou). La province de la Sissili est peuplée de 183 107 habitants (INSD , 2003). Elle compte sept départements : Biéha, Boura, Léo, Nabielianayou, Niabouri, Silly, To. La Sissili est une province frontalière du Burkina Faso avec le Ghana. La population autochtone est gourounsi nouni. On y rencontre des migrants mossis, peulhs, ... . C’est une zone de production agricole. Une grande partie du ravitaillement de la ville de Ouagadougou en céréales, tubercules, légumes, ... vient de cette province.
Nous avons tout d’abord fait un arrêt dans un cyber café avec le nom prestigieux de Cyber Master Network.

Le cyber Master Network

Le Master Network est situé au côté Ouest du marché de Léo. Ce cyber est géré par Traoré Salifou. Pour Mr Traoré son cyber ne fait que du secrétariat public depuis plus de trois mois. Suite à des interruptions successives de connexion et la faiblesse du débit, il a préféré abandonner le volet Internet pour se consacrer uniquement au secrétariat et au télécentre. Pour Mr Traoré, c’est dommage qu’on n’oublie les villes secondaires en matière de communication au profit de Ouagadougou et de Bobo Dioulasso. Le Net est le moyen de communication le plus économique et il est alors regrettable que notre fournisseur Fasonet ne fasse rien pour améliorer la prestation de service avance t-il. Les clients du Master Network étaient des fonctionnaires qui venaient échanger avec leurs amis et leurs parents à Ouagadougou, ailleurs où à l’extérieur du pays. Avec 500 FCFA mes clients pouvaient lire et répondre à leurs courriers et faire des recherches. Aujourd’hui ces anciens clients pour certaines recherches aujourd’hui sont obligés d’attendre à la fin du mois pour le faire à Ouagadougou, distance de 170 Km de Léo. Pour des recherches urgentes surtout celles effectuées par certains enseignants du lycée ; ils sont obligés d’appeler leurs amis ou collègues de Ouagadougou".

Mr Zongo Ousmane est un ami de Traoré, il était assis devant le Master Network au moment de notre passage. Zongo et Traoré étaient en train de prendre du thé devant le Master Network, preuve que la clientèle ne se bouscule plus. Pour Zongo l’absence de cyber dans la ville constitue un manque à gagner pour nous. Depuis que la connexion est interrompue dans les cybers de Léo, je n’ai plus eu l’occasion d’ouvrir mon compte mail. Je me demande même si ma boîte n’a pas été fermée. Ce qui est regrettable c’est qu’on est plus informé. Sur le Net on avait accès à beaucoup d’information nationale et internationale au bout d’un clic. Je pouvais alors consulter les journaux du pays et certains journaux occidentaux sur le Net chaque jour et cela gratuitement. Mais aujourd’hui tout cela c’est de l’histoire ancienne. Nous souhaitons actuellement que les autorités du pays se penchent sur notre problème pour que nous puissions aussi avoir une connexion correcte à Léo.
Après ce climat morose, on passa alors à un autre cyber café au nom élogieux de Cyber PAPSIS.

Le cyber PAPSIS

Le Cyber PAPSIS, situé côté Est du marché est géré par Mlle Kady. Comme le Master Network le PAPSIS n’a plus de connexion Internet depuis plus de trois mois. Cela pour les mêmes causes (faiblesse du débit de connexion, interruption intempestive de connexion, ...). Dans ce cyber on compte reprendre les activités de connexion dans les jours à venir et pour cela une liste est ouverte depuis quelques jours pour les inscriptions à la formation sur l’Internet. Hâtez-vous car le nombre de place est limité.

Nous continuâmes donc en dehors de Léo pour faire un arrêt à Boura, encore plus en profondeur.

Une Vue du Cyber de Boura
les reporters de Burkina ntic à Boura

Boura, un Cyber au profit des paysans

La ville de Boura est une commune rurale de 26 347 habitants (INSD, 2003) depuis les élections du 23 avril 2006. Boura est située à l’Ouest de Léo sur l’axe Léo-Ouéssa-Diébougou à une Cinquantaine de Km de Léo. La Route Nationale 20 qui mène dans cette petite ville est en piteux état. Pour parcourir les 57 km, nous avions mis deux heures avec le véhicule personnel du président de la Fédération Professionnelle des producteurs Agricole de la Sissili(FEPPASI), Mr Joseph Dagano.

Mr Joseph Dagano est natif de Boura. Comme toutes les communes rurales du pays, Boura tire la majeure partie de son revenu de l’agriculture et de l’élevage. Dans cette commune rurale plus de 95% de la population travaille la terre en association avec l’élevage. Plus de 85% de la population de la commune est analphabète. Boura a un cybercafé qui fonctionne avec de l’énergie solaire.

A première vue on se demande à quoi pourrait servir un cybercafé dans cette commune rurale ? Pour les quelques fonctionnaires des services déconcentrés de l’Etat ? Ou un cyber pour orner la ville ?

