Vie du réseau

Portrait d’une e-journaliste de Burkina ntic

OUEDRAOGO Roukiattou, une journaliste spécialisée en TIC au Réseau Burkina NTIC et membre de l’association Yampukri (Burkina Faso), nous parle de son métier lors du séminaire-atelier régional sur le thème « TIC et medias » à Dakar.

Je suis Roukiattou OUEDRAOGO, de l’association Yampukri, mais je travaille spécifiquement pour le programme « Burkina NTIC » qui est un espace d’échange d’information sur les Technologies de l’Information et de la Communication. C’est une plate-forme qui est financée par l’Institut International pour la Communication et le Développement (IICD), qui permet aux acteurs Burkinabés s’intéressant à la problématique des TIC d’échanger sur tout ce qui est relatif aux TIC au Burkina Faso... et le programme est géré par l’association Yampukri. Au sein de Burkina NTIC, je suis chargée de réaliser des articles sur les TIC.

Vous êtes probablement bien placée pour nous parler des enjeux des TIC pour les journalistes aujourd’hui.

Roukiattou OUEDRAOGO

Les enjeux des TIC pour les journalistes, à mon avis se situent à plusieurs niveaux. Je prends mon cas particulier : je ne suis pas journaliste proprement dite. Je suis plutôt communicatrice. C’est vrai que j’ai été dans une école de communication et journalisme, mais je me suis spécialisée pendant deux ans en Communication d’entreprise et Relations publiques.

Pour le moment, j n’ai pas encore eu un créneau pou mettre en exergue mes compétences en communication d’entreprise, plutôt mes compétences en journalisme. E ça, c’est une brèche Qui m’a été offerte par l’avènement des nouvelles technologies. Parce que, depuis que j’ai commencé à réaliser des articles pour les publier, je n’ai pas encore écrit sur un autre domaine que celui des TIC. Donc ceci montre déjà que des personnes qui, au départ, ne se voulaient pas journalistes, peuvent se retrouver à exercer ce métier avec toute la conscience professionnelle. C’est mon cas ! Le métier de journaliste n’était pas ma vocation. Je suis aujourd’hui en relation avec les journalistes qu’avec des communicateurs. Donc, c’est une ouverte. Il y a une nouvelle concurrence dans le métier de journaliste et une nouvelle vision dans le traitement de l’information qui se met en place. L’enjeu, en fait, c’est le phénomène des blogs que nous avons révisé lors de la formation à DAKAR. Les blogs sont à la fois un avantage et un risque pour le métier de journaliste. Tout le monde donne son avis ou « informe » librement et sans contrôle ou censure... sur n’importe quel sujet aujourd’hui, grâce aux blogs. Autre enjeu, la formation. Dans nos écoles de journalismes, particulièrement au Burkina, on n’est pas encore arrivé à intégrer la formation TIC. Il y a beaucoup de journalistes qui sont encore étrangers aux outils technologiques. Il faut une détermination de ces derniers pour se lancer dans la formation, car ces outils améliorent notre productivité, ils sont même indispensables de nos jours pour une meilleure gestion de l’information quel que soit le domaine dans lequel nous voulons nous investir.

Vous êtes l’une des cinq femmes journalistes venues assister à cette formation. En tant que Femme, est ce un métier facile pour vous ? Autrement dit ... la pratique du métier de journaliste est aisée pour une femme dans votre pays ?

Roukiattou OUEDRAOGO

Je peux dire que ce n’est pas très facile. En tant que femme africaine, nous avons beaucoup de rôle à jouer à la fois. Il faut s’occuper de la famille, des enfants, des parents ... beaucoup de temps à consacrer à notre entourage. Or, avec le métier de journaliste qui est en train de se développer à une vitesse vertigineuse. Il faut beaucoup de s’investir. On ne peut plus se permettre de faire de petits papiers qui v ont se retrouver dans la corbeille, parce qu’ailleurs, on peut trouver beaucoup d’informations sur le même sujet. Donc parfois, la famille peut se trouver sacrifiée. Le deuxième risque du métier de journalistes pour une femme, c’est le fait que cette dernière, pour bien faire son travail, soit obligée d’aller vers tout le monde. C’est le métier qui le veut. Et ce n’est pas évident que ceux que nous rencontrons aient toujours une image positive. Très souvent les gens ont des préjugés, des idées arrêtées, femme-journaliste égale femme exposée et, pour une femme mariée, cela devient souvent très compliqué à gérer. C’est pourquoi l’avènement des TIC est salutaire pour résoudre ce problème, dans la mesure où on peut faire de l’investigation à partir de l’Internet et réunir les informations additives pour faire son article.

Votre réponse me pousse à vous demander ce que peuvent gagner les femmes Burkinabé sur les TIC. Qu’est ce que les TIC peuvent apporter à vos consœurs ?

