Genre et TIC

Les femmes du net

Trouver l’âme sœur par ces temps qui courent devient de plus en plus difficile. Et pour les femmes, et pour les hommes. Les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres lors de diverses cérémonies (mariages, baptêmes, funérailles, etc.) ou en des occasions courantes de la vie (écoles, marchés, famille, etc.) ne suffisent plus.

Et comme la nature a horreur du vide, on a vite fait d’inventer d’autres moyens pour régler le problème. Dans ce petit jeu, ce qu’on appelait il n’y a pas encore longtemps les "Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)" occupent une place de choix. Ainsi de plus en plus de Burkinabé cherchent l’âme sœur sur le net à travers ce qu’on appelle le « tchat ». Pendant plus de deux mois, nous nous sommes « inscrits » à cette « nouvelle école de drague ». Le résultat est plus qu’édifiant.

l est 13h. Pendant que bon nombre de Burkinabé sont à table ou en train de se reposer, E.K, elle, a choisi de rester au service, et même, de « sacrifier » son repas de midi pour naviguer. Calée devant son ordinateur et bénéficiant de la connexion haut débit, c’est à peine si elle a encore les pieds sur terre, tellement elle est concentrée sur son affaire : le tchat.

Selon elle, c’est le meilleur moment pour espérer dénicher une rencontre. Vous l’aurez compris, E.K fait comme beaucoup d’autres Burkinabé qui se retrouvent sur la toile mondiale à travers le tchat, pour se faire des amis (es), des amoureux ou tout simplement dialoguer, échanger avec d’autres. C’est le moment où l’audience est la forte.

Pendant deux heures et demie sinon même plus (puisqu’il arrive que pendant les heures de service certains soient toujours connectés) E.K va envoyer des messages et en recevoir, échanger des adresses, avoir des rendez-vous, tout cela dans le but ultime de se faire une relation amoureuse.

Est-il difficile ou facile d’aborder une fille, un garçon, sur le net ? Les relations établies via le virtuel peuvent-elles aboutir à quelque chose de concret voire de solide ? Des questions qui méritent des études poussées. Mais une chose est d’ores et déjà sûre, de plus en plus de Burkinabè toutes catégories socio-professionnelles et d’âges confondues s’essayent avec plus ou moins de bonheur dans la recherche de l’âme sœur sur le net.

A travers l’agence matrimoniale virtuelle gratuite et sans intermédiaire se nouent ainsi des contacts d’amitié, des relations amoureuses, etc. L’amitié, l’amour sont donc possibles sur le net. Du pseudonyme à son véritable nom qu’on va donner à son « ami », s’établit en l’espace de cinq, dix minutes, voire une heure ou des jours de dialogue, une certaine confiance. « Le tchat est pour moi un espace d’évasion de rencontre, de divertissement. A chaque fois que je me retrouve sur le tchat cela me permet de me faire des amis au plan national et même international ; bref c’est un espace d’échange et de partage », nous a confié Alima BAMBARA.

Si pour certains le tchat n’est rien d’autre qu’un espace de dialogue, d’échange et d’évasion, pour d’autres, il représente beaucoup plus. Il est une véritable agence matrimoniale à laquelle beaucoup s’agrippent et espèrent trouver le ou la partenaire idéal (e).

Le tchat une agence matrimoniale ?

L’agence matrimoniale conventionnelle est un établissement commercial ayant pour vocation de marier des hommes et des femmes. Dans ce genre d’établissement, l’homme ou la femme qui est à la recherche de l’âme sœur exprime ses préférences, ses goûts, etc. Le tchat, c’est tout autre chose. C’est d’abord un espace de dialogue, de bavardage comme l’explique le petit Larousse. C’est au cours de ces bavardages virtuels que des « liens » se tissent. Le tchatcheur ou la tchatcheuse, à travers une brève présentation indique déjà ses intentions et ses désirs.

Du dialogue simple en passant par l’amitié simple ou sincère, et voire plus, sont des indications qui permettent à chacun de se situer. Pour tout dire, il y en a qui sont directs et qui demandent le mariage (Jeune fille de 24 ans cherche homme sérieux pour amitié sincère pouvant aboutir au mariage). « Je suis une fille-mère de 30 ans. Chaque fois que je vais sur le tchat, je nourris le secret espoir de rencontrer quelqu’un. Vous savez de nos jours les hommes n’abordent plus les femmes comme à l’accoutumée. Comme vous le savez, il n’est pas permis dans nos mœurs à la jeune fille où à la femme d’aborder même quand elle trouve l’homme qui lui plaît. Mais sur le tchat cela est possible. Pour ce qui est des résultats, je peux vous dire que c’est extraordinaire ! », a laissé entendre E.K secrétaire dans un ministère de la place.

Pour Alphonsine C. comptable dans une société privée « ça va faire bientôt 6 mois que je m’essaie au tchat et je dois dire que pour moi le résultat est plus qu’encourageant. Je crois avoir trouvé ce que je cherche. J’ai déjà pu passer du virtuel au concret puisque j’ai pu rencontrer le monsieur en question et avec lui nous sommes pour l’heure de très bons amis et ça se pourrait qu’on aille plus loin puisqu’on s’entend, on se comprend ; bref on se fréquente assidûment ».

Tout comme ces deux tchatcheuses, elles sont nombreuses à se réjouir des « bienfaits » du tchat. Il faut dire que les femmes ne sont pas seules sur le tchat à chercher l’âme sœur. Les hommes ne sont pas non plus en reste. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur les écrans des femmes quand, elles sont connectées. « La multitude » de messages qu’elles reçoivent prouvent que le sexe opposé est aux aguets et prêt à sauter sur toute occasion qui se présente.

« De temps en temps je vais sur le tchat. Mon objectif est de rencontrer une femme qui a l’argent. C’est pourquoi, je ne tchate qu’avec celles qui ont la cinquantaine, voire plus. Surtout celles qui vivent en Occident et qui veulent de la bonne compagnie », nous a confié E. AGBODU un jeune Nigérian qui semble s’y connaître et qui assure avoir des résultats. Des témoignages font état même d’unions qui auraient déjà été scellées par le biais des rencontres du net.

Effet de mode ou réel besoin ?

Les TIC prennent de plus en plus de place dans les faits et agissements des Burkinabé. Loin d’être un phénomène de mode, c’est juste une adaptation mise à contribution des nouveaux moyens de communication.

Pour Evariste NIKIEMA journaliste culturel et tchatcheur, « le tchat est un espace de liberté et les femmes ne font que s’adapter. N’oubliez pas que pendant longtemps les gens s’écrivaient des lettres pour se draguer avec toutes les compromissions que cela pouvait avoir si la femme n’était pas d’accord. Ce n’est pas le cas avec le tchat. L’avantage du tchat c’est qu’il ne laisse pas de trace et la discrétion est assurée jusqu’à ce que vous décidiez de vous rencontrer. »

Là-dessus le Burkina Faso semble être en retard par rapport à certains pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire où l’audience féminine se compte en milliers alors qu’au Burkina elle est probablement de quelques centaines. Le phénomène est en train de prendre de l’ampleur. A côté des espaces traditionnels de rencontres que sont les mariages, baptêmes, funérailles, etc. ... le net via le tchat est en train d’occuper un espace de plus en plus important. Bien malin qui pourra prédire jusqu’où tout cela va mener.

Le sourire qu’affiche EK à chaque fois qu’elle obtient un numéro de téléphone ou une adresse émail, prouve que le phénomène a des beaux jours devant lui. Mais notre amie s’aura-t-elle s’arrêter un jour pour ne pas devenir accroc ? Rien n’est moins sûr. En effet, il est à craindre que tout cela ne devienne un véritable virus dont elle aura toutes les peines du monde à s’en débarrasser.o

"Le Tchad n’est pas une menace pour folie-folie"

Face à la nouvelle donne que sont les rencontres sur Internet, quel avenir peut-on réserver aux agences matrimoniales ? Ou encore à une émission de rencontre comme « folie- folie » ? Peuvent-elles encore prospérer ?

Nous avons rencontré l’animatrice de la plus célèbre émission de rencontre de la ville de Ouagadougou, Adja TRAORE. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sereine quant à la survie de son émission face à la montée du tchat. « Folie folie » est la première émission de rencontre que la ville de Ouagadougou a connue. Émission critiquée par les uns et adulée par les autres, elle fait partie des émissions phares de la première Radio libre d’Afrique Horizon FM donc le fondateur n’est autre que le bouillant d’idées Moustapha Laabli THIOMBIANO.

Depuis un certain nombre d’années cette émission a tracé son chemin dans l’espace médiatique burkinabé. « Au jour d’aujourd’hui, je peux vous affirmer que l’émission a concrétisé des rencontres dont certaines se sont soldées par des mariages », nous a confié fièrement Adja TRAORE. C’est dire donc que cette « agence matrimoniale par voix des ondes » fait des heureux dans notre pays.

« Le principe de l’émission est simple. Elle ne dure que 30mns et au cours de cette demi-heure, des hommes et des femmes appellent pour solliciter des rencontres. Comme dans toute agence matrimoniale ils expriment leurs besoins à travers un certain nombre de critères de choix et nous essayons de leur donner des coordonnées de correspondants qui plus ou moins répondent à leurs critères », a laissé entendre l’animatrice de « folie folie ».

Une tâche qui n’est pas sans difficulté pour la belle Adja qui n’est pas à l’abris des courroux de certains auditeurs. « Il arrive souvent que des auditeurs s’en prennent à moi soit parce qu’ils trouvent que l’homme ou la femme avec qui ils ont obtenu rendez-vous ne répond pas à leur attente. La voix suave de la demoiselle qui a attiré l’auditeur peut ne pas répondre à la même beauté corporelle. En clair, certains s’attendent à rencontrer des fées. Lorsque ce n’est pas le cas, la faute retombe sur moi. Il y a également ceux et celles qui appellent à l’émission pour s’amuser. Pourtant, à mon humble avis l’émission aide des gens à sortir de leurs solitudes. C’est pourquoi je voudrais profiter de vos colonnes pour dire aux plaisantins de s’abstenir, ils feront du bien aux auditeurs ».

Sauf erreur de notre part, il n’existe pas pour le moment dans notre pays, une agence matrimoniale reconnue comme telle. Pour l’heure, seules des émissions du genre « folie- folie » ont aidé et aident encore les solitaires de se rencontrer.

Aujourd’hui, tout comme le médium qu’est la radio, Internet, via le tchat donne l’opportunité de façon gratuite et dans la plus stricte discrétion des possibilités de rencontre. Cette nouvelle donne n’est-elle pas une menace pour l’émission « folie folie » ?

« Non pas du tout du moins pour le moment », a lancé Adja. Pour elle, loin d’être un concurrent, le tchat, s’il fait le même travail qui est celui d’aider des hommes et des femmes à se rencontrer et à « s’aimer », chacun évolue dans un registre différent. « Le tchat aujourd’hui est encore un outil de quelques initiés. Pour tchatcher, il faut maîtriser l’outil informatique ce qui n’est pas chose aisée pour tout le monde.

Alors que pour mon émission, rien de plus facile, car qui ne connaît utiliser le téléphone dans notre pays. Je concède que folie folie a les mêmes difficultés que le tchat à savoir celle de la crédibilité, de la sincérité des annonceurs ». En effet, tout comme le net, on ne peut comment reconnaître par écrit ou par la voix que l’auditeur ou l’internaute est au sérieux, s’il est sincère par rapport à certaines informations qu’il donne. Si donc folie folie n’est pas menacée, il n’en demeure pas moins qu’une certaine concurrence est ouverte entre les deux médias. L’avenir nous dira qui des deux triomphera.. o

Mireille NONGA, commerçante
“J’ai autrefois été abusée par un étranger”

L’histoire de Mireille NONGA est comme celle de nombreuses autres filles qui ont été abusées par des hommes. Leur « péché » ? Avoir fait trop confiance aux rencontres sur le net. La chance de Mireille c’est d’avoir su panser ses blessures et repartir du bon pied avec cette fois-ci une bonne dose de prudence et d’attention en plus. « Si j’ai accepté témoigner c’est pour que d’autres filles ne tombent pas comme moi dans le piège de la confiance aveugle aux promesses tchatcheurs ».Espérons que ces mots seront entendues et serviront.

Comment es-tu venue au tchat, que cherchais-tu et qu’as-tu trouvé ?

