Vie du réseau
On ne retient aujourd’hui comme succès des nouvelles technologies de l’information et de la communication auprès des populations au Burkina Faso que la téléphonie mobile. En dix ans de présence, le tableau présenté par ce secteur est plus qu’éloquent : trois opérateurs, une réglementation bien balisée ou presque, un développement bien enclenché, une appropriation presque parfaite de cette technologie par les populations.
Dans les coins de rue, les marchands de la téléphonie mobile pullulent, les réparateurs aussi.
Le téléphone portable se vend comme des cacahuètes ; impossible de distinguer ici une certaine hiérarchisation sociale ; les riches comme les pauvres en possèdent ; les grands comme les petits s’en servent au quotidien ; les zones rurales couvertes par ses ondes en réclament. Son utilité sociale et sa participation réelle à l’essor des populations n’est plus à démontrer. Au demeurant, le développement quasi satisfaisant du mobile au Burkina Faso, notamment en ce qui concerne son appropriation rapide par les couches défavorisées de ces services les plus simples, empêche de manifester sa déception quant à l’impossibilité de pousser son utilisation à d’autres services que la messagerie écrite (SMS) et la messagerie vocale.
On dénombrait le 31 décembre 2001, environ 80 000 lignes mobiles et au moins 50 000 demandes en instance pour le fixe et le mobile. Ce qui veut dire que la demande désaxerait l’offre.
Ce qui n’est pas le cas pour l’Internet au Burkina Faso ; un autre composant des nouvelles technologies qui cherche ses marques. Ici, il n’ y a pas de quoi pavoiser, en effet, en comparaison de la qualité des services qu’offrent certains pays du monde et même africains.
Tenez-vous bien ; I’Afrique du Sud possède une liaison internationale estimée à 300 mégabits/S, le Maroc une centaine, le Sénégal, une cinquantaine et le Burkina Faso 4 mégabits/S.
De quoi faire pâlir d’envie au vu des possibilités qu’offrent les NTIC dans ces pays, considérées dans leurs relations transversales. C’est-à-dire qu’à partir de son téléphone mobile, il est possible de récupérer son courrier électronique, où qu’à partir de son ordinateur connecté à l’Internet et équipé de ses accessoires, il est possible de faire de la téléphonie, de faire de la télé-éducation ou de la télé-médecine. Au Burkina Faso, tout cela apparaît pour l’instant, pour le moins irréaliste. Les citoyens moins exigeants ne demandent que le minimum de services : pouvoir se connecter à l’lnternet, faire de la navigation libre, envoyer et recevoir des messages électroniques, avoir à utiliser l’Internet sans subir les affres de la connexion par la ligne téléphonique qui pour l’instant, est un véritable casse-tête.
Le péché originel : l’enclavement
En fait, en dehors de tout ce qu’on pourrait reprocher à l’opérateur national des nouvelles technologies au Burkina Faso sur lesquels nous ne reviendrons pas, force est de constater que le Burkina Faso a à fournir beaucoup d’efforts, tout comme certains pays enclavés pour améliorer son niveau de connectivité. Comparativement aux pays côtiers qui viennent de bénéficier le long de leurs côtes, de câbles sous-marines gratuitement offertes par les pays occidentaux, le Burkina Faso qui n’a pas de débouché à la mer a à fournir beaucoup plus d’efforts pour en posséder. Car il va falloir tirer cette technologie d’un des pays côtiers jusqu’au Burkina ; tout comme on l’a fait pour l’électricité.
Aujourd’hui la qualité de connexion de la plupart de ses pays à débouché marin dépasse largement la nôtre due à la fibre optique dont ils ont bénéficié. L’étroitesse de la bande passante qui nous relie à l’international ne facilite pas l’utilisation optimum de ces technologies moins chères qui pourraient prendre un réel envol du fait que tout le dispositif technique et administratif soit en place afin d’avoir un engouement certain auprès des populations.
Gwanki Moutou
(Collaborateur
Source Sidwaya N°145
du 25/07/2003