E-gouvernance

Débats sur Technologies numériques et sociétés et Migrants connectés, initié par Orange Mali et Digital Society Forum

Les 12 au 13 mars 2013 a eu lieu à Bamako un évènement autour des TIC. Organisé par la Digital Society forum en collaboration avec ORANGE Mali, cette rencontre a été une occasion pour les experts du domaine de partager leurs expériences avec le grand public à l’Institut Français le 12 mars 2014 à 18h et le 13 mars avec les ministres des télecoms, celui des Maliens de l’extérieur et les principaux directeurs de ORANGE Mali.

Etaient invités comme experts :
- Christophe Aguiton , chercheur en SHS à Orange Labs, enseignant dans les universités Paris 1 Sorbonne et Paris-Est-Marne-la-Vallée /
- Dana DIMINESCU, enseignante-chercheur à l’École d’Ingénieur Telecom ParisTech et directrice scientifique du programme Migrations & Numérique à la FMSH /, France
- Sylvestre Ouédraogo, enseignant chercheur en économie à l’Université Ouaga 2, président Fondateur de Yam-pukri.org /
- Olivier Sagna, enseignant chercheur à l’UCAD et Secrétaire général d’OSIRIS
- Assa Simbara Mariko, formatrice à l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGETIC) du Mali
- Mamadou Iam-Diallo + Docteur en physique, concepteur de l’Agence des technologies de l’information et de la communication (Agetic), expert des TIC.Mali
- Thierry Taboy, Directeur des enjeux sociaux et sociétaux chez Orange, France

Que ce soit avec le grand public ou avec les hautes autorités du Mali en charge des TIC et en charge des Maliens de l’extérieur avec leurs conseillers, les échanges ont montré un vif intérêt de leur part.

Les débats ont été modérés par Christophe Aguiton.

Les migrants connectés au cœur du débat

Dana DIMINESCU, enseignante-chercheur à l’Ecole d’Ingénieur Telecom ParisTech et directrice scientifique du programme Migrations & Numérique à la FMSH sur la base d’un modèle a montré comment se présente le paysage des migrants en ce qui concerne les TIC.

À l’aide d’une cartographie informatique, elle arrive à montrer les liens et interrelations entre les sites webs, les Blogs concernant un pays donné. Ainsi en regroupant les sites web des migrants, les sites officiels, les sites organisationnels, le modèle permet de voir si les migrants ont des liens directs avec les sites institutionnels et vice versa.
Cette expérience est très intéressante et permet aux décideurs de voir l’influence qu’ils ont sur le site de leurs compatriotes et vice versa. Ainsi, il est possible d’améliorer les univers des uns et des autres afin que le web devienne un véritable outil de développement.

Pour le grand public, le migrant restait lié à son pays d’origine par le biais du courrier postal, des enregistrements sur radio cassette et plus tard par téléphone fixe ; l’arrivée du mobile et ensuite de l’Internet a bouleversé les choses à telle enseigne que le migrant devient une partie prenante de la vie de son lieu d’origine, mais de façon virtuelle. Il devient ainsi possible d’échanger en direct avec les parents et amis, d’envoyer de l’argent et parfois des biens en nature comme de la nourriture ou des médicaments en appelant un magasin ou une pharmacie au village directement.
Dans l’ensemble, les échanges ont montré que dans une large part, ce sont les migrants qui introduisent la technologie dans leur espace d’origine.

Le secteur informel au cœur du débat

Sur la base d’une étude faite sur 3 pays (Burkina, Cameroun et Sénégal), Sylvestre Ouédraogo, Enseignant Chercheur à l’université de Ouaga 2 et responsable de l’association yam-pukri a présenté les synthèses du travail.

Le secteur informel des TIC semble être la partie visible et invisible de l’iceberg des TIC en Afrique. Utilisé par tous, exploité par chacun quand l’occasion s’y présente, il constitue à n’en pas douter un nouveau secteur économique qui puise sa force dans le besoin, la créativité et l’imagination de ses promoteurs d’une part et d’autre part dans la logique d’implantation des entreprises TIC en Afrique, pressées de faire des hyper profits et externalisant les fonctions de distribution de leurs produits et services.
L’étude financée par le CRDI a permis de voir :
-  Que le concept d’économie informelle est à revoir en ce qui concerne le sous-secteur des TIC du fait que :
-  C’est un secteur dominé par les hommes contrairement aux autres catégorisations de l’informel.
-  C’est un secteur dominé par les intellectuels
-  C’est un domaine de haute technicité, mais la plupart des intervenants n’ont pas suivi de cursus techniques.
-  Ce sous-secteur vient en appoint au secteur formel et ne lui est pas concurrentiel, étant comme une fonction de distribution et de service après vente.
-  La dynamique est très grande du fait de la volatilité de ce secteur.
-  C’est un secteur qui innove et qui crée sans cesse de nouveaux services qui sont d’ailleurs repris par ceux du formel

Comme ce sous-secteur emploi de milliers de personne, nous devrons mener une réflexion quant à sa prise en compte et à la recherche de dispositifs pour améliorer la qualité de service.