Mireille NONGA : Deux choses m’ont amenée sur Internet en général et sur le tchat en particulier : les affaires et l’amour. Les affaires parce que je trouve qu’Internet est un outil magnifique et je crois que je ne me suis pas trompée, puisque ça marche pour moi. Pour l’amour aussi parce que c’est un lieu de rencontre comme tout autre et je peux vous dire que là aussi, le bonheur est au rendez-vous, même si j’ai dû supporter une horrible déception.

Quels genres d’affaires fais-tu sur le net ?
MN : Avant tout, je suis commerçante. Je vends des habits pour enfants et à ce titre, j’utilise les opportunités qu’offre Internet plus spécialement le tchat pour proposer mes articles.

Comment cela se passe concrètement ?
MN : Je me connecte comme tout le monde sur le tchat et je dialogue avec les uns et les autres surtout ceux qui sont à Ouagadougou et je leur propose mes produits. Pendant le dialogue ceux qui sont intéressés m’indiquent leur service et je me déplace pour leur livrer leurs commandes.

Vous êtes d’ailleurs l’exemple concret de ce commerce car si ce n’était pas à cause du tchat nous n’aurions certainement pas pu échanger sur le sujet et moi je n’aurais pas eu un client. J’ai également eu des amis d’affaires sur le tchat. En occurrence un Suisse et un Français. Le Suisse m’envoyait des téléphones portables que j’écoulais. Puis c’était du matériel informatique qu’il m’envoyait. Nous sommes toujours en contact. Avec le Français c’est la même chose. Lui m’envoie des habits.

Et du côté de l’amour ?
MN : Aujourd’hui, je peux dire que j’ai trouvé l’âme sœur, même si avant d’y arriver j’ai vécu une déception que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré quelqu’un de très bien, avec lui, on se comprend, on s’entend. Ça fait déjà deux ans qu’on se connaît et en juillet dernier, notre relation qui n’était jusque-là que du virtuel s’est concrétisée puisqu’il est venu passer trois semaines ici au Burkina avec moi. Je compte également le rejoindre et si tout va bien, dans quelques jours il sera de nouveau là. Mais pour tout vous dire cela ne s’est pas passé comme certains le croiront.

Il a fallu du temps et de la patience pour qu’on apprenne à se connaître, puis plus tard à se faire confiance avant d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Je ne me suis pas donnée comme ça en un premier temps. Il fallait que je l’étudie pour savoir si c’est quelqu’un de bien, de sérieux. La confiance s’est établie par la suite et on a commencé à se faire des cadeaux, à échanger nos photos ; pas des photos sexy. Je n’ai jamais donné de photos sexy sur le net à quelqu’un. C’est comme ça qu’on est parvenu à faire progresser notre amitié qui est devenue par la suite un amour réel.

Y a- t- il des perspectives pour que ça aboutisse au mariage un jour ?
MN : Même si notre relation n’aboutit pas au mariage, je ne regretterai rien, car ce n’est pas que dans le mariage qu’on est heureux dans la vie. Ce qui est sûr, nous avons des projets et même si on ne se marie pas la relation qui existe entre nous est quelque chose de formidable. Pour le moment le courant passe et pourvu que ça dure.

Parles -moi de la déception que tu as vécue sur le tchat MN : (silence) je ne veux plus revivre cela même en souvenir car ça été trop douloureux pour moi.

C’est vrai, mais ce que tu as vécu peut servir de leçon à d’autres personnes ?
MN : Non, c’est trop difficile !!! (soupir)

Essaie tout de même, ton témoignage peut aider…

MN : En fait… ( long silence ) J’ai connu un étranger il y a de cela quelques années. (soupir) On s’est connu par le tchat ; on a échangé nos mails et on correspondait. Au début j’ai tenu à connaître ses intentions à mon égard. Il m’a rassuré qu’il voulait faire du sérieux avec moi et que pour cela il allait venir au Burkina pour que nous puissions concrétiser notre relation. Avant qu’il ne vienne j’ai tenu à savoir sa situation matrimoniale et il m’a rassuré qu’il était séparé et qu’à ce niveau je n’avais pas du souci à me faire. Effectivement il a fait le déplacement de Ouagadougou… (silence, soupir)

Et que s’est-il passé ?

MN : Quand il est venu, je l’ai pris au sérieux parce que c’était un homme d’âge assez mûr puisqu’il avait la quarantaine sinon plus. J’ai eu une et une seule aventure avec lui à son hôtel. Après notre aventure tout allait bien. Deux, trois jours plus tard je n’arrivais plus à le voir ni au téléphone ni à son hôtel. Ce n’est que la veille de son départ qu’il m’a appelé pour me dire qu’il pensait que c’était mieux qu’on mette fin à notre relation ; parce que pour lui je suis une gamine. « Les gens vont mal voir notre relation, ils vont dire que j’exploite une gamine, c’est mieux qu’on arrête ».

Ça m’a choqué parce que, avant de venir, il connaissait mon âge, il connaissait tout ou presque de moi. Il est donc venu juste pour abuser de moi et il a bien réussi son coup. Par la suite j’apprendrai que monsieur n’était même pas séparé de sa femme et qu’il vivait toujours avec elle et avec leurs enfants. Ça m’a fait mal car malgré les précautions que j’ai prises avant qu’on ne se rencontre, toutes mes questions et tout, il m’a menti pour pouvoir abuser de moi. J’ai regretté et je regrette toujours ce passage de ma vie.

Pourquoi après cette douloureuse expérience tu continues de tchatcher ?

MN : Ça n’a pas été automatique, j’ai pris du temps pour me remettre de cette situation. Mieux, je ne pars plus sur le tchat pour chercher une âme sœur, mais bien pour proposer mes articles de commerce.

Si tu as un conseil à donner à celles qui sont tentées par le tchat ou qui sont accrocs et qui tentent l’expérience des rencontres amoureuses sur le net ; que leur diras-tu ?

MN : Vous savez, tout dépend de ce qu’on cherche sur le tchat. Côté sentiment, il y a deux situations : la première, aller au tchat poussé par l’appât du gain facile, le matériel…, dans l’idée de gruger les hommes. A coup sûr, tu vas avoir des problèmes parce que tu auras toutes sortes de propositions. Des propositions de genre 200 Euros par jour pour passer une semaine avec un couple de lesbiennes, 50000 Fcfa si tu acceptes de poser à moitié nu, etc. C’est dire que pour des novices cela peut être tentant et ça, c’est une autre forme de prostitution. Par contre si tu cherches une relation sérieuse sur le tchat, cela est aussi possible car le net est aussi un lieu de rencontres comme tout autre. On peut trouver l’amour, mais il faut être patiente, prudente, attentive et persévérante et ça va venir.o

M. Roch Audacien D. DAMIBA, conseiller conjugal
“Je ne vois pas comment un mariage sérieux peut être fondé sur ces relations qui naissent du net”

L’amour né du net peut- il prospérer ? Pourquoi de plus en plus de femmes se fient-elles au net pour chercher l’âme sœur ? Est-ce un échec des parents dans l’éducation des enfants ? Telles sont entre autres les questions que nous avons posées au spécialiste des couples, le conseiller conjugal Roch Audacien D. DAMIBA. L’homme qui n’est plus à présenter a accepté nous recevoir dans son cabinet où il exerce depuis son retour définitif du Niger. Sans détours, il a apporté des réponses à nos interrogations ; lisez plutôt.Qu’est ce qui selon vous pousse aujourd’hui des Burkinabé, particulièrement des femmes, à rechercher l’âme sœur sur le net ?

Roch Audacien D. DAMIBA : Je pense, à mon humble avis qu’il y a un constat à faire. Le constat que je fais c’est que, les jeunes filles, tout comme les garçons n’ont plus de repères. J’entends par repères, des personnes auprès desquelles, ils peuvent aller se confier, poser leurs problèmes, trouver des orientations. C’est comme si les jeunes sont laissés à eux-mêmes.

Et puis que avoir un(e), ami(e) est légitime, j’allais dire naturel, si on n’a pas de références ailleurs, si on n’a pas de base ailleurs, et que l’Internet via le tchat semble offrir ce cadre là, eh bien, ça ne sera que la course effrénée vers cette nouvelle donne. Il y a comme un déficit de cadre où effectivement, les jeunes auraient pu se rendre, pour trouver des gens, qui puissent les conseiller, les orienter. C’est comme ça que j’explique cette soudaine course vers le net pour rechercher l’âme sœur.

Existe-t-il une différence entre cette nouvelle donne et les bonnes vieilles habitudes de drague ?

RADD : Les deux systèmes, les deux démarches ont leurs avantages et leurs inconvénients. C’est vrai, les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres et d’échanges de lettres ne sont qu’une première étape qui ouvre une perspective de rencontre, de communication avec la personne désirée. Mais je me dis que, que ce soit par les bonnes vieilles habitudes, ou par le net, la décision finale ne peut pas s’arrêter à ce niveau, il faut un jour ou l’autre que les deux se rencontrent face-à-face, et sachent qui est réellement l’autre. Parce que par l’écrit seul, on peut se faire des illusions.

A mon avis, ce sont des démarches qui doivent nécessairement conduire à une rencontre physique. Et ce n’est qu’après cette rencontre sinon après plusieurs rencontres que l’un et l’autre pourront faire la part des choses avant de se décider.

En tant que spécialiste des couples, pensez-vous que l’amour né du virtuel peut prospérer ?

RADD : Je pense que c’est un amour qui est assez superficiel. D’abord, qu’est-ce que aimer et qu’est -ce qu’on aime chez la personne ? Ce n’est pas parce qu’elle m’envoie de très belles phrases ou des mots doux. L’amour en tant que tel doit impliquer la connaissance du caractère de l’autre.

Par exemple je sais qu’avec cette personne nous pouvons bâtir une vie commune, qu’elle a des qualités que j’apprécie. Je me demande comment par le tchat on peut dans un laps de temps connaître les qualités intrinsèques d’une personne. Je me dis que cela est un peu dangereux.

En tant que spécialiste des couples, je ne vois pas comment un mariage sérieux peut véritablement être fondé sur ces relations qui naissent du net à moins que ces premiers pas ne conduisent à des contacts physiques et un temps que l’on prendra pour se connaître pour savoir qui est l’autre.

Avant de nouer une relation solide, nous avons besoin de connaître quel est notre arrière plan culturel, social, qu’est-ce qu’on a été dans le temps. Parce que, quand on épouse une personne, on épouse le tout. Je ne pense donc pas qu’avec le net on puisse vraiment arriver à cela. C’est vrai qu’on ne peut jamais connaître totalement l’autre mais il y a tout de même un minimum de paramètres qu’il faut maîtriser avant de dire ; je lie ma vie à telle personne.

Le temps d’observation fait de rencontres physiques est donc primordial dans la consolidation des couples ?

RAD.D : Ecoutez ! Je reçois dans mon cabinet toutes sortes de personnes avec des expériences diverses et j’en retiens que des gens qui se sont rencontrés et qui n’ont pas pris le temps de poser entre elles certaines questions ; de mûrir ensemble, … c’est dangereux. J’ai vu des gens qui sont venus me dire, « je ne reconnais plus la personne que j’ai épousée en fait, je m’étais trompé sur son compte ».

Si déjà, avec un minimum de contacts, de découverte on arrive à de telles conclusions, que dire alors si cette affaire est basée sur des échanges virtuels ? Je pense donc que ce sont des relations qui aboutissent difficilement. Mais, je préfère être prudent pour dire qu’on ne sait jamais ; il se peut qu’il y ait des gens, qui par ce biais, ont réussi à fonder un foyer stable, harmonieux. Mais tout de même je pense que ce serait des exceptions qui confirment la règle.

Pensez-vous donc que les parents ont échoué dans l’éducation des enfants ?

RAD.D : C’est clair ! Pour moi, tout le problème est là. Je ne crois pas que c’est de bon cœur que les jeunes courent vers le net. C’est parce qu’à la maison, il ne sont pas encadrés. On ne leur montre pas quelle est l’importance du mariage ; à quoi ils s’engagent,… sinon ils comprendraient que ce n’est pas par le net qu’il faut courir pour chercher l’âme sœur.

Je crois que quelque part, les parents ont échoué. Il y a une démission aujourd’hui et là, comme j’aime souvent le dire, "ça va nous entendre tous". Parce que, on va assister de plus en plus à des mariages disloqués et Dieu seul sait ce que ça fait quand un foyer est rompu.

