E-gouvernance

La descente aux enfers des cybercafés privés et télécentres communautaires

Nous avons constaté ces dernières années une longue descente aux enfers des télécentres communautaires et des cybercafés privés. Plusieurs facteurs combinés peuvent expliquer ce phénomène :

1.l’informatique bon marché envahissante qui permet d’avoir un ordinateur de seconde main à cout réduit.

2.Les modes de connexion à l’Internet qui sont plus souples et ne nécessitent plus une infrastructure complexe : une simple clé USB GPRS suffit.

3.Les problèmes de coupures d’électricités qui sont devenus quasi permanents.

4.Le dégoût pour certains cybercafés réputés être des endroits "dangereux ". fréquenter certains cybercafés peut vous donner une certaine étiquette peu recommandable.

5.l’arrêt de la plupart des projets subventionnés qui ont replongé certaines zones rurales dans le "noir absolu " et du sevrage Internet.
6.La méconnaissance totale du rôle d’un cybercafé communautaire qui est un début de business center rural.

7.la non-maîtrise de la technologie, le matériel mal paramétré et les virus qui plantent les parcs d’ordinateurs et qui rebutent toute personne munie d’une clé USB souhaitant télécharger des fichiers.

En effet, beaucoup de gens se sont lancés dans le business des cybers comme n’importe quel autre secteur sans faire attention à la technologie qui sous-tend le système. On forme en deux ou trois jours une personne pour allumer, éteindre les machines et le tour est joué. Ouvrir un cybercafé ou un télécentre permet d’aider un frère et lui donner un métier.

Malgré toutes ces situations, il faut dire que la connexion web par clé USB n’est pas très fiable pour le moment et on peut passer des minutes ou des heures avant de télécharger un fichier de mégaoctet. la connexions ADSL, bien que hasardeuse est préférable. En province et même dans certaines villes proches de la capitale comme à Ziniaré, se connecter n’est pas une chose aisée.

Si certains essaient de s’équiper et s’achètent des PC de bureau ou des PC portables, le problème n’est pas pour autant résolu. En effet, peu savent comment paramétrer leur machine pour surfer plus vite, éviter les virus ou encore, avoir tout son courrier Yahoo, gmail ou Hotmail dans son ordinateur même quand on est déconnecté.

On passe toujours le temps à regarder le sablier ou la sphère de l’explorateur tourner dans l’espoir d’ouvrir une page ou de télécharger un fichier qui est dans un mail parfois ancien. Une simple connaissance d’un client comme Thunderbird aurait pu résoudre ce problème.

Les fournisseurs d’accès Internet ne s’intéressent pas au last miles, c’est-à-dire à votre environnement matériel et logiciel. Ils viennent déposer une prise ou vendre un kit et leur travail est fini. Ilo en découle une mauvaise gestion des ressources logicielles et matérielles dans une organisation.

Les câbles RJ45 vendus sur le marché sont de qualité médiocre et jouent sur les transferts des informations et donc sur la connexion Internet. Il en est de même de la prolifération des switchs et autres hubs dont on ne sait d’où ils viennent. On actuellement du n’importe quoi à n’importe qui et la qualité laisse à désirer. Cela joue énormément sur la qualité des services internet.

Parallèlement à ca, les ordinateurs sont bourrés de virus, peu de gens ayant les moyens ou voulant se décider de s’acheter un antivirus, même pour ceux /celles qui l’ont, les mises à jour sont problématiques. Combien de gens perdent leurs données et passent le temps à formater, reformater leurs disques durs ou clés USB ?

Les accès communautaires ont donc un rôle à jouer face à tous ces problèmes, mais un travail de fond reste à faire pour les reconvertir dans une mission d’accompagnement des populations dans les TIC pour le développement et les affaires et non simplement dans le simple besoin de se connecter à l’Internet.

On constate malheureusement après la fin d’un projet de télécentre que le gestionnaire qui était bien payé cherche du travail ailleurs, la rentabilité de la maison ne pouvant plus le rémunérer.

Il reste donc le plus souvent une personne qui est là en attendant mieux et n’a pas toute l’énergie ni les compétences nécessaires pour gérer la boutique dans l’optique d’accompagnement des populations (montage de projets de développement, création de sites webs et de bases de données, animation et gestion de CD et DVD multimédias de soutien scolaire, dépannage d’ordinateurs, travaux vidéos et photos, agence western Union, vente de carte de recharge téléphonique.....) ; la liste est longue des services que peut rendre un télécentre même non connecté à l’Internet, mais où la volonté et le savoir-faire existent.

Il faut donc interpeller les responsables des ONG, associations et collectivités pour les expliquer les vraies missions d’un télécentre communautaire et non seulement se limiter à la sensibilisation des gestionnaires et des animateurs qui sont dans un état de survie et ne voient pas trop d’opportunités s’ouvrir à leurs yeux.

Vivement que des rencontres d’explications se fassent afin de redorer le blason des télécentres communautaires en Afrique.

Sylvestre Ouédraogo

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