Les échanges très riches ont alimenté le débat sur la question et une question posée par le ministre des TIC au mali retient notre attention : que faut-il faire ?
Pour le chercheur, la première chose est de cartographier le sous-secteur des TIC pour en connaître la composition et échanger avec les acteurs. La deuxième chose est de trouver un système de reconnaissance du niveau de ces derniers en les appuyant avec des formations spécifiques et très courtes. Une troisième est de détecter les talents et les accompagner dans la réalisation de leurs projets.

Olivier Sagna, enseignant chercheur à l’UCAD et Secrétaire général d’OSIRIS a contribué à ce débat en soulevant des questions posées par l’informel des TIC. Selon lui, cette économie populaire n’est pas concurrence à l’économie formelle des TIC et quelque chose doit être faite à ce niveau, par exemple, les problèmes de population et la manipulation des composants dangereux ce qui est étonnant est que l’es opérateurs semblent ignorer leur présence bien que travaillant en bas de l’échelle dans la redistribution des services l’Opérateur a montré son impuissance à gérer les flux de cartes SIM en circulation qui pour lui signifie plus de pertes que de gains encore une fois, on voit la force de l’informel et il sera intéressant d’y prêter attention.

Les écosystèmes TIC dans la sous région Ouest Africaine : du Bollywood au Nollywood. et après ?

Christophe Aguiton a ensuite introduit Mme Assa Simbara Mariko, formatrice à l’Agence des technologies de l’information et de la communication (AGETIC) du Mali et M. Mamadou Iam-Diallo + Docteur en physique, concepteur de l’Agence des technologies de l’information et de la communication (Agetic), expert des TIC Mali.
L’introduction de M. Aguiton pose la problématique du tout social et du tout communautaire en Afrique d’une part et d’autre part de l’extraversion culturelle du continent.

En effet, on avait cru que le téléphone mobile serait un outil qui sera utilisé en commun comme bien d’autres outils en Afrique, mais la baisse des coûts a fait sauter cette hypothèse parce que nous allons vers un téléphone par habitant en Afrique.
De même, L’extraversion culturelle du continent est battue en brèche avec la naissance de chaînes comme le Nollywood Nigérian qui a vite copié le Bollywood Indien. On a donc vu que les Africains préféraient leurs images s’ils en ont l’occasion au lieu des télénovelas brésiliens ou argentins. Pour Sylvestre Ouédraogo, si l’espace francophone se mobilise, il pourra égaler le Nigeria, mais, on peut dire que cet espace se dessine avec TV5 Afrique, Africable et certaines chaînes qui passent pas mal de films locaux

Peut-on de même avoir la même chose avec les TIC ? Peut-on imaginer des réseaux d’informations autour de projets communs comme coder for Africa ? Peut-on imaginer la même chose avec des plateformes de santé, d’agriculture ?
Pour les intervenants, cet écosystème est en voie de se réaliser, mais un des facteurs de blocage est la faible connectivité à l’Internet. Les échanges ont montré également qu’il commence à se dessiner de tels écosystèmes dans le domaine des prix agricoles ( Esoko, simagri..) et dans le domaine de la santé avec ( keneblown…), dans le domaine du réseautage avec reseauafricanet.org qui fonctionne depuis plus de 12 ans.

On a dans l’ensemble senti un intérêt, que ce soit du grand public, que ce soit de l’opérateur ORANGE des débats menés pendant ces deux jours.
Pour l’opérateur ORANGE, il pense coopérer pour plus de fluidités dans les services surtout l’Internet où on a posé le problème de la cherté et de la faiblesse de débit ; ORANGE pense qu’une souplesse au niveau des opérateurs leur rendrait la tâche facile. Le contrôle des débits Internet dans les entreprises a révélé également qu’une grande partie de la bande est utilisée pour des travaux hors services (téléchargements de films souvent prohibés et autres). ORANGE demande donc aux entreprises de contrôler les faits et gestes des travailleurs

Pour la société civile, il faudrait qu’elle se mobile pour défendre ses intérêts, en particulier les associations de consommateurs qui doivent être plus regardantes et agir dans l’intérêt des usagers des TIC
Les chercheurs doivent continuer leurs investigations et ORANGE est prête à les accompagner dans leurs entreprises
Vivement que de telles rencontres se perpétuent pour une bonne adéquation entre les services TIC, le privé, la société civile et les opérateurs de télécom en Afrique.

Sylvestre Ouédraogo
Bntic

Documents.

http://www.e-diasporas.fr/
www.keneya.net
https://esoko.com/‎ ;
http://simagri.net/

http://www.orange.com/fr/accueil

digital society forum

http://www.coders4africa.org/

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