Les dégâts sont inimaginables, pas seulement pour les deux, mais aussi les enfants s’il y’en a eu et même les parents. Un mariage défait a des conséquences sur au moins une dizaine de personnes autour. Ce n’est pas impunément donc qu’on s’engage avec légèreté dans le mariage. Il y a toujours des conséquences. Et pour répondre à votre question, je pense qu’il y a une importante responsabilité des parents et il faut que cela soit dit.

En tant que spécialiste, quels conseils à l’endroit des tchatcheurs et tchatcheuses qui espèrent une rencontre pour fonder un foyer ?

RADD : Encore une fois, je dis que ce n’est pas de leur faute ; c’est parce qu’ils se sentent abandonnés, qu’ils sont obligés de courir vers le net. Mais, connaissant la portée du mariage, je leur dis que ce n’est pas une base solide pour fonder un foyer. Par conséquent, ils feraient mieux de retourner aux bonnes vieilles habitudes et entre autres s’approcher des aînés. Je crois que si les aînés n’ont pas le courage de faire le premier pas vers les jeunes, c’est aux jeunes d’aller vers eux pour poser leurs problèmes.

Tout dernièrement j’étais avec un jeune homme marié et avec 17 ans de mariage et il m’a dit quelque chose qui a retenu mon attention ; il a dit : « Je n’appelle plus ça ma femme, mais la mère de mes enfants ». Je lui ai demandé quelle était la différence, et il m’a dit, qu’il était allé au village, et que les vieux lui ont dit qu’ils ne considéraient pas leurs épouses comme telles mais les mères de leurs enfants.

C’est selon eux un lien plus fort, ça veut dire que les femmes ne sont pas n’importe qui, quand elles sont mères. Quand tu dis c’est ma femme, ça veut dire que c’est un autre être que tu peux balancer du jour au lendemain ; quand tu dis la maman de mes enfants, le lien est plus fort ! Vous comprenez ? Alors moi j’ai appris la leçon.

Je pense que les jeunes auront beaucoup à gagner en s’approchant des aînés voire des spécialistes tels que les conseillers matrimoniaux, les conseillers conjugaux… Ce n’est pas pour faire de la pub. En tout cas les jeunes doivent recourir aux avis des gens habilités à les conseiller car je crois que le net ne suffit pas.o

Mon expérience du tchat

Après avoir passé plus de 300 heures sur le tchat au rythme d’environ 4 heures par jour, reçu plus de 80 numéros de téléphone et une cinquantaine d’adresses e-mail de tchatcheuses, après avoir honoré une dizaine de rendez-vous, je puis affirmer sans risque de me tromper que de plus en plus de Burkinabé se fient au net pour trouver l’âme sœur.

De Ouagadougou à Bobo en passant par Ouahigouya, etc. partout au Burkina où la connexion est bonne, de nombreuses femmes ou filles s’en donnent à cœur joie. Le plus souvent, les yeux de nos tchatcheuses sont tournés vers l’étranger plus précisément vers les tchatcheurs de l’Occident.

Mes recherches ont démontré que pour être sûr de faire de belles rencontres, les messieurs doivent savoir se présenter : avoir un âge compris entre 30 ans et plus, vous donnera plus de chances de « séduire ». En plus, si vous avez une situation stable, (puisqu’en général la première question que les dames posent, c’est qu’est que tu fais dans la vie) vous êtes sûr de décrocher une adresse téléphonique ou un e-mail. Avec une telle présentation, les femmes vous prennent plus au sérieux.

J’ai remarqué également que bon nombre de femmes du net (pour celles qui cherchent à établir une relation sérieuse) préfèrent d’abord, sécurité oblige, échanger par mail ou par téléphone avant d’envisager toute rencontre. C’est dire donc que pour les messieurs la présentation reste très importante si vous voulez vous faire des amies et pourquoi pas des amours.

Sur le tchat, on trouve du tout. Autant les hétéros cherchent des partenaires, autant les homosexuels essaient de faire des rencontres. A côté de tout ce beau monde se bousculent aussi, les e-prostituées.

Les "e-prostituées" sont des professionnelles du sexe qui ont trouvé « l’ingénieuse » idée de proposer leurs charmes aux hommes sur le net. Pour elles, le tchat est un espace sûr et discret pour tout le monde mais plus encore pour elles. « Avec le client je discute de tout avant qu’on ne se rencontre. Il arrive même que certains me demandent de me décrire pour qu’ils sachent si je réponds à leur goût, d’autres précisent les postures qu’ils veulent, que nous adoptions une fois au lit ; nous discutons éventuellement du prix, et bien d’autres choses avant de nous rencontrer. C’est dire qu’on arrive à mieux appréhender les désirs des clients pour mieux les satisfaire », nous a confié D.M. 

Dans ce fourre tout où il est difficile sinon impossible de savoir qui est qui et quelles sont les intentions des uns et des autres, la prudence s’impose pour celles qui cherchent avec sérieux l’âme sœur. A dire vrai, le tchat, c’est comme de la drogue. Plus on en « prend », plus on devient accroc et plus il est difficile de se déconnecter. Le tchat, c’est à « consommer » avec modération si on veut éviter de tomber dans le piège des relations faciles et simplistes.

Comment tchatcher ?

Pour ceux qui voudront vérifier par eux-mêmes, l’ampleur du phénomène, c’est très simple. Il suffit d’aller sur www...com . A la page d’accueil du site vous trouverez deux fenêtres. Cliquez sur la fenêtre visiteur. Une fois que vous y êtes, suivez les instructions en vous choisissant un pseudonyme, présentez vous en explicitant ce que vous chercher sur le tchat. Préciser votre âge et votre sexe, surtout n’oublier pas de choisir le pays dans lequel vous voudriez avoir des correspondants. La précision sur le pays est importante pour ceux qui veulent des rencontres de proximités notamment au Burkina.

Une fois que vous avez rempli correctement toutes les cases, cliquez sur OK pour rejoindre les internautes déjà en ligne. Il ne vous reste plus qu’a cliquer sur les pseudonymes de ceux et celles en ligne pour dialoguer. A chaque fois que vous cliquerez sur un nom, une fenêtre va s’ouvrir vous permettant d’envoyer un message à votre correspondant. Une fois le message écrit, cliquez sur envoyer. Plus vous enverrez des messages (surtout pour les messieurs) plus vous en recevrez de la part des femmes.

Ne vous attendez pas à ce qu’elles soient les premières à vous écrirent, car elles sont à chaque fois déborder de messages à répondre. Dès que le voyant vert s’allume sachez que vous venez d’avoir un message. Dernière chose, le tchat est comme une drogue une fois que vous êtes accroché, vous l’êtes jusqu’au cou. Tchatcher donc avec modération. A bon entendeur salut.

Qu’en pensent les spécialistes du comportement des rencontres sur Internet ? Effet de mode ou réel besoin de rechercher l’âme sœur ? L’amour du virtuel a-t-il des chances de prospérer dans notre société ? Nous avons essayé d’avoir des éclaircissements avec M. Athanase NIKIEMA psychologue et spécialiste de comportement humain.

Nombreux sont ceux qui pensent que les problèmes du continent africain proviennent « des singeries » que sans cesse ses fils imitent de l’occident. Des imitations en total déphasage le plus souvent avec nos réalités, nos vécues, nos us et coutumes. On ne prend pas assez le temps d’adapter les choses à nos réalités.

Les TIC ne dérogent pas à cette vérité. Les rencontres sur Internet via le tchat sont l’expression concrète de cette assertion. Pour le spécialiste du comportement cette course effrénée pour les rencontres peut être analysé sous plusieurs angles. Il y a la recherche de la facilité. Une situation qui s’explique par la peur. La peur d’être rejeté par l’autre. Sur le tchat, la barrière du virtuel, permet à chacun de se préparer à dominer cette peur avant de décider d’une quelconque rencontre qu’on pourra toujours annuler. En somme, le tchatcheur détient les cartes en mains.

Qu’en est-il du cas spécifique des femmes ?

« Pour ce qui concerne la présence des femmes sur le tchat à la recherche de l’âme sœur, il faut le placer sous l’angle de la déception. Certes la déception est commune, parce que présente également chez les homme. Mais, chez la femme, cela s’explique surtout par des cas de déception qui se dissimule dans la méfiance vis-à-vis des hommes.

L’Internet donne alors une possibilité à ces femmes de poser des préalables qui sont ceux de la découverte de l’autre pendant un certain temps pour au moins rechercher des points d’affinités avant d’envisager toute rencontre », a soutenu M Athanase NILKIEMA. Pour le spécialiste, d’autres femmes y vont au tchat parce qu’elles jugent que dans les bonnes vieilles méthodes de dragues elles ne trouvent pas satisfaction. « Soit parce qu’elles trouvent que les hommes viennent peu vers elles, ou bien elles considèrent que ceux qui viennent vers elles ne les satisfont pas. Par conséquent, elles s’en vont chercher ailleurs.

J’ai fais une prospection sur le tchat et je me suis rendu compte que la plupart des personnes de sexe féminin qui y vont sont des sujets qui disent n’avoir pas été abordés pendant un certain temps par un homme. Ce sont des personnes qui trouvent que les hommes ne viennent pas régulièrement vers elles. Elles sont en manquent d’affection côté homme et le tchat est un moyen de pouvoir combler ce vide affectif ».

Cela peut s’expliquer aussi par une approche de la personnalité de la tchatcheuse. Ce que le psychologue appelle le déterminisme de la personnalité. « Ce déterminisme s’appuie sur l’environnement dans lequel il évolue et le milieu familial où elle se trouve joue un rôle et à sa part d’influence sur le psychisme et détermine déjà un profile psychologique en attendant que l’environnement extérieur par achève cette personnalité. C’est dire donc que les parents n’obtiennent pas de leurs enfants la personnalité qu’ils veulent d’eux. Une personnalité s’acquière à partir d’un certain nombre d’expériences vécues ».

Un amour bâti sur du sable ?

L’étude du comportement de l’individu débouche sans conteste sur la société dans laquelle il évolue. De ce fait la psychologie qui étudie le comportement de l’individu prend en compte son milieu. Le contexte socioculturel est donc un facteur déterminant dans la consolidation des relations d’amitié et d’amour des individus évoluant dans une même société.De l’avis du spécialiste, il sera difficile pour ce genre de couple de prospérer dans leur amour au regard du contexte dans lequel ils évoluent.

Et d’affirmé : « Je vois mal des gens qui se sont rencontrés sur Internet aller dire à leurs parents l’origine de leur rencontre, ils seront gênés. De la même manière qu’une fille n’aimera pas qu’on dise le jour de son mariage qu’on la rencontre sur la route, de cette même manière, elle n’aimera pas qu’on dise que la rencontre s’est faite sur Internet. Et je ne vois pas comment leurs parents de cette fille pourront comprendre et même tolérer cela. C’est dire donc que c’est un couple qui va s’engager en se voilant la face en évitant de dire la vérité sur leur rencontre. Et comme vous le savez, tout ce qui se construit dans le mensonge a peu de chance de prospérer »

Un danger pour notre société

Le mariage en Afrique de façon générale et au Burkina en particulier est une affaire de famille. Il va au delà des deux individus qui se sont vus, qui se sont aimés et qui ont décidé d’unir leur destin. C’est dire donc que c’est un évènement à prendre avec le plus grand sérieux. Au-delà du danger que constitue l’Internet avec les prédateurs que sont les maniaques sexuels et autres proxénètes à l’affût avec des propositions alléchantes, pour le spécialiste, le danger va plus loin que cela : « Les rencontres sur le net, si elles prennent de l’ampleur pourraient à terme provoquer une grave fracture sociale.

Au niveau des individus, l’incompréhension et le déphasage avec nos réalités sociales feront qu’en eux-mêmes ils ne pourront pas construire vraiment quelque chose de consistant à partir de leur union ce qui va causer une rupture sociale à partir du moment donc où ce phénomène prendra de l’ampleur, ce sera la déchéance de la société ».

Savoir raison garder, mûrir sa réflexion, se projeter dans le futur et se questionner sur l’avenir d’un couple fonder à partir des rencontres faites sur le net, telle est la réflexion que lance M. NIKIEMA à toutes celles et à tous ceux qui pensent que leur bonheur se trouve sur le net.

