Innovations

Projet un ordinateur par enfant (OLPC) : Du rêve à la réalité

Ouagadougou, Burkina Faso-depuis quelques années, l’arrivée des NTICS a bouleversé le mode de vie des Burkinabés. Après la radio, le téléphone portable, la télévision et internet, c’est à l’heure actuelle au tour de l’ordinateur à 100 $ de vouloir faire son entrée. Les réactions à l’égard de ce nouveau produit ont plutôt été mitigées du côté de la communauté internationale. Néanmoins, ceux qui se sont exprimés sont majoritairement occidentaux et n’ont pas connaissance des conditions dans les pays en voie de développement, le publis ciblé par ces récentes machines. De ce fait, une réflexion doit maintenant émerger et la parole doit être donnée à ces populations. Quel est l’apport de ces technologies au Burkina Faso ? Est-ce que l’OLPC est vraiment un outil indispensable au développement du pays ? Pour tenter de répondre à ces questions, le groupe Burkina NTIC a tenu une rencontre, le 8 février dernier, dans les locaux de Yam Pukri.

En rappel, l’idée de l’OLPC est venue de Nicholas Negroponte animateur du Média Lab au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et personnage incontournable de l’histoire de l’informatique et d’Internet. Il voulait créer un ordinateur à 100$, spécifiquement étudié pour les enfants des pays en développement. À la fin de l’année dernière, le projet OLPC a lancé aux Etats-Unis et au Canada une opération dénommée « Give 1, Get 1 » (« Donnez-en 1, recevez-en 1 »). Il s’agit de payer deux exemplaires, le premier étant envoyé dans un pays émergeant et l’autre au domicile de l’acheteur.

Petit, rondelet, aux couleurs vives, cet ordinateur ressemble tout à fait à un jouet pour enfant. Ils étaient plus d’une trentaine à être venus l’admirer et tous se sont émerveillés devant ce petit gadget, qu’ils soient burkinabés, français ou canadiens.

L’atelier, qui a duré plus de trois heures, a tourné autour de trois grands axes. Tout d’abord, la restitution d’un débat concernant l’OLPC, qui a eu lieu par internet. Il a été suivi d’une discussion de groupe entourant la venue de cette nouvelle technologie. Finalement, une présentation de l’appareil a été faite, par Gilbert Cujean, ancien directeur de DeltaLink, qui a réussi à acquérir le bijou.

La puissance de l’ordinateur, son utilité, sa maintenance et son coût sont autant de questions qui ont été abordées durant les échanges qui ont suivi. En effet, suite à l’exposé de M. Sia, une foule de point de vue, d’interrogation et de commentaires ont émergé. Il ressort de ces échanges que, s’il est vrai que cette technologie provoque un engouement considérable, elle suscite énormément de questionnement. Toutefois, la discussion ne s’est pas arrêtée à ce nouvel appareil, mais il a débouché sur un questionnement général quant à l’intégration des TICS dans la culture burkinabé, un débat qui est encore loin d’être achevé.

« L’ordinateur pour enfant est un concept qui nous enthousiasme beaucoup et qui soulève beaucoup de questions ». Ces paroles de M. Sylvestre Ouédraogo, coordonnateur du réseau Burkina NTIC, résument bien la polémique qui entoure le projet OLPC.

« Pour une fois, on a imaginé, on a réfléchi, quelque chose de totalement nouveau », a rétorqué M. Cujean. En effet, peu importe l’opinion des participants, il n’en reste pas moins que ce nouveau gadget, par son originalité, réussit à convaincre même les plus sceptiques. C’est du moins, ce qui était observable lorsque M. Cujean a fait circuler l’OLPC alors qu’il répondait aux différentes questions. Tous, pour ou contre, ont pris le temps de découvrir, de manipuler et d’observer l’ordinateur.

Cette séance, loin d’affaiblir l’espoir dans le projet, a plutôt stimulé l’imagination des participants. En effet, à force de dialogue, ils en sont venus avec une idée plutôt ambitieuse, mais très certainement réalisable : créer un laboratoire de plusieurs OLPC, dans les locaux de Yam Pukri. Le but serait de tester l’utilité de ces machines et, comme M. Cujean l’a expliqué, cet ordinateur est plus performant lorsqu’il est en réseau avec d’autres.

Les participants ont donc prévu une rencontre, qui aurait pour objectif de mettre sur papier le projet, afin de pouvoir trouver le financement nécessaire à sa réalisation. Il ne reste qu’à voir quels partenaires pourront pourvoir au laboratoire.

L’OLPC est sans aucun doute un projet d’envergure, car il ne faut pas se le cacher, même les pays les plus riches ne peuvent s’offrir le luxe d’un ordinateur par enfant. Toutefois, M. Ouédraogo a soulevé un point primordial lorsqu’il a déclaré qu’il y a quelques années, les gens ne croyaient pas au développement de la téléphonie cellulaire au Burkina Faso. Toutefois, de nos jours, une majorité de Burkinabés l’utilisent. Comme l’a dit le philosophe Sénèque, « ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». Plusieurs questions doivent encore être résolues avant l’intégration de l’OLPC. Il est évident que ce projet est loin d’être aisé à réaliser. Pourtant, ceux qui ont assisté à cette rencontre ne peuvent être que convaincu de la volonté des participants, à mettre sur pied un tel laboratoire.

Audrey Houde-Forget

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