Nous vous donnons ici une réction chaude de Jean Louis Fullsack à l’article du producteur de riz Burkinabè.
Pour ceux et celles qui veulent connaître l’implication de l’ONG CSDPTT dans le SMSI et du rôle de JL Fullsack, lire http://www.csdptt.org/doc_smsi.php3

J’exprime mes plus sincères remerciements à cet aimable correspondant (mais si !) qui -avant de « péter les plombs » (comme il y a de quoi, il est pardonné d’avance),
nous amène un peu d’air frais (désolé pour ce qualificatif à contre emploi) de sa rizière. Je l’imagine, actif du lever du soleil au coucher, sérieux et appliqué, et
sans portable, pardon : cellulaire. Bref un citoyen africain attaché à sa terre et aux mille soins pour sa famille. Donc, fort différent de certains de ses frères
africains que je côtoie depuis plus de deux ans dans les enceintes et extérieurs du SMSI.

Merci encore de m’avoir conforté dans mon idée que tous les africains ne sont pas en ce début de millénaire comme les français d’une époque pas si lointaine (1970) où une partie attendait d’être branchée au téléphone et l’autre -branchée- attendait la tonalité ....

Notre ami nous rappelle avec un humour qui m’épate, sa lutte quotidienne pour sa récolte et ses débouchés, pour ses filles et leur scolarité, pour son avenir sur sa
terre. Et nous rappelle combien les objectifs du SMSI sont « déconnectés » du réel, de son vécu, de ses craintes.

Il nous rappelle aussi, à nous citoyens des pays riches, que nous faussons le jeu (pardon pour ce terme, aussi en contre emploi ...) avec nos subventions à nos
agriculteurs. Il pourrait aussi nous rappeler nos deux euros quotidiens versés à chaque vache européenne et nos poulets « amortis » grâce aux subventions qui
inondent les marchés ouest-africains et faussent la concurrence aux « poulets bicyclette » autochtones !
Alors, cher ami de la Vallée du Kou, sachez que nous sommes un bon nombre qui comprenons votre « coup de gueule », qui l’attendons depuis le début de ce SMSI de la part de vos frères, mais jusqu’ici -et sauf quelques bonnes ruades-, tout le monde est resté bien cool, comme il convient dans les enceintes onusiennes. Et partis la fleur au fusil pour combattre ... pour le « Fonds de Solidarité Numérique », l’objectif diplomatique et sociétal n°1 pour l’Afrique avec le NEPAD.

En effet, comme vous le dites si bien : il faudra trouver autre chose à Tunis pour redonner du crédit aux initiatives africaines -qu’elles proviennent des gouvernements ou de la Société civile- et de l’espoir à commencer auprès des populations rurales du continent.

Je voudrais que vous sachiez, lorsque vous avez les pieds dans la boue de votre rizière, qu’il y a un espoir dans une partie de la Société civile africaine (et pourquoi pas auprès de certains gouvernants ?), celle qui n’est pas inféodée aux TIC et qui n’en espère pas une rente de situation. Celle qui se bat au contraire pour utiliser ce qui lui apparaît le plus utile et le plus prometteur dans les TIC, pour vous donner la chance de rester en contact avec ceux qui vous sont chers et ceux qui vous font vivre grâce à votre récolte, en premier lieu vos frères africains. Sachez que nous aussi, nous aimerions bien votre riz paddy qui a du goût, et que nous sommes prêts à mettre un euro supplémentaire au paquet : on en trouve quelquefois
dans certaines de nos échoppes, sous le label du commerce équitable. Je serai ravi de découvrir un jour le riz de la vallée du Kou sous ce label. Je vous dis cela pour vous dissuader de « créer le site Internet pour immortaliser les tombes des riziculteurs africains ». En contre partie, de notre côté, ici au Nord, nous vous soutiendrons dans votre démarche pour l’avènement d’un commerce « véritablement équitable ».

Quant à l’accès au réseau de communication dans les villages, d’Afrique ou d’autres PeD, notre association (CSDPTT, www.csdptt.org) se bat depuis des années sur le
terrain pour le réaliser avec vos frères, et au SMSI depuis son début pour le faire adopter comme objectif prioritaire dans le Plan d’action. Il faut l’avouer, dans cette enceinte onusienne, le soutien africain n’a pas été à la hauteur de nos espoirs. Mais nous remettrons le couvert à Tunis ! Et sur cette problématique particulière, je serais particulièrement heureux d’échanger quelques idées avec
vous, si vous voulez bien.

Ce qui me reste à souhaiter après votre message, vibrant et profondément humain, c’est que dans un premier temps vous récupériez les 500 Fcfa « investis » dans votre
message. Je pense que cela ne devrait pas poser problème. Mais ce que j’appelle de mes vœux, c’est que votre collecte soit si miraculeuse qu’elle vous paie un voyage
aller-retour pour participer à une réunion du SMSI, voire au Sommet de Tunis. Je vous garantis que votre coup de gueule y est non seulement attendu mais aussi indispensable et hautement apprécié et partagé par la partie militante de la Société Civile. D’Afrique et du monde entier !
Bonne récolte ... et bonne vente, mon cher Dipama Théophile. Bon courage à vous, et tous mes vœux à ceux qui vous sont chers. Et encore un grand merci pour votre
message.

Jean-Louis Fullsack
Jlfullsack @ wanadoo.fr
Délégué de CSDPTT au SMSI
www.csdptt.org