A chacun donc de se faire sa propre opinion et savoir quel genre de foyer il veut bâtir pour lui-même et pour sa progéniture. Ce foyer sera-t-il en phase avec nos valeurs sociales et culturelles ?

Trouver l’âme sœur par ces temps qui courent devient de plus en plus difficile. Et pour les femmes, et pour les hommes. Les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres lors de diverses cérémonies (mariages, baptêmes, funérailles, etc.) ou en des occasions courantes de la vie (écoles, marchés, famille, etc.) ne suffisent plus. Et comme la nature a horreur du vide, on a vite fait d’inventer d’autres moyens pour régler le problème. Dans ce petit jeu, ce qu’on appelait il n’y a pas encore longtemps les "Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)" occupent une place de choix. Ainsi de plus en plus de Burkinabé cherchent l’âme sœur sur le net à travers ce qu’on appelle le « tchat ». Pendant plus de deux mois, nous nous sommes « inscrits » à cette « nouvelle école de drague ». Le résultat est plus qu’édifiant.

Djénéba TONDE, en pleine séance de tchat

Il est 13h. Pendant que bon nombre de Burkinabé sont à table ou en train de se reposer, E.K, elle, a choisi de rester au service, et même, de « sacrifier » son repas de midi pour naviguer. Calée devant son ordinateur et bénéficiant de la connexion haut débit, c’est à peine si elle a encore les pieds sur terre, tellement elle est concentrée sur son affaire : le tchat. Selon elle, c’est le meilleur moment pour espérer dénicher une rencontre. Vous l’aurez compris, E.K fait comme beaucoup d’autres Burkinabé qui se retrouvent sur la toile mondiale à travers le tchat, pour se faire des amis (es), des amoureux ou tout simplement dialoguer, échanger avec d’autres. C’est le moment où l’audience est la forte. Pendant deux heures et demie sinon même plus (puisqu’il arrive que pendant les heures de service certains soient toujours connectés) E.K va envoyer des messages et en recevoir, échanger des adresses, avoir des rendez-vous, tout cela dans le but ultime de se faire une relation amoureuse.
Est-il difficile ou facile d’aborder une fille, un garçon, sur le net ? Les relations établies via le virtuel peuvent-elles aboutir à quelque chose de concret voire de solide ? Des questions qui méritent des études poussées. Mais une chose est d’ores et déjà sûre, de plus en plus de Burkinabè toutes catégories socio-professionnelles et d’âges confondues s’essayent avec plus ou moins de bonheur dans la recherche de l’âme sœur sur le net. A travers l’agence matrimoniale virtuelle gratuite et sans intermédiaire se nouent ainsi des contacts d’amitié, des relations amoureuses, etc. L’amitié, l’amour sont donc possibles sur le net. Du pseudonyme à son véritable nom qu’on va donner à son « ami », s’établit en l’espace de cinq, dix minutes, voire une heure ou des jours de dialogue, une certaine confiance. « Le tchat est pour moi un espace d’évasion de rencontre, de divertissement. A chaque fois que je me retrouve sur le tchat cela me permet de me faire des amis au plan national et même international ; bref c’est un espace d’échange et de partage », nous a confié Alima BAMBARA. Si pour certains le tchat n’est rien d’autre qu’un espace de dialogue, d’échange et d’évasion, pour d’autres, il représente beaucoup plus. Il est une véritable agence matrimoniale à laquelle beaucoup s’agrippent et espèrent trouver le ou la partenaire idéal (e).

Le tchat une agence matrimoniale ?
Les cybercentres ne désemplissent pas

L’agence matrimoniale conventionnelle est un établissement commercial ayant pour vocation de marier des hommes et des femmes. Dans ce genre d’établissement, l’homme ou la femme qui est à la recherche de l’âme sœur exprime ses préférences, ses goûts, etc. Le tchat, c’est tout autre chose. C’est d’abord un espace de dialogue, de bavardage comme l’explique le petit Larousse. C’est au cours de ces bavardages virtuels que des « liens » se tissent. Le tchatcheur ou la tchatcheuse, à travers une brève présentation indique déjà ses intentions et ses désirs. Du dialogue simple en passant par l’amitié simple ou sincère, et voire plus, sont des indications qui permettent à chacun de se situer. Pour tout dire, il y en a qui sont directs et qui demandent le mariage (Jeune fille de 24 ans cherche homme sérieux pour amitié sincère pouvant aboutir au mariage). « Je suis une fille-mère de 30 ans. Chaque fois que je vais sur le tchat, je nourris le secret espoir de rencontrer quelqu’un. Vous savez de nos jours les hommes n’abordent plus les femmes comme à l’accoutumée. Comme vous le savez, il n’est pas permis dans nos mœurs à la jeune fille où à la femme d’aborder même quand elle trouve l’homme qui lui plaît. Mais sur le tchat cela est possible. Pour ce qui est des résultats, je peux vous dire que c’est extraordinaire ! », a laissé entendre E.K secrétaire dans un ministère de la place. Pour Alphonsine C. comptable dans une société privée « ça va faire bientôt 6 mois que je m’essaie au tchat et je dois dire que pour moi le résultat est plus qu’encourageant. Je crois avoir trouvé ce que je cherche. J’ai déjà pu passer du virtuel au concret puisque j’ai pu rencontrer le monsieur en question et avec lui nous sommes pour l’heure de très bons amis et ça se pourrait qu’on aille plus loin puisqu’on s’entend, on se comprend ; bref on se fréquente assidûment ». Tout comme ces deux tchatcheuses, elles sont nombreuses à se réjouir des « bienfaits » du tchat. Il faut dire que les femmes ne sont pas seules sur le tchat à chercher l’âme sœur. Les hommes ne sont pas non plus en reste. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur les écrans des femmes quand, elles sont connectées. « La multitude » de messages qu’elles reçoivent prouvent que le sexe opposé est aux aguets et prêt à sauter sur toute occasion qui se présente. « De temps en temps je vais sur le tchat. Mon objectif est de rencontrer une femme qui a l’argent. C’est pourquoi, je ne tchate qu’avec celles qui ont la cinquantaine, voire plus. Surtout celles qui vivent en Occident et qui veulent de la bonne compagnie », nous a confié E. AGBODU un jeune Nigérian qui semble s’y connaître et qui assure avoir des résultats. Des témoignages font état même d’unions qui auraient déjà été scellées par le biais des rencontres du net.

Effet de mode ou réel besoin ?
A l’image de Djénéba TONDE, elles sont nombreuses à s’intéresser aux rencontres sur le net

Les TIC prennent de plus en plus de place dans les faits et agissements des Burkinabé. Loin d’être un phénomène de mode, c’est juste une adaptation mise à contribution des nouveaux moyens de communication. Pour Evariste NIKIEMA journaliste culturel et tchatcheur, « le tchat est un espace de liberté et les femmes ne font que s’adapter. N’oubliez pas que pendant longtemps les gens s’écrivaient des lettres pour se draguer avec toutes les compromissions que cela pouvait avoir si la femme n’était pas d’accord. Ce n’est pas le cas avec le tchat. L’avantage du tchat c’est qu’il ne laisse pas de trace et la discrétion est assurée jusqu’à ce que vous décidiez de vous rencontrer. » Là-dessus le Burkina Faso semble être en retard par rapport à certains pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire où l’audience féminine se compte en milliers alors qu’au Burkina elle est probablement de quelques centaines. Le phénomène est en train de prendre de l’ampleur. A côté des espaces traditionnels de rencontres que sont les mariages, baptêmes, funérailles, etc. ... le net via le tchat est en train d’occuper un espace de plus en plus important. Bien malin qui pourra prédire jusqu’où tout cela va mener. Le sourire qu’affiche EK à chaque fois qu’elle obtient un numéro de téléphone ou une adresse émail, prouve que le phénomène a des beaux jours devant lui. Mais notre amie s’aura-t-elle s’arrêter un jour pour ne pas devenir accroc ? Rien n’est moins sûr. En effet, il est à craindre que tout cela ne devienne un véritable virus dont elle aura toutes les peines du monde à s’en débarrasser.o

Adja TRAORE, animatrice à Horizon FM

"Le Tchad n’est pas une menace pour folie-folie"

Face à la nouvelle donne que sont les rencontres sur Internet, quel avenir peut-on réserver aux agences matrimoniales ? Ou encore à une émission de rencontre comme « folie- folie » ? Peuvent-elles encore prospérer ? Nous avons rencontré l’animatrice de la plus célèbre émission de rencontre de la ville de Ouagadougou, Adja TRAORE. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sereine quant à la survie de son émission face à la montée du tchat.

« Folie folie » est la première émission de rencontre que la ville de Ouagadougou a connue. Émission critiquée par les uns et adulée par les autres, elle fait partie des émissions phares de la première Radio libre d’Afrique Horizon FM donc le fondateur n’est autre que le bouillant d’idées Moustapha Laabli THIOMBIANO. Depuis un certain nombre d’années cette émission a tracé son chemin dans l’espace médiatique burkinabé. « Au jour d’aujourd’hui, je peux vous affirmer que l’émission a concrétisé des rencontres dont certaines se sont soldées par des mariages », nous a confié fièrement Adja TRAORE. C’est dire donc que cette « agence matrimoniale par voix des ondes » fait des heureux dans notre pays. « Le principe de l’émission est simple. Elle ne dure que 30mns et au cours de cette demi-heure, des hommes et des femmes appellent pour solliciter des rencontres. Comme dans toute agence matrimoniale ils expriment leurs besoins à travers un certain nombre de critères de choix et nous essayons de leur donner des coordonnées de correspondants qui plus ou moins répondent à leurs critères », a laissé entendre l’animatrice de « folie folie ».Une tâche qui n’est pas sans difficulté pour la belle Adja qui n’est pas à l’abris des courroux de certains auditeurs. « Il arrive souvent que des auditeurs s’en prennent à moi soit parce qu’ils trouvent que l’homme ou la femme avec qui ils ont obtenu rendez-vous ne répond pas à leur attente. La voix suave de la demoiselle qui a attiré l’auditeur peut ne pas répondre à la même beauté corporelle. En clair, certains s’attendent à rencontrer des fées. Lorsque ce n’est pas le cas, la faute retombe sur moi. Il y a également ceux et celles qui appellent à l’émission pour s’amuser. Pourtant, à mon humble avis l’émission aide des gens à sortir de leurs solitudes. C’est pourquoi je voudrais profiter de vos colonnes pour dire aux plaisantins de s’abstenir, ils feront du bien aux auditeurs ». Sauf erreur de notre part, il n’existe pas pour le moment dans notre pays, une agence matrimoniale reconnue comme telle. Pour l’heure, seules des émissions du genre « folie- folie » ont aidé et aident encore les solitaires de se rencontrer. Aujourd’hui, tout comme le médium qu’est la radio, Internet, via le tchat donne l’opportunité de façon gratuite et dans la plus stricte discrétion des possibilités de rencontre. Cette nouvelle donne n’est-elle pas une menace pour l’émission « folie folie » ? « Non pas du tout du moins pour le moment », a lancé Adja. Pour elle, loin d’être un concurrent, le tchat, s’il fait le même travail qui est celui d’aider des hommes et des femmes à se rencontrer et à « s’aimer », chacun évolue dans un registre différent. « Le tchat aujourd’hui est encore un outil de quelques initiés. Pour tchatcher, il faut maîtriser l’outil informatique ce qui n’est pas chose aisée pour tout le monde. Alors que pour mon émission, rien de plus facile, car qui ne connaît utiliser le téléphone dans notre pays. Je concède que folie folie a les mêmes difficultés que le tchat à savoir celle de la crédibilité, de la sincérité des annonceurs ». En effet, tout comme le net, on ne peut comment reconnaître par écrit ou par la voix que l’auditeur ou l’internaute est au sérieux, s’il est sincère par rapport à certaines informations qu’il donne. Si donc folie folie n’est pas menacée, il n’en demeure pas moins qu’une certaine concurrence est ouverte entre les deux médias. L’avenir nous dira qui des deux triomphera.. o

Par Frédéric ILBOUDO

Mireille NONGA, commerçante
“J’ai autrefois été abusée par un étranger”

L’histoire de Mireille NONGA est comme celle de nombreuses autres filles qui ont été abusées par des hommes. Leur « péché » ? Avoir fait trop confiance aux rencontres sur le net. La chance de Mireille c’est d’avoir su panser ses blessures et repartir du bon pied avec cette fois-ci une bonne dose de prudence et d’attention en plus. « Si j’ai accepté témoigner c’est pour que d’autres filles ne tombent pas comme moi dans le piège de la confiance aveugle aux promesses tchatcheurs ».Espérons que ces mots seront entendues et serviront.

