E-gouvernance
Télécommunications:Il faut éviter le pire à l’ONATEL.
"Bientôt les lignes téléphoniques des services publics seront ouvertes aux réseaux Celtel Burkina et Télécel Faso si l’on en croit un communiqué de Celtel Burkina paru dans la presse". C’est ainsi que nous écrivions sous notre rubrique Une lettre pour Laye du vendredi dernier. Nous avons applaudi cette décision de l’Autorité de régulation des télécommunications (ARTEL) qui met enfin les différents opérateurs de la téléphonie mobile au Burkina sur un pied d’égalité.
Alors que Celtel annonçait l’application de cette mesure de l’ARTEL pour la fin de la semaine écoulée, il semble en fait qu’il n’en est rien. En effet, de sources proches de l’ONATEL, il nous revient que cette mesure n’entrera pas de si tôt en vigueur même si le principe est acquis. Ce qui coince en réalité, c’est que l’ONATEL a peur de faire les frais de cette décision de l’ARTEL. Pourquoi ? La raison est simple. A chaque coup de fil entre deux opérateurs différents(un Telmob vers Celtel ou Telecel et vice versa), ils doivent après se partager l’argent généré par cet appel selon un pourcentage convenu. Or dans la présente situation, après les opérations de compensation, c’est chaque fois l’ONATEL qui donne des millions de francs en dividendes à ses
deux concurrents. Cela veut dire que si jamais on ouvrait les postes étatiques aux autres réseaux, l’ONATEL leur devrait encore davantage de sous à chaque fois. Jusque-là il n’y a rien à redire. Mais le noeud du problème est le suivant :
l’Etat est un client particulier qui ne paie ses factures que quand il en a les moyens. Présentement, il traîne plusieurs mois d’arriérés au niveau de l’ONATEL. En clair, L’ONATEL sera obligé de verser des dividendes aux autres opérateurs sans pourtant engranger les sous qui les ont générés, puisque l’Etat n’aurait pas encore réglé sa note.
A terme, si cette situation continue, l’ONATEL serait à court d’argent.
Ce qui est encore plus grave, c’est que cela alourdirait le passif de l’ONATEL et quand sonnera l’heure de la privatisation (c’est pour bientôt) on serait obligé de vendre la boîte à un sou à cause de son passif élevé. Une telle situation provoquerait forcement des licenciements du personnel par le ou les repreneurs.
Présentement, c’est l’Etat seul qui détient la solution de ce problème : se mettre à jour vis-à-vis de l’ONATEL et cela, à chaque fin de mois. Mais l’Etat a-t-il seulement de la liquidité pour ça ? That is the question.
En attendant le geste de l’Etat, il serait suicidaire pour les travailleurs de l’ONATEL et même pour le contribuable qu’on applique aujourd’hui en l’état cette décision de l’ARTEL sans un engagement ferme de l’Etat de payer ses dettes et de régler régulièrement à chaque fin de mois ses factures de téléphone.
San Evariste Barro
Source L’Observateur
N°5781 du 26/11/2002