Mr Dagano-à droite) en compagnie d’un agent d’agriculture

Mr Dagano
Mr Dagano est président de la Société Coopérative de Production Céréalière (SOCOPROC) et la FEPPASI. La FEPPASI regroupe Cinq unions des producteurs professionnels et une Coopérative (celle de Boura). Depuis 1997 suite au désengagement de l’Etat les producteurs n’avaient pas d’interlocuteur direct. C’est ainsi que les producteurs ont essayé de s’organiser. Les groupements qui existaient se sont unis pour donner des unions par départements. Le rôle des unions était de facilité l’accès aux intrants, facilité les formations et l’accès à l’information, ...C’est le regroupement des cinq unions et la coopérative de Boura qui a donné naissance à la fédération. La fédération (FEPPASI) est un cadre de concertation des unions et des coopératives des producteurs. La FEPPASI essaie de faire ce qu’on n’arrive pas à faire au niveau des unions et de la coopérative. C’est ainsi que la FEPPASI est arrivée à trouver des partenaires : la Coopération Suisse qui les appuie sur le plan financier, l’IICD (Institut International pour la Coopération et le Développement) qui les appuie dans l’accès aux TIC et l’INERA (Institut National de Environnement et de Recherche Agronomique) dans l’encadrement technique.

les paysans attentifs lors d’une formation avec l’INERA

Le rôle des partenaires

L’Institut International pour la Communication et le Développement (IICD) soutient la FEPPASI à travers le journal de la fédération, l’animation audio-visuelle (PowerPoint) dans les villages pour les campagnes de sensibilisation des itinéraires de production. Pour l’amélioration de la production, l’introduction de nouvelles semences, l’utilisation des intrants la FEPPASI utilise un ordinateur portable, un vidéo-projecteur pour animer, informer et sensibiliser les producteurs. C’est avec le soutien financier de l’IICD que la fédération a pu mettre en place un cybercafé à Biéha, Boura et au siège de la FEPPASI à Léo.

Le ministère de l’agriculture à travers l’Institut National de l’Environnement et de recherche agronomique (INERA) soutien la FEPPASI en mettant à sa disposition de nouvelles gammes de maïs créé. L’INERA assiste les producteurs dans la mise en œuvre des itinéraires de production. Cette année, la fédération expérimente deux variétés de maïs créé par l’INERA..


Pourquoi un cyber en milieu rural ?

Pour la création de cyber en milieu rural selon Mr Dagano c’est pour faire face au déficit d’information et de communication. Pour lui, certains commerçants véreux des grandes villes venaient tromper les paysans sur les prix des produits et des intrants agricoles. Aujourd’hui on ne peut plus venir tromper un paysan. Depuis que le cyber la SOCPROC existe à Boura, l’union est membre d’un groupe de discussion et d’échange avec d’autres unions et fédérations du pays et avec des partenaires extérieurs. En cas de besoin sur place dans cette commune rurale dans la Sissili profonde, le paysan arrive à contacter son collègue de Bobo, de Dédougou ou de Pouytenga pour avoir l’information vraie sur les céréales et intrants et cela en quelques minutes à moindre coût. La présence du cyber à Boura fait qu’on évite certains déplacements. Avant que le cyber de Boura ne soit effectif pour envoyer certains documents à la fédération à Léo ou à Ouagadougou, il fallait se déplacer. Ce qui engendre des coûts de carburant ou des frais transport, sans oublier l’effort physique, les frais de restauration une fois à Léo ou à Ouagadougou.

Visite de champ avec l’INERA

Ousmane Nazé
Ousmane Nazé est animateur endogène de la SOCOPROC et le gérant du cyber depuis sa création en mars 2005. Le coût de la connexion Internet est de 1000 FCFA l’heure. Pour toute personne qui vient dans le cyber Mr Nazé est chargé de vous donner une assistance. Pour lui, toutes catégories de personnes fréquentent le cyber (des paysans, des commerçants, et des fonctionnaires, des élèves).

Récolte de tubercules

Les fonctionnaires viennent voir des informations de leurs ministères, échanger avec leurs amis. Certains commerçants surtout le mécanicien de la ville fait des commandes de pièces détachées avec ses frères à Ouagadougou et Bobo qui les envoient par des transporteurs. Quant aux paysans c’est surtout des échanges avec la fédération et le groupe d’échange qu’ils viennent communiquer. Les paysans viennent surtout se renseigner sur le coût des intrants et des produits céréaliers sur les autres marchés du pays.

On constate donc une petite révolution dans la vie de ces ruraux grâce au désenclavement numérique. Il reste beaucoup à faire si nous savons qu’un seul fournisseur d’accès Internet (Fasonet) sur la dizaine que compte le Burkina couvre le territoire national tandis que les autres se concentrent sur la capitale Ouagadougou. En fait, pour une personne qui s’abonne à Fasonet, elle paie les frais de téléphone local plus un forfait par mois. En revanche, chez les autres providers, elle serait obligée de payer les frais de téléphone en fonction de la distance qui la sépare de son fournisseur plus les frais fixes d’abonnement.

Si celui ci est en dehors de Ouaga, les frais deviennent élevés d’où l’obligation de cantonner au seul opérateur historique. Il faut aussi souligner un manque d’information sur les autres fournisseurs de la part de la population. La bataille donc sur le marché de Ouagadougou est rude dans le service de providing et vide en dehors de la capitale.

Charles Dalla, Sociologue pour Burkina-ntic en compagnie de Dah Odilon et Benoit Ouédraogo

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