E-éducation

Les professeurs des Universités du Burkina Faso à l’école de l’enseignement à distance
Dans nos pays africains, les entraves à la promotion des TIC dans l’éducation sont multiples. Pour faire face à celles liées aux compétences techniques, l’Agence universitaire de la Francophonie, a mis en place dans le cadre de son Programme "Soutien des TICs pour le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche" un ensemble d’ateliers de formation intitulés "Transfer".

L’intégration des TIC dans l’enseignement connaît une expansion fulgurante ces dernières années. Dans nos pays africains, les entraves à sa promotion sont multiples.

Pour faire face à celles liées aux compétences techniques, l’Agence universitaire de la Francophonie, a mis en place dans le cadre de son Programme "Soutien des TICs pour le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche" un ensemble d’ateliers de formation intitulés "Transfer".

Ces ateliers de formation aident au déploiement dans les pays francophones du Sud et de l’Est, de la maîtrise des technologies de l’information et de la communication surtout dans le milieu universitaire.

« Création et gestion d’un enseignement ouvert et distant » tel est le thème de la dernière formation dont ont bénéficié des enseignants du supérieur et des responsables universitaires appelés à participer à la mise en place de dispositifs d’Enseignement à Distance au sein de l’université.
La formation a eu lieu du 25 au 29 septembre 2006 au Campus numérique de Ouagadougou. Elle a enregistré une vingtaine de participants venus du Niger, du Bénin et du Burkina Faso.

Sous la direction de Dr Loussaine Moughli, professeur a l’université Hassan II du Maroc, les participants ont passé au fin peigne le dispositif de l’enseignement à distance. Ils ont ensemble identifié les principaux acteurs, outils et problématiques impliqués dans un dispositif d’enseignement à distance.

Après en avoir identifié les composantes et assimilé les principes de fonctionnement, ils ont échangé autour de comment évoluer dans un environnement d’apprentissage virtuel et utiliser, à des fins d’apprentissage, les différents outils d’ACO LAD (agenda, chat, messageries instantanée et différée, partage de documents...). Autre aspect abordé, l’apprentissage collaboratif et l’encadrement à distance des apprenants, les exigences de la mise en ligne des contenus pédagogiques et de l’évaluation.

D’ici la fin de la formation chaque participant devrait pouvoir mettre en place un cours en ligne et décrire comment ils vont l’utiliser avec leurs étudiants. Mais aussi il s’agit pour nous de former les formateurs locaux pour qu’ils soient capable d’aider leurs étudiants dans la formation à distance qui a beaucoup d’avantage dans la pédagogie dira le Dr Moughli.

Aussi pour lui, on peut mettre en ligne des cours pour trois raisons. Premièrement on peut le faire pour compléter les cours présentiel. Deuxièmement pour aborder les thématiques qu’on a pas pu aborder en classe. Enfin on peut proposer aussi toute une formation en ligne.

Quand la participante mme Ila, professeur Science Economie et Gestion, l’importance de ces genres de formation n’est plus a démontré.

En rappel, L’atelier 1 a porté sur la maîtrise méthodologique et technique de systèmes et réseaux ainsi que de leur interconnexion.

Interview avec le Chargé de la Formation

Il se nomme Dr Lhoussain Moughli. Marocain de nationalité, il est professeur de Science du sol à l’Institut Agronomique et Vétérinaire de l’université Hassan II du Maroc. Passionné des technologies de l’information et de la communication, il est aujourd’hui un expert en déploiement des TIC pour l’enseignement.

Du 25 au 29 septembre 2006, il était à Ouagadougou pour former ses paires venues du Bénin, du Niger et du Burkina en création et gestion d’un enseignement ouvert et distant. Il nous livre son expérience avec les TIC

Le Dr Moughli et les TIC

Je suis Professeur de formation. Depuis quelques années j’essaie de mettre les TIC au profit de mon enseignement. Aujourd’hui j’ai acquis pas mal de compétences dans ce sens. Maintenant je partage ses connaissances avec mes paires. Très souvent, je suis sollicité pour organiser des ateliers de formation à leur intention. Par exemple, l’atelier de Ouagadougou a pour objectif d’aider les enseignants à maîtriser les aspects de la formation à distance dans le but de les amener à mettre leurs cours en ligne. Mais aussi l’objectif c’est de former les formateurs locaux pour qu’ils puissent aider leurs étudiants dans la formation à distance qui a beaucoup d’avantage dans la pédagogie.

Quels sont les enjeux d’une telle formation ?