Comment es-tu venue au tchat, que cherchais-tu et qu’as-tu trouvé ?
Mireille NONGA : Deux choses m’ont amenée sur Internet en général et sur le tchat en particulier : les affaires et l’amour. Les affaires parce que je trouve qu’Internet est un outil magnifique et je crois que je ne me suis pas trompée, puisque ça marche pour moi. Pour l’amour aussi parce que c’est un lieu de rencontre comme tout autre et je peux vous dire que là aussi, le bonheur est au rendez-vous, même si j’ai dû supporter une horrible déception.

Quels genres d’affaires fais-tu sur le net ?
MN : Avant tout, je suis commerçante. Je vends des habits pour enfants et à ce titre, j’utilise les opportunités qu’offre Internet plus spécialement le tchat pour proposer mes articles.

Comment cela se passe concrètement ?
MN : Je me connecte comme tout le monde sur le tchat et je dialogue avec les uns et les autres surtout ceux qui sont à Ouagadougou et je leur propose mes produits. Pendant le dialogue ceux qui sont intéressés m’indiquent leur service et je me déplace pour leur livrer leurs commandes. Vous êtes d’ailleurs l’exemple concret de ce commerce car si ce n’était pas à cause du tchat nous n’aurions certainement pas pu échanger sur le sujet et moi je n’aurais pas eu un client. J’ai également eu des amis d’affaires sur le tchat. En occurrence un Suisse et un Français. Le Suisse m’envoyait des téléphones portables que j’écoulais. Puis c’était du matériel informatique qu’il m’envoyait. Nous sommes toujours en contact. Avec le Français c’est la même chose. Lui m’envoie des habits.

Et du côté de l’amour ?
MN : Aujourd’hui, je peux dire que j’ai trouvé l’âme sœur, même si avant d’y arriver j’ai vécu une déception que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré quelqu’un de très bien, avec lui, on se comprend, on s’entend. Ça fait déjà deux ans qu’on se connaît et en juillet dernier, notre relation qui n’était jusque-là que du virtuel s’est concrétisée puisqu’il est venu passer trois semaines ici au Burkina avec moi. Je compte également le rejoindre et si tout va bien, dans quelques jours il sera de nouveau là. Mais pour tout vous dire cela ne s’est pas passé comme certains le croiront. Il a fallu du temps et de la patience pour qu’on apprenne à se connaître, puis plus tard à se faire confiance avant d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Je ne me suis pas donnée comme ça en un premier temps. Il fallait que je l’étudie pour savoir si c’est quelqu’un de bien, de sérieux. La confiance s’est établie par la suite et on a commencé à se faire des cadeaux, à échanger nos photos ; pas des photos sexy. Je n’ai jamais donné de photos sexy sur le net à quelqu’un. C’est comme ça qu’on est parvenu à faire progresser notre amitié qui est devenue par la suite un amour réel.

Y a- t- il des perspectives pour que ça aboutisse au mariage un jour ?
MN : Même si notre relation n’aboutit pas au mariage, je ne regretterai rien, car ce n’est pas que dans le mariage qu’on est heureux dans la vie. Ce qui est sûr, nous avons des projets et même si on ne se marie pas la relation qui existe entre nous est quelque chose de formidable. Pour le moment le courant passe et pourvu que ça dure.

Parles -moi de la déception que tu as vécue sur le tchat
MN : (silence) je ne veux plus revivre cela même en souvenir car ça été trop douloureux pour moi.

C’est vrai, mais ce que tu as vécu peut servir de leçon à d’autres personnes ?
MN : Non, c’est trop difficile !!! (soupir)

Essaie tout de même, ton témoignage peut aider…
MN : En fait… ( long silence ) J’ai connu un étranger il y a de cela quelques années. (soupir) On s’est connu par le tchat ; on a échangé nos mails et on correspondait. Au début j’ai tenu à connaître ses intentions à mon égard. Il m’a rassuré qu’il voulait faire du sérieux avec moi et que pour cela il allait venir au Burkina pour que nous puissions concrétiser notre relation. Avant qu’il ne vienne j’ai tenu à savoir sa situation matrimoniale et il m’a rassuré qu’il était séparé et qu’à ce niveau je n’avais pas du souci à me faire. Effectivement il a fait le déplacement de Ouagadougou… (silence, soupir)

Et que s’est-il passé ?
MN : Quand il est venu, je l’ai pris au sérieux parce que c’était un homme d’âge assez mûr puisqu’il avait la quarantaine sinon plus. J’ai eu une et une seule aventure avec lui à son hôtel. Après notre aventure tout allait bien. Deux, trois jours plus tard je n’arrivais plus à le voir ni au téléphone ni à son hôtel. Ce n’est que la veille de son départ qu’il m’a appelé pour me dire qu’il pensait que c’était mieux qu’on mette fin à notre relation ; parce que pour lui je suis une gamine. « Les gens vont mal voir notre relation, ils vont dire que j’exploite une gamine, c’est mieux qu’on arrête ».
Ça m’a choqué parce que, avant de venir, il connaissait mon âge, il connaissait tout ou presque de moi. Il est donc venu juste pour abuser de moi et il a bien réussi son coup. Par la suite j’apprendrai que monsieur n’était même pas séparé de sa femme et qu’il vivait toujours avec elle et avec leurs enfants. Ça m’a fait mal car malgré les précautions que j’ai prises avant qu’on ne se rencontre, toutes mes questions et tout, il m’a menti pour pouvoir abuser de moi. J’ai regretté et je regrette toujours ce passage de ma vie.

Pourquoi après cette douloureuse expérience tu continues de tchatcher ?
MN : Ça n’a pas été automatique, j’ai pris du temps pour me remettre de cette situation. Mieux, je ne pars plus sur le tchat pour chercher une âme sœur, mais bien pour proposer mes articles de commerce.

Si tu as un conseil à donner à celles qui sont tentées par le tchat ou qui sont accrocs et qui tentent l’expérience des rencontres amoureuses sur le net ; que leur diras-tu ?
MN : Vous savez, tout dépend de ce qu’on cherche sur le tchat. Côté sentiment, il y a deux situations : la première, aller au tchat poussé par l’appât du gain facile, le matériel…, dans l’idée de gruger les hommes. A coup sûr, tu vas avoir des problèmes parce que tu auras toutes sortes de propositions. Des propositions de genre 200 Euros par jour pour passer une semaine avec un couple de lesbiennes, 50000 Fcfa si tu acceptes de poser à moitié nu, etc. C’est dire que pour des novices cela peut être tentant et ça, c’est une autre forme de prostitution. Par contre si tu cherches une relation sérieuse sur le tchat, cela est aussi possible car le net est aussi un lieu de rencontres comme tout autre. On peut trouver l’amour, mais il faut être patiente, prudente, attentive et persévérante et ça va venir.o

Par Frédéric ILBOUDO

M. Roch Audacien D. DAMIBA, conseiller conjugal
“Je ne vois pas comment un mariage sérieux peut être fondé sur ces relations qui naissent du net”

L’amour né du net peut- il prospérer ? Pourquoi de plus en plus de femmes se fient-elles au net pour chercher l’âme sœur ? Est-ce un échec des parents dans l’éducation des enfants ? Telles sont entre autres les questions que nous avons posées au spécialiste des couples, le conseiller conjugal Roch Audacien D. DAMIBA. L’homme qui n’est plus à présenter a accepté nous recevoir dans son cabinet où il exerce depuis son retour définitif du Niger. Sans détours, il a apporté des réponses à nos interrogations ; lisez plutôt.

Qu’est ce qui selon vous pousse aujourd’hui des Burkinabé, particulièrement des femmes, à rechercher l’âme sœur sur le net ?
Roch Audacien D. DAMIBA : Je pense, à mon humble avis qu’il y a un constat à faire. Le constat que je fais c’est que, les jeunes filles, tout comme les garçons n’ont plus de repères. J’entends par repères, des personnes auprès desquelles, ils peuvent aller se confier, poser leurs problèmes, trouver des orientations. C’est comme si les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Et puis que avoir un(e), ami(e) est légitime, j’allais dire naturel, si on n’a pas de références ailleurs, si on n’a pas de base ailleurs, et que l’Internet via le tchat semble offrir ce cadre là, eh bien, ça ne sera que la course effrénée vers cette nouvelle donne. Il y a comme un déficit de cadre où effectivement, les jeunes auraient pu se rendre, pour trouver des gens, qui puissent les conseiller, les orienter. C’est comme ça que j’explique cette soudaine course vers le net pour rechercher l’âme sœur.

Existe-t-il une différence entre cette nouvelle donne et les bonnes vieilles habitudes de drague ?
RADD : Les deux systèmes, les deux démarches ont leurs avantages et leurs inconvénients. C’est vrai, les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres et d’échanges de lettres ne sont qu’une première étape qui ouvre une perspective de rencontre, de communication avec la personne désirée. Mais je me dis que, que ce soit par les bonnes vieilles habitudes, ou par le net, la décision finale ne peut pas s’arrêter à ce niveau, il faut un jour ou l’autre que les deux se rencontrent face-à-face, et sachent qui est réellement l’autre. Parce que par l’écrit seul, on peut se faire des illusions. A mon avis, ce sont des démarches qui doivent nécessairement conduire à une rencontre physique. Et ce n’est qu’après cette rencontre sinon après plusieurs rencontres que l’un et l’autre pourront faire la part des choses avant de se décider.

En tant que spécialiste des couples, pensez-vous que l’amour né du virtuel peut prospérer ?
RADD : Je pense que c’est un amour qui est assez superficiel. D’abord, qu’est-ce que aimer et qu’est -ce qu’on aime chez la personne ? Ce n’est pas parce qu’elle m’envoie de très belles phrases ou des mots doux. L’amour en tant que tel doit impliquer la connaissance du caractère de l’autre. Par exemple je sais qu’avec cette personne nous pouvons bâtir une vie commune, qu’elle a des qualités que j’apprécie. Je me demande comment par le tchat on peut dans un laps de temps connaître les qualités intrinsèques d’une personne. Je me dis que cela est un peu dangereux. En tant que spécialiste des couples, je ne vois pas comment un mariage sérieux peut véritablement être fondé sur ces relations qui naissent du net à moins que ces premiers pas ne conduisent à des contacts physiques et un temps que l’on prendra pour se connaître pour savoir qui est l’autre. Avant de nouer une relation solide, nous avons besoin de connaître quel est notre arrière plan culturel, social, qu’est-ce qu’on a été dans le temps. Parce que, quand on épouse une personne, on épouse le tout. Je ne pense donc pas qu’avec le net on puisse vraiment arriver à cela. C’est vrai qu’on ne peut jamais connaître totalement l’autre mais il y a tout de même un minimum de paramètres qu’il faut maîtriser avant de dire ; je lie ma vie à telle personne.

Le temps d’observation fait de rencontres physiques est donc primordial dans la consolidation des couples ?
RAD.D : Ecoutez ! Je reçois dans mon cabinet toutes sortes de personnes avec des expériences diverses et j’en retiens que des gens qui se sont rencontrés et qui n’ont pas pris le temps de poser entre elles certaines questions ; de mûrir ensemble, … c’est dangereux. J’ai vu des gens qui sont venus me dire, « je ne reconnais plus la personne que j’ai épousée en fait, je m’étais trompé sur son compte ». Si déjà, avec un minimum de contacts, de découverte on arrive à de telles conclusions, que dire alors si cette affaire est basée sur des échanges virtuels ? Je pense donc que ce sont des relations qui aboutissent difficilement. Mais, je préfère être prudent pour dire qu’on ne sait jamais ; il se peut qu’il y ait des gens, qui par ce biais, ont réussi à fonder un foyer stable, harmonieux. Mais tout de même je pense que ce serait des exceptions qui confirment la règle.

Pensez-vous donc que les parents ont échoué dans l’éducation des enfants ?
RAD.D : C’est clair ! Pour moi, tout le problème est là. Je ne crois pas que c’est de bon cœur que les jeunes courent vers le net. C’est parce qu’à la maison, il ne sont pas encadrés. On ne leur montre pas quelle est l’importance du mariage ; à quoi ils s’engagent,… sinon ils comprendraient que ce n’est pas par le net qu’il faut courir pour chercher l’âme sœur. Je crois que quelque part, les parents ont échoué. Il y a une démission aujourd’hui et là, comme j’aime souvent le dire, "ça va nous entendre tous". Parce que, on va assister de plus en plus à des mariages disloqués et Dieu seul sait ce que ça fait quand un foyer est rompu. Les dégâts sont inimaginables, pas seulement pour les deux, mais aussi les enfants s’il y’en a eu et même les parents. Un mariage défait a des conséquences sur au moins une dizaine de personnes autour. Ce n’est pas impunément donc qu’on s’engage avec légèreté dans le mariage. Il y a toujours des conséquences. Et pour répondre à votre question, je pense qu’il y a une importante responsabilité des parents et il faut que cela soit dit.

En tant que spécialiste, quels conseils à l’endroit des tchatcheurs et tchatcheuses qui espèrent une rencontre pour fonder un foyer ?
RADD : Encore une fois, je dis que ce n’est pas de leur faute ; c’est parce qu’ils se sentent abandonnés, qu’ils sont obligés de courir vers le net. Mais, connaissant la portée du mariage, je leur dis que ce n’est pas une base solide pour fonder un foyer. Par conséquent, ils feraient mieux de retourner aux bonnes vieilles habitudes et entre autres s’approcher des aînés. Je crois que si les aînés n’ont pas le courage de faire le premier pas vers les jeunes, c’est aux jeunes d’aller vers eux pour poser leurs problèmes. Tout dernièrement j’étais avec un jeune homme marié et avec 17 ans de mariage et il m’a dit quelque chose qui a retenu mon attention ; il a dit : « Je n’appelle plus ça ma femme, mais la mère de mes enfants ». Je lui ai demandé quelle était la différence, et il m’a dit, qu’il était allé au village, et que les vieux lui ont dit qu’ils ne considéraient pas leurs épouses comme telles mais les mères de leurs enfants. C’est selon eux un lien plus fort, ça veut dire que les femmes ne sont pas n’importe qui, quand elles sont mères. Quand tu dis c’est ma femme, ça veut dire que c’est un autre être que tu peux balancer du jour au lendemain ; quand tu dis la maman de mes enfants, le lien est plus fort ! Vous comprenez ? Alors moi j’ai appris la leçon.
Je pense que les jeunes auront beaucoup à gagner en s’approchant des aînés voire des spécialistes tels que les conseillers matrimoniaux, les conseillers conjugaux… Ce n’est pas pour faire de la pub. En tout cas les jeunes doivent recourir aux avis des gens habilités à les conseiller car je crois que le net ne suffit pas.o

Mon expérience du tchat

Après avoir passé plus de 300 heures sur le tchat au rythme d’environ 4 heures par jour, reçu plus de 80 numéros de téléphone et une cinquantaine d’adresses e-mail de tchatcheuses, après avoir honoré une dizaine de rendez-vous, je puis affirmer sans risque de me tromper que de plus en plus de Burkinabé se fient au net pour trouver l’âme sœur. De Ouagadougou à Bobo en passant par Ouahigouya, etc. partout au Burkina où la connexion est bonne, de nombreuses femmes ou filles s’en donnent à cœur joie. Le plus souvent, les yeux de nos tchatcheuses sont tournés vers l’étranger plus précisément vers les tchatcheurs de l’Occident. Mes recherches ont démontré que pour être sûr de faire de belles rencontres, les messieurs doivent savoir se présenter : avoir un âge compris entre 30 ans et plus, vous donnera plus de chances de « séduire ». En plus, si vous avez une situation stable, (puisqu’en général la première question que les dames posent, c’est qu’est que tu fais dans la vie) vous êtes sûr de décrocher une adresse téléphonique ou un e-mail. Avec une telle présentation, les femmes vous prennent plus au sérieux. J’ai remarqué également que bon nombre de femmes du net (pour celles qui cherchent à établir une relation sérieuse) préfèrent d’abord, sécurité oblige, échanger par mail ou par téléphone avant d’envisager toute rencontre. C’est dire donc que pour les messieurs la présentation reste très importante si vous voulez vous faire des amies et pourquoi pas des amours.
Sur le tchat, on trouve du tout. Autant les hétéros cherchent des partenaires, autant les homosexuels essaient de faire des rencontres. A côté de tout ce beau monde se bousculent aussi, les e-prostituées. Les "e-prostituées" sont des professionnelles du sexe qui ont trouvé « l’ingénieuse » idée de proposer leurs charmes aux hommes sur le net. Pour elles, le tchat est un espace sûr et discret pour tout le monde mais plus encore pour elles. « Avec le client je discute de tout avant qu’on ne se rencontre. Il arrive même que certains me demandent de me décrire pour qu’ils sachent si je réponds à leur goût, d’autres précisent les postures qu’ils veulent, que nous adoptions une fois au lit ; nous discutons éventuellement du prix, et bien d’autres choses avant de nous rencontrer. C’est dire qu’on arrive à mieux appréhender les désirs des clients pour mieux les satisfaire », nous a confié D.M. Dans ce fourre tout où il est difficile sinon impossible de savoir qui est qui et quelles sont les intentions des uns et des autres, la prudence s’impose pour celles qui cherchent avec sérieux l’âme sœur. A dire vrai, le tchat, c’est comme de la drogue. Plus on en « prend », plus on devient accroc et plus il est difficile de se déconnecter. Le tchat, c’est à « consommer » avec modération si on veut éviter de tomber dans le piège des relations faciles et simplistes.
Frédéric ILBOUDO

Comment tchatcher ?

Pour ceux qui voudront vérifier par eux-mêmes, l’ampleur du phénomène, c’est très simple. Il suffit d’aller sur www...com . A la page d’accueil du site vous trouverez deux fenêtres. Cliquez sur la fenêtre visiteur. Une fois que vous y êtes, suivez les instructions en vous choisissant un pseudonyme, présentez vous en explicitant ce que vous chercher sur le tchat. Préciser votre âge et votre sexe, surtout n’oublier pas de choisir le pays dans lequel vous voudriez avoir des correspondants. La précision sur le pays est importante pour ceux qui veulent des rencontres de proximités notamment au Burkina. Une fois que vous avez rempli correctement toutes les cases, cliquez sur OK pour rejoindre les internautes déjà en ligne. Il ne vous reste plus qu’a cliquer sur les pseudonymes de ceux et celles en ligne pour dialoguer. A chaque fois que vous cliquerez sur un nom, une fenêtre va s’ouvrir vous permettant d’envoyer un message à votre correspondant. Une fois le message écrit, cliquez sur envoyer. Plus vous enverrez des messages (surtout pour les messieurs) plus vous en recevrez de la part des femmes. Ne vous attendez pas à ce qu’elles soient les premières à vous écrirent, car elles sont à chaque fois déborder de messages à répondre. Dès que le voyant vert s’allume sachez que vous venez d’avoir un message. Dernière chose, le tchat est comme une drogue une fois que vous êtes accroché, vous l’êtes jusqu’au cou. Tchatcher donc avec modération. A bon entendeur salut.

Athanase NIKIEMA : Psychologue consultant indépendant
“Goût de la facilité… manque d’affection sont entre autres ce qui pousse les femmes sur le net”

Qu’en pensent les spécialistes du comportement des rencontres sur Internet ? Effet de mode ou réel besoin de rechercher l’âme sœur ? L’amour du virtuel a-t-il des chances de prospérer dans notre société ? Nous avons essayé d’avoir des éclaircissements avec M. Athanase NIKIEMA psychologue et spécialiste de comportement humain.

Nombreux sont ceux qui pensent que les problèmes du continentafricain proviennent « des singeries » que sans cesse ses fils imitent de l’occident. Des imitations en total déphasage le plus souvent avec nos réalités, nos vécues, nos us et coutumes. On ne prend pas assez le temps d’adapter les choses à nos réalités. Les TIC ne dérogent pas à cette vérité. Les rencontres sur Internet via le tchat sont l’expression concrète de cette assertion. Pour le spécialiste du comportement cette course effrénée pour les rencontres peut être analysé sous plusieurs angles. Il y a la recherche de la facilité. Une situation qui s’explique par la peur. La peur d’être rejeté par l’autre. Sur le tchat, la barrière du virtuel, permet à chacun de se préparer à dominer cette peur avant de décider d’une quelconque rencontre qu’on pourra toujours annuler. En somme, le tchatcheur détient les cartes en mains.
Qu’en est-il du cas spécifique des femmes ?« Pour ce qui concerne la présence des femmes sur le tchat à la recherche de l’âme sœur, il faut le placer sous l’angle de la déception. Certes la déception est commune, parce que présente également chez les homme. Mais, chez la femme, cela s’explique surtout par des cas de déception qui se dissimule dans la méfiance vis-à-vis des hommes. L’Internet donne alors une possibilité à ces femmes de poser des préalables qui sont ceux de la découverte de l’autre pendant un certain temps pour au moins rechercher des points d’affinités avant d’envisager toute rencontre », a soutenu M Athanase NILKIEMA. Pour le spécialiste, d’autres femmes y vont au tchat parce qu’elles jugent que dans les bonnes vieilles méthodes de dragues elles ne trouvent pas satisfaction. « Soit parce qu’elles trouvent que les hommes viennent peu vers elles, ou bien elles considèrent que ceux qui viennent vers elles ne les satisfont pas. Par conséquent, elles s’en vont chercher ailleurs. J’ai fais une prospection sur le tchat et je me suis rendu compte que la plupart des personnes de sexe féminin qui y vont sont des sujets qui disent n’avoir pas été abordés pendant un certain temps par un homme. Ce sont des personnes qui trouvent que les hommes ne viennent pas régulièrement vers elles. Elles sont en manquent d’affection côté homme et le tchat est un moyen de pouvoir combler ce vide affectif ». Cela peut s’expliquer aussi par une approche de la personnalité de la tchatcheuse. Ce que le psychologue appelle le déterminisme de la personnalité. « Ce déterminisme s’appuie sur l’environnement dans lequel il évolue et le milieu familial où elle se trouve joue un rôle et à sa part d’influence sur le psychisme et détermine déjà un profile psychologique en attendant que l’environnement extérieur par achève cette personnalité. C’est dire donc que les parents n’obtiennent pas de leurs enfants la personnalité qu’ils veulent d’eux. Une personnalité s’acquière à partir d’un certain nombre d’expériences vécues ».

Un amour bâti sur du sable ?
L’étude du comportement de l’individu débouche sans conteste sur la société dans laquelle il évolue. De ce fait la psychologie qui étudie le comportement de l’individu prend en compte son milieu. Le contexte socioculturel est donc un facteur déterminant dans la consolidation des relations d’amitié et d’amour des individus évoluant dans une même société.
De l’avis du spécialiste, il sera difficile pour ce genre de couple de prospérer dans leur amour au regard du contexte dans lequel ils évoluent.
Et d’affirmé : « Je vois mal des gens qui se sont rencontrés sur Internet aller dire à leurs parents l’origine de leur rencontre, ils seront gênés. De la même manière qu’une fille n’aimera pas qu’on dise le jour de son mariage qu’on la rencontre sur la route, de cette même manière, elle n’aimera pas qu’on dise que la rencontre s’est faite sur Internet. Et je ne vois pas comment leurs parents de cette fille pourront comprendre et même tolérer cela. C’est dire donc que c’est un couple qui va s’engager en se voilant la face en évitant de dire la vérité sur leur rencontre. Et comme vous le savez, tout ce qui se construit dans le mensonge a peu de chance de prospérer »

Un danger pour notre société
Le mariage en Afrique de façon générale et au Burkina en particulier est une affaire de famille. Il va au delà des deux individus qui se sont vus, qui se sont aimés et qui ont décidé d’unir leur destin. C’est dire donc que c’est un évènement à prendre avec le plus grand sérieux. Au-delà du danger que constitue l’Internet avec les prédateurs que sont les maniaques sexuels et autres proxénètes à l’affût avec des propositions alléchantes, pour le spécialiste, le danger va plus loin que cela : « Les rencontres sur le net, si elles prennent de l’ampleur pourraient à terme provoquer une grave fracture sociale. Au niveau des individus, l’incompréhension et le déphasage avec nos réalités sociales feront qu’en eux-mêmes ils ne pourront pas construire vraiment quelque chose de consistant à partir de leur union ce qui va causer une rupture sociale à partir du moment donc où ce phénomène prendra de l’ampleur, ce sera la déchéance de la société ». Savoir raison garder, mûrir sa réflexion, se projeter dans le futur et se questionner sur l’avenir d’un couple fonder à partir des rencontres faites sur le net, telle est la réflexion que lance M. NIKIEMA à toutes celles et à tous ceux qui pensent que leur bonheur se trouve sur le net. A chacun donc de se faire sa propre opinion et savoir quel genre de foyer il veut bâtir pour lui-même et pour sa progéniture. Ce foyer sera-t-il en phase avec nos valeurs sociales et culturelles ?

Par Frédéric ILBOUDO

Trouver l’âme sœur par ces temps qui courent devient de plus en plus difficile. Et pour les femmes, et pour les hommes. Les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres lors de diverses cérémonies (mariages, baptêmes, funérailles, etc.) ou en des occasions courantes de la vie (écoles, marchés, famille, etc.) ne suffisent plus. Et comme la nature a horreur du vide, on a vite fait d’inventer d’autres moyens pour régler le problème. Dans ce petit jeu, ce qu’on appelait il n’y a pas encore longtemps les "Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC)" occupent une place de choix. Ainsi de plus en plus de Burkinabé cherchent l’âme sœur sur le net à travers ce qu’on appelle le « tchat ». Pendant plus de deux mois, nous nous sommes « inscrits » à cette « nouvelle école de drague ». Le résultat est plus qu’édifiant.

Djénéba TONDE, en pleine séance de tchat

Il est 13h. Pendant que bon nombre de Burkinabé sont à table ou en train de se reposer, E.K, elle, a choisi de rester au service, et même, de « sacrifier » son repas de midi pour naviguer. Calée devant son ordinateur et bénéficiant de la connexion haut débit, c’est à peine si elle a encore les pieds sur terre, tellement elle est concentrée sur son affaire : le tchat. Selon elle, c’est le meilleur moment pour espérer dénicher une rencontre. Vous l’aurez compris, E.K fait comme beaucoup d’autres Burkinabé qui se retrouvent sur la toile mondiale à travers le tchat, pour se faire des amis (es), des amoureux ou tout simplement dialoguer, échanger avec d’autres. C’est le moment où l’audience est la forte. Pendant deux heures et demie sinon même plus (puisqu’il arrive que pendant les heures de service certains soient toujours connectés) E.K va envoyer des messages et en recevoir, échanger des adresses, avoir des rendez-vous, tout cela dans le but ultime de se faire une relation amoureuse.
Est-il difficile ou facile d’aborder une fille, un garçon, sur le net ? Les relations établies via le virtuel peuvent-elles aboutir à quelque chose de concret voire de solide ? Des questions qui méritent des études poussées. Mais une chose est d’ores et déjà sûre, de plus en plus de Burkinabè toutes catégories socio-professionnelles et d’âges confondues s’essayent avec plus ou moins de bonheur dans la recherche de l’âme sœur sur le net. A travers l’agence matrimoniale virtuelle gratuite et sans intermédiaire se nouent ainsi des contacts d’amitié, des relations amoureuses, etc. L’amitié, l’amour sont donc possibles sur le net. Du pseudonyme à son véritable nom qu’on va donner à son « ami », s’établit en l’espace de cinq, dix minutes, voire une heure ou des jours de dialogue, une certaine confiance. « Le tchat est pour moi un espace d’évasion de rencontre, de divertissement. A chaque fois que je me retrouve sur le tchat cela me permet de me faire des amis au plan national et même international ; bref c’est un espace d’échange et de partage », nous a confié Alima BAMBARA. Si pour certains le tchat n’est rien d’autre qu’un espace de dialogue, d’échange et d’évasion, pour d’autres, il représente beaucoup plus. Il est une véritable agence matrimoniale à laquelle beaucoup s’agrippent et espèrent trouver le ou la partenaire idéal (e).

Le tchat une agence matrimoniale ?
Les cybercentres ne désemplissent pas

L’agence matrimoniale conventionnelle est un établissement commercial ayant pour vocation de marier des hommes et des femmes. Dans ce genre d’établissement, l’homme ou la femme qui est à la recherche de l’âme sœur exprime ses préférences, ses goûts, etc. Le tchat, c’est tout autre chose. C’est d’abord un espace de dialogue, de bavardage comme l’explique le petit Larousse. C’est au cours de ces bavardages virtuels que des « liens » se tissent. Le tchatcheur ou la tchatcheuse, à travers une brève présentation indique déjà ses intentions et ses désirs. Du dialogue simple en passant par l’amitié simple ou sincère, et voire plus, sont des indications qui permettent à chacun de se situer. Pour tout dire, il y en a qui sont directs et qui demandent le mariage (Jeune fille de 24 ans cherche homme sérieux pour amitié sincère pouvant aboutir au mariage). « Je suis une fille-mère de 30 ans. Chaque fois que je vais sur le tchat, je nourris le secret espoir de rencontrer quelqu’un. Vous savez de nos jours les hommes n’abordent plus les femmes comme à l’accoutumée. Comme vous le savez, il n’est pas permis dans nos mœurs à la jeune fille où à la femme d’aborder même quand elle trouve l’homme qui lui plaît. Mais sur le tchat cela est possible. Pour ce qui est des résultats, je peux vous dire que c’est extraordinaire ! », a laissé entendre E.K secrétaire dans un ministère de la place. Pour Alphonsine C. comptable dans une société privée « ça va faire bientôt 6 mois que je m’essaie au tchat et je dois dire que pour moi le résultat est plus qu’encourageant. Je crois avoir trouvé ce que je cherche. J’ai déjà pu passer du virtuel au concret puisque j’ai pu rencontrer le monsieur en question et avec lui nous sommes pour l’heure de très bons amis et ça se pourrait qu’on aille plus loin puisqu’on s’entend, on se comprend ; bref on se fréquente assidûment ». Tout comme ces deux tchatcheuses, elles sont nombreuses à se réjouir des « bienfaits » du tchat. Il faut dire que les femmes ne sont pas seules sur le tchat à chercher l’âme sœur. Les hommes ne sont pas non plus en reste. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un œil sur les écrans des femmes quand, elles sont connectées. « La multitude » de messages qu’elles reçoivent prouvent que le sexe opposé est aux aguets et prêt à sauter sur toute occasion qui se présente. « De temps en temps je vais sur le tchat. Mon objectif est de rencontrer une femme qui a l’argent. C’est pourquoi, je ne tchate qu’avec celles qui ont la cinquantaine, voire plus. Surtout celles qui vivent en Occident et qui veulent de la bonne compagnie », nous a confié E. AGBODU un jeune Nigérian qui semble s’y connaître et qui assure avoir des résultats. Des témoignages font état même d’unions qui auraient déjà été scellées par le biais des rencontres du net.

Effet de mode ou réel besoin ?
A l’image de Djénéba TONDE, elles sont nombreuses à s’intéresser aux rencontres sur le net

Les TIC prennent de plus en plus de place dans les faits et agissements des Burkinabé. Loin d’être un phénomène de mode, c’est juste une adaptation mise à contribution des nouveaux moyens de communication. Pour Evariste NIKIEMA journaliste culturel et tchatcheur, « le tchat est un espace de liberté et les femmes ne font que s’adapter. N’oubliez pas que pendant longtemps les gens s’écrivaient des lettres pour se draguer avec toutes les compromissions que cela pouvait avoir si la femme n’était pas d’accord. Ce n’est pas le cas avec le tchat. L’avantage du tchat c’est qu’il ne laisse pas de trace et la discrétion est assurée jusqu’à ce que vous décidiez de vous rencontrer. » Là-dessus le Burkina Faso semble être en retard par rapport à certains pays de la sous-région comme la Côte d’Ivoire où l’audience féminine se compte en milliers alors qu’au Burkina elle est probablement de quelques centaines. Le phénomène est en train de prendre de l’ampleur. A côté des espaces traditionnels de rencontres que sont les mariages, baptêmes, funérailles, etc. ... le net via le tchat est en train d’occuper un espace de plus en plus important. Bien malin qui pourra prédire jusqu’où tout cela va mener. Le sourire qu’affiche EK à chaque fois qu’elle obtient un numéro de téléphone ou une adresse émail, prouve que le phénomène a des beaux jours devant lui. Mais notre amie s’aura-t-elle s’arrêter un jour pour ne pas devenir accroc ? Rien n’est moins sûr. En effet, il est à craindre que tout cela ne devienne un véritable virus dont elle aura toutes les peines du monde à s’en débarrasser.o

Adja TRAORE, animatrice à Horizon FM

"Le Tchad n’est pas une menace pour folie-folie"

Face à la nouvelle donne que sont les rencontres sur Internet, quel avenir peut-on réserver aux agences matrimoniales ? Ou encore à une émission de rencontre comme « folie- folie » ? Peuvent-elles encore prospérer ? Nous avons rencontré l’animatrice de la plus célèbre émission de rencontre de la ville de Ouagadougou, Adja TRAORE. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sereine quant à la survie de son émission face à la montée du tchat.

« Folie folie » est la première émission de rencontre que la ville de Ouagadougou a connue. Émission critiquée par les uns et adulée par les autres, elle fait partie des émissions phares de la première Radio libre d’Afrique Horizon FM donc le fondateur n’est autre que le bouillant d’idées Moustapha Laabli THIOMBIANO. Depuis un certain nombre d’années cette émission a tracé son chemin dans l’espace médiatique burkinabé. « Au jour d’aujourd’hui, je peux vous affirmer que l’émission a concrétisé des rencontres dont certaines se sont soldées par des mariages », nous a confié fièrement Adja TRAORE. C’est dire donc que cette « agence matrimoniale par voix des ondes » fait des heureux dans notre pays. « Le principe de l’émission est simple. Elle ne dure que 30mns et au cours de cette demi-heure, des hommes et des femmes appellent pour solliciter des rencontres. Comme dans toute agence matrimoniale ils expriment leurs besoins à travers un certain nombre de critères de choix et nous essayons de leur donner des coordonnées de correspondants qui plus ou moins répondent à leurs critères », a laissé entendre l’animatrice de « folie folie ».Une tâche qui n’est pas sans difficulté pour la belle Adja qui n’est pas à l’abris des courroux de certains auditeurs. « Il arrive souvent que des auditeurs s’en prennent à moi soit parce qu’ils trouvent que l’homme ou la femme avec qui ils ont obtenu rendez-vous ne répond pas à leur attente. La voix suave de la demoiselle qui a attiré l’auditeur peut ne pas répondre à la même beauté corporelle. En clair, certains s’attendent à rencontrer des fées. Lorsque ce n’est pas le cas, la faute retombe sur moi. Il y a également ceux et celles qui appellent à l’émission pour s’amuser. Pourtant, à mon humble avis l’émission aide des gens à sortir de leurs solitudes. C’est pourquoi je voudrais profiter de vos colonnes pour dire aux plaisantins de s’abstenir, ils feront du bien aux auditeurs ». Sauf erreur de notre part, il n’existe pas pour le moment dans notre pays, une agence matrimoniale reconnue comme telle. Pour l’heure, seules des émissions du genre « folie- folie » ont aidé et aident encore les solitaires de se rencontrer. Aujourd’hui, tout comme le médium qu’est la radio, Internet, via le tchat donne l’opportunité de façon gratuite et dans la plus stricte discrétion des possibilités de rencontre. Cette nouvelle donne n’est-elle pas une menace pour l’émission « folie folie » ? « Non pas du tout du moins pour le moment », a lancé Adja. Pour elle, loin d’être un concurrent, le tchat, s’il fait le même travail qui est celui d’aider des hommes et des femmes à se rencontrer et à « s’aimer », chacun évolue dans un registre différent. « Le tchat aujourd’hui est encore un outil de quelques initiés. Pour tchatcher, il faut maîtriser l’outil informatique ce qui n’est pas chose aisée pour tout le monde. Alors que pour mon émission, rien de plus facile, car qui ne connaît utiliser le téléphone dans notre pays. Je concède que folie folie a les mêmes difficultés que le tchat à savoir celle de la crédibilité, de la sincérité des annonceurs ». En effet, tout comme le net, on ne peut comment reconnaître par écrit ou par la voix que l’auditeur ou l’internaute est au sérieux, s’il est sincère par rapport à certaines informations qu’il donne. Si donc folie folie n’est pas menacée, il n’en demeure pas moins qu’une certaine concurrence est ouverte entre les deux médias. L’avenir nous dira qui des deux triomphera.. o

Par Frédéric ILBOUDO

Mireille NONGA, commerçante
“J’ai autrefois été abusée par un étranger”

L’histoire de Mireille NONGA est comme celle de nombreuses autres filles qui ont été abusées par des hommes. Leur « péché » ? Avoir fait trop confiance aux rencontres sur le net. La chance de Mireille c’est d’avoir su panser ses blessures et repartir du bon pied avec cette fois-ci une bonne dose de prudence et d’attention en plus. « Si j’ai accepté témoigner c’est pour que d’autres filles ne tombent pas comme moi dans le piège de la confiance aveugle aux promesses tchatcheurs ».Espérons que ces mots seront entendues et serviront.