Roukiattou OUEDRAOGO

Moi, je pense que la femme Burkinabé peut gagner beaucoup de choses. Au premier plan, la liberté ! Les TIC permettent d’acquérir une certaine liberté. Je prends toujours mon exemple. J’ai compris les enjeux des TIC. Il n’y a pas très longtemps grâce à Monsieur Sylvestre OUEDRAOGO, qui est un acteur incontournable en matière de TIC au Burkina Faso. Aujourd’hui, j’arrive à faire des choses que je n’aurais pas imaginées, il y a quelque temps. Récemment, j’ai pu encadrer un groupe de jeunes, nous avons participé à un concours de l’Unesco et nous avons remporté le prix. Un membre du groupe a été invité aux Etats-Unis (USA) où il a séjourné pendant une semaine et il a participé à un festival numérique. Hier, l’Unesco m’a recontacté (l’interview a été réalisée le 24 novembre 2006) pour me dire qu’ils veulent louer notre salle pour une formation dans ce sens. Donc c’est une ouverture. En tant que femme, je suis fière de parler de cette expérience, car c n’est pas évident que sans les nouvelles technologies, je pouvais être en contact avec des grands décideurs, des grands acteurs qui laissent toute cette offre... et qui se disent que Madame OUEDRAOGO, parce qu’elle a pu faire tel travail, si on lui pose un problème, elle peut le résoudre. Donc, je crois que c’est une grande porte ouverte ... Et c’est une porte par laquelle, on peut vraiment se valoriser et montrer qu’on peut faire des choses valables dans notre pays. Donc , je pense que, que pour la femme Burkinabé en particulier, et pour les femmes africaines en général, ce serait très intéressant qu’elles exploitent les nombreux avantages des TIC. Les TIC peuvent positivement changer leur vie.

Pour vous qu’est ce qu’un journaliste spécialisé sur les TIC en Afrique ?

Roukiattou OUEDRAOGO

Les journalistes spécialisés en TIC, il y en a beaucoup. C’est un métier n devenir. Je l’ai dit précédemment, moi je suis venue dans le journalisme grâce aux TIC. Parce que jusqu’à présent, je n’ai pas encore écrit pour un autre secteur d’activité économique. Les journalistes, en général, sont des professionnels de l’information qui ne comprennent pas grand-chose aux rouages des TIC. Donc, journaliste spécialisé en TIC, en Afrique peut être que je l’ignore, mais il n’y en a pas encore vraiment. C’est un créneau d’avenir. C’est peut être, à nous, qui avons eu la chance d’être formés, de nous investir et de nous impose en tant que journalistes spécialisées en TIC dans le vieux continent.

C’est donc un secteur vierge ?

Roukiattou OUEDRAOGO

Plus que vierge. Car, même les journalistes qui ont créé des Blogs, ces derniers ne sont pas des espaces d’échanges sur la problématique des TIC, c’est plutôt des Blogs sur la politique pour la plus part, la culture ... et tout le reste. En général, au Burkina Faso, quand tu recherches de l‘information sur les TIC, tu tombes sur le site de « Burkina-NTIC », c’est dire comment le secteur reste vierge. Mais, le secteur reste non investi sur ment à cause de l’absence de formation. Etre journaliste spécialisé est peut être plus difficile en Afrique. Beaucoup préfèrent encore rester des généralistes.

Et l’impact des nouveaux usages médiatiques des TIC tels que les Blogs , les Wiki, ... sur les médias classiques et sur les métier de journaliste, pouvez-vous nous en dire un mot ?

Roukiattou OUEDRAOGO

Le phénomène des blogs va compliquer le traitement et la diffusion de l’information. Quand j’entends un journaliste dire qu’il croit plus à l’information qu’il reçoit sur les blogs que ceux provenant des médias classiques... il est visible qu’il y a problème. A dire vrai, l’avenir du journalisme commence à me faire peur. (...) Les nouvelles technologies doivent venir améliorer ce que nous faisons ... et non venir compliquer notre travail et notre milieu professionnel. Il faut que l’éthique, le respect de la déontologie et le sens des responsabilités restent la trilogie qui doive guider le métier de journaliste. Informer bien et vite en usant de tous les outils technologiques modernes ? Voilà la nouvelle démarche du journaliste moderne.

Entretien réalisé par Monsieur Ibrahim Jacques IYOK, consultant TIC et Communication en novembre 2006

source : http://www.mali-ntic.com

Dans la même rubrique

Dans d'autres rubriques

Repensez les politiques de développement et traduisez-les en pratiques efficaces Explorez certains des défis les plus urgents en matière de (...)
Vous êtes un professionnel du développement (privé, Etat ou ONG) ? Vous avez une formation universitaire (minimum de 3 ans) et plusieurs années (...)
Par : Sylvestre Ouédraogo Directeur Régional Institut Panafricain pour le développement, Afrique de l’Ouest et du Sahel Président de yam-pukri.org (...)
AVIS DE FORMATION EXECUTIVE MASTER EN POLITIQUES ET PRATIQUES DU DEVELOPPEMENT (DPP) L’Institut des Hautes Etudes Internationales et du (...)
Comme à l’accoutumée, cela fait maintenant 11 ans que l’association Yam-pukri organise un camp vacances pour les jeunes de 12 à 18 ans. dénommé (...)
Les enfants ont appris qu’il y a en général 4 types d’entreprises : les entreprises privées, les entreprises publiques, les entreprises d’économie (...)
« L’université virtuelle va lancer ses premières offres de formation à la rentrée 2020/2021 » foi de son chargé de mission. Professeur titulaire en (...)
Le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Alkassoum Maïga a procédé à la remise officielle (...)
Krita est l’une des références en matière de logiciel libre de dessin sous Windows. Il est complet, performant et simple à prendre en main. Un (...)

Recherche

Nous suivre

Nos dernières actualités sur les réseaux sociaux


S'abonner à la newsletter

Partenaires