Notre formation c’est un peu ce que j’ai l’habitude d’appelé « l’intégration d’une technologie éducative dans l’enseignement et la formation » . Les technologies ce n’est pas nécessairement les formations à distance mais c’est utiliser ces technologies en présentiel à l’université de manière à améliorer la pédagogie.
Nous avons comme principe la technologie pour supporter la bonne pédagogie. Pour les enseignants on les présente un certain nombre de scénarios, comment utiliser les TIC pour aider des étudiants qui ne peuvent se connecter seulement de temps en temps même dans un cybercafé, avec des exercices ou des commentaires.
Mais l’année dernière nous en avons développé à Saint-Louis au Sénégal des master à distance en Afrique de l’ouest. On a par exemple des cours en Cyber droit. Cela marche bien. Le nécessaire ici en Afrique je pense que c’est d’introduire des technologies à plusieurs niveaux en fonction des lieux et des conditions.
Ici au Burkina l’université de Ouagadougou ce n’est pas l’université de Bobo-Dioulasso. Les infrastructures ne sont pas les mêmes donc il faut imaginer des solutions adaptées à chaque situation.

Quelles sont selon vous les causes qui font que certains enseignants ne veulent pas intégrer les TIC ?
C’est ce que nous appelons la résistance au changement. Pour plusieurs causes, les enseignants posent des résistances. D’abord, il y a la peur de la technologie et ensuite la peur du plus de travail. Par exemple, il faut créer un site web, il faut connaître un peu l’informatique. Aussi, il y a la question du droit d’auteur. Donc les enseignants posent souvent des questions sur ces aspects là. Mais, ce qui m’intéresse à la limite ce n’est pas seulement l’intérêt des enseignants mais c’est beaucoup plus l’intérêt des étudiants.

L’enseignant doit voir ces TIC comme un moyen pour améliorer ces prestations. Si on parle de droit d’auteur, moi j’ai deux points de vue. Le premier c’est que quand on lance des platesformes de formation à distance, personne d’autre ne peut s’y introduire s’il n’y a pas un droit d’accès donc on est un peu protégé. L’autre problème, c’est la peur du plagiat. Quand on produit un petit cours on se dit sûrement que quelqu’un va me le plagier. Ce qui n’est pas tout à fait faux. J’ai eu à faire un séminaire avec des collègues qui ont développé des cours. Plus tard j’ai constaté que 70% de ce qu’ils ont produit a été pris sur Internet. Donc je me pose la question suivante : pourquoi rester toujours au niveau consommateur, pourquoi ne pas donner nous aussi ? Pourtant on est content quand on trouve ses ressources au niveau d’Internet.

Est-ce que ce manque de production de contenu n’est pas aussi lié au manque de motivation des enseignants ?

Là encore on retombe dans notre problème du sud. C’est-à-dire on a une compétence et on cherche une récompense immédiatement. Moi je ne travaille pas comme cela. On ne doit pas attendre qu’une institution accepte avant de commencer à travailler. Nous. Personnellement j’ai commencé comme cela. J’ai d’abord sensibilisé et travaillé avec mes étudiants en intégrant petit à petit les TIC. Et après ce sont eux qui ont commencé à faire pression sur l’administration et progressivement on a mis en place un centre informatique. Il faut avec ces taches d’huile, partir doucement... Le problème avec « les piqués par la technologique » comme moi on pense qu’on détient toute la vérité. Donc on veut changer tout. Mais non, il faut sensibiliser et informer les gens d’abord. Je crois bien que les innovateurs au niveau des établissements, c’est bien des gens « piquer par ces TIC » qui ont pu acquérir des compétences mais aussi qui le font de bon coeur et avec de la passion et non pas pour une contrepartie. Ils peuvent avoir après une contrepartie mais il faut d’abord s’intéresser aux étudiants. Je crois que c’est la meilleure clé.

Un appel aux enseignants

Une anecdote, une fois j’ étais invité à un atelier organisé par des enseignants qui avait développé des cdrom de cours. Ma première question était ou est que vous avez ces cd, ils m’ont pratiquement tous répondu au bureau, de peur qu’on nous les plagie. Je leur est fais savoir que à cet emplacement les CD n’ont aucun intérêt. Le mieux c’est de les mettre à la disposition des étudiants. Je dirai donc à ces collègues qui sont des pionniers dans le domaine que notre rôle surtout en Afrique ou nous ne sommes pas nombreux à maîtriser ces technologies voir cette pédagogie c’est de disséminer ces connaissances. Cette dissémination apportera quelque chose de positif sur nous. Etre compétente fournir tous ces efforts pour cacher ce qu’on a acquis ça ne vaut pas la peine.

Par l’intégration des TIC quels effets positifs chez vous au Maroc ?
Depuis quatre (4) ans au Maroc on observe que beaucoup d’enseignants s’intéressent aux TIC. Mais surtout de manière volontaire. Ils ont développé des cours à distance en collaboration avec d’autres organismes à l’étranger ou dans le pays même ils essaient de travailler avec d’autres associations comme l’association des pédagogues universitaires. Actuellement au Maroc nous sommes en train de mettre en place un CVM (campus virtuelle marocain). Il rassemblera toutes les universités. Nous avons eu beaucoup de discussion on a décidé qu’il ne doit pas être centralisé, il ne doit pas être une administration. C’est un campus de concertation et d’entraide entre les universités. On laisse la flexibilité à chaque université d’aller à son rythme pour ne pas tout bouleverser.

Propos recueillis par Roukiattou Ouédraogo Bntic

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