Comment es-tu venue au tchat, que cherchais-tu et qu’as-tu trouvé ?
Mireille NONGA : Deux choses m’ont amenée sur Internet en général et sur le tchat en particulier : les affaires et l’amour. Les affaires parce que je trouve qu’Internet est un outil magnifique et je crois que je ne me suis pas trompée, puisque ça marche pour moi. Pour l’amour aussi parce que c’est un lieu de rencontre comme tout autre et je peux vous dire que là aussi, le bonheur est au rendez-vous, même si j’ai dû supporter une horrible déception.

Quels genres d’affaires fais-tu sur le net ?
MN : Avant tout, je suis commerçante. Je vends des habits pour enfants et à ce titre, j’utilise les opportunités qu’offre Internet plus spécialement le tchat pour proposer mes articles.

Comment cela se passe concrètement ?
MN : Je me connecte comme tout le monde sur le tchat et je dialogue avec les uns et les autres surtout ceux qui sont à Ouagadougou et je leur propose mes produits. Pendant le dialogue ceux qui sont intéressés m’indiquent leur service et je me déplace pour leur livrer leurs commandes. Vous êtes d’ailleurs l’exemple concret de ce commerce car si ce n’était pas à cause du tchat nous n’aurions certainement pas pu échanger sur le sujet et moi je n’aurais pas eu un client. J’ai également eu des amis d’affaires sur le tchat. En occurrence un Suisse et un Français. Le Suisse m’envoyait des téléphones portables que j’écoulais. Puis c’était du matériel informatique qu’il m’envoyait. Nous sommes toujours en contact. Avec le Français c’est la même chose. Lui m’envoie des habits.

Et du côté de l’amour ?
MN : Aujourd’hui, je peux dire que j’ai trouvé l’âme sœur, même si avant d’y arriver j’ai vécu une déception que je n’oublierai jamais. J’ai rencontré quelqu’un de très bien, avec lui, on se comprend, on s’entend. Ça fait déjà deux ans qu’on se connaît et en juillet dernier, notre relation qui n’était jusque-là que du virtuel s’est concrétisée puisqu’il est venu passer trois semaines ici au Burkina avec moi. Je compte également le rejoindre et si tout va bien, dans quelques jours il sera de nouveau là. Mais pour tout vous dire cela ne s’est pas passé comme certains le croiront. Il a fallu du temps et de la patience pour qu’on apprenne à se connaître, puis plus tard à se faire confiance avant d’en arriver là où nous sommes aujourd’hui. Je ne me suis pas donnée comme ça en un premier temps. Il fallait que je l’étudie pour savoir si c’est quelqu’un de bien, de sérieux. La confiance s’est établie par la suite et on a commencé à se faire des cadeaux, à échanger nos photos ; pas des photos sexy. Je n’ai jamais donné de photos sexy sur le net à quelqu’un. C’est comme ça qu’on est parvenu à faire progresser notre amitié qui est devenue par la suite un amour réel.

Y a- t- il des perspectives pour que ça aboutisse au mariage un jour ?
MN : Même si notre relation n’aboutit pas au mariage, je ne regretterai rien, car ce n’est pas que dans le mariage qu’on est heureux dans la vie. Ce qui est sûr, nous avons des projets et même si on ne se marie pas la relation qui existe entre nous est quelque chose de formidable. Pour le moment le courant passe et pourvu que ça dure.

Parles -moi de la déception que tu as vécue sur le tchat
MN : (silence) je ne veux plus revivre cela même en souvenir car ça été trop douloureux pour moi.

C’est vrai, mais ce que tu as vécu peut servir de leçon à d’autres personnes ?
MN : Non, c’est trop difficile !!! (soupir)

Essaie tout de même, ton témoignage peut aider…
MN : En fait… ( long silence ) J’ai connu un étranger il y a de cela quelques années. (soupir) On s’est connu par le tchat ; on a échangé nos mails et on correspondait. Au début j’ai tenu à connaître ses intentions à mon égard. Il m’a rassuré qu’il voulait faire du sérieux avec moi et que pour cela il allait venir au Burkina pour que nous puissions concrétiser notre relation. Avant qu’il ne vienne j’ai tenu à savoir sa situation matrimoniale et il m’a rassuré qu’il était séparé et qu’à ce niveau je n’avais pas du souci à me faire. Effectivement il a fait le déplacement de Ouagadougou… (silence, soupir)

Et que s’est-il passé ?
MN : Quand il est venu, je l’ai pris au sérieux parce que c’était un homme d’âge assez mûr puisqu’il avait la quarantaine sinon plus. J’ai eu une et une seule aventure avec lui à son hôtel. Après notre aventure tout allait bien. Deux, trois jours plus tard je n’arrivais plus à le voir ni au téléphone ni à son hôtel. Ce n’est que la veille de son départ qu’il m’a appelé pour me dire qu’il pensait que c’était mieux qu’on mette fin à notre relation ; parce que pour lui je suis une gamine. « Les gens vont mal voir notre relation, ils vont dire que j’exploite une gamine, c’est mieux qu’on arrête ».
Ça m’a choqué parce que, avant de venir, il connaissait mon âge, il connaissait tout ou presque de moi. Il est donc venu juste pour abuser de moi et il a bien réussi son coup. Par la suite j’apprendrai que monsieur n’était même pas séparé de sa femme et qu’il vivait toujours avec elle et avec leurs enfants. Ça m’a fait mal car malgré les précautions que j’ai prises avant qu’on ne se rencontre, toutes mes questions et tout, il m’a menti pour pouvoir abuser de moi. J’ai regretté et je regrette toujours ce passage de ma vie.

Pourquoi après cette douloureuse expérience tu continues de tchatcher ?
MN : Ça n’a pas été automatique, j’ai pris du temps pour me remettre de cette situation. Mieux, je ne pars plus sur le tchat pour chercher une âme sœur, mais bien pour proposer mes articles de commerce.

Si tu as un conseil à donner à celles qui sont tentées par le tchat ou qui sont accrocs et qui tentent l’expérience des rencontres amoureuses sur le net ; que leur diras-tu ?
MN : Vous savez, tout dépend de ce qu’on cherche sur le tchat. Côté sentiment, il y a deux situations : la première, aller au tchat poussé par l’appât du gain facile, le matériel…, dans l’idée de gruger les hommes. A coup sûr, tu vas avoir des problèmes parce que tu auras toutes sortes de propositions. Des propositions de genre 200 Euros par jour pour passer une semaine avec un couple de lesbiennes, 50000 Fcfa si tu acceptes de poser à moitié nu, etc. C’est dire que pour des novices cela peut être tentant et ça, c’est une autre forme de prostitution. Par contre si tu cherches une relation sérieuse sur le tchat, cela est aussi possible car le net est aussi un lieu de rencontres comme tout autre. On peut trouver l’amour, mais il faut être patiente, prudente, attentive et persévérante et ça va venir.o

Par Frédéric ILBOUDO

M. Roch Audacien D. DAMIBA, conseiller conjugal
“Je ne vois pas comment un mariage sérieux peut être fondé sur ces relations qui naissent du net”

L’amour né du net peut- il prospérer ? Pourquoi de plus en plus de femmes se fient-elles au net pour chercher l’âme sœur ? Est-ce un échec des parents dans l’éducation des enfants ? Telles sont entre autres les questions que nous avons posées au spécialiste des couples, le conseiller conjugal Roch Audacien D. DAMIBA. L’homme qui n’est plus à présenter a accepté nous recevoir dans son cabinet où il exerce depuis son retour définitif du Niger. Sans détours, il a apporté des réponses à nos interrogations ; lisez plutôt.

Qu’est ce qui selon vous pousse aujourd’hui des Burkinabé, particulièrement des femmes, à rechercher l’âme sœur sur le net ?
Roch Audacien D. DAMIBA : Je pense, à mon humble avis qu’il y a un constat à faire. Le constat que je fais c’est que, les jeunes filles, tout comme les garçons n’ont plus de repères. J’entends par repères, des personnes auprès desquelles, ils peuvent aller se confier, poser leurs problèmes, trouver des orientations. C’est comme si les jeunes sont laissés à eux-mêmes. Et puis que avoir un(e), ami(e) est légitime, j’allais dire naturel, si on n’a pas de références ailleurs, si on n’a pas de base ailleurs, et que l’Internet via le tchat semble offrir ce cadre là, eh bien, ça ne sera que la course effrénée vers cette nouvelle donne. Il y a comme un déficit de cadre où effectivement, les jeunes auraient pu se rendre, pour trouver des gens, qui puissent les conseiller, les orienter. C’est comme ça que j’explique cette soudaine course vers le net pour rechercher l’âme sœur.

Existe-t-il une différence entre cette nouvelle donne et les bonnes vieilles habitudes de drague ?
RADD : Les deux systèmes, les deux démarches ont leurs avantages et leurs inconvénients. C’est vrai, les bonnes vieilles habitudes faites de rencontres et d’échanges de lettres ne sont qu’une première étape qui ouvre une perspective de rencontre, de communication avec la personne désirée. Mais je me dis que, que ce soit par les bonnes vieilles habitudes, ou par le net, la décision finale ne peut pas s’arrêter à ce niveau, il faut un jour ou l’autre que les deux se rencontrent face-à-face, et sachent qui est réellement l’autre. Parce que par l’écrit seul, on peut se faire des illusions. A mon avis, ce sont des démarches qui doivent nécessairement conduire à une rencontre physique. Et ce n’est qu’après cette rencontre sinon après plusieurs rencontres que l’un et l’autre pourront faire la part des choses avant de se décider.

En tant que spécialiste des couples, pensez-vous que l’amour né du virtuel peut prospérer ?
RADD : Je pense que c’est un amour qui est assez superficiel. D’abord, qu’est-ce que aimer et qu’est -ce qu’on aime chez la personne ? Ce n’est pas parce qu’elle m’envoie de très belles phrases ou des mots doux. L’amour en tant que tel doit impliquer la connaissance du caractère de l’autre. Par exemple je sais qu’avec cette personne nous pouvons bâtir une vie commune, qu’elle a des qualités que j’apprécie. Je me demande comment par le tchat on peut dans un laps de temps connaître les qualités intrinsèques d’une personne. Je me dis que cela est un peu dangereux. En tant que spécialiste des couples, je ne vois pas comment un mariage sérieux peut véritablement être fondé sur ces relations qui naissent du net à moins que ces premiers pas ne conduisent à des contacts physiques et un temps que l’on prendra pour se connaître pour savoir qui est l’autre. Avant de nouer une relation solide, nous avons besoin de connaître quel est notre arrière plan culturel, social, qu’est-ce qu’on a été dans le temps. Parce que, quand on épouse une personne, on épouse le tout. Je ne pense donc pas qu’avec le net on puisse vraiment arriver à cela. C’est vrai qu’on ne peut jamais connaître totalement l’autre mais il y a tout de même un minimum de paramètres qu’il faut maîtriser avant de dire ; je lie ma vie à telle personne.

Le temps d’observation fait de rencontres physiques est donc primordial dans la consolidation des couples ?
RAD.D : Ecoutez ! Je reçois dans mon cabinet toutes sortes de personnes avec des expériences diverses et j’en retiens que des gens qui se sont rencontrés et qui n’ont pas pris le temps de poser entre elles certaines questions ; de mûrir ensemble, … c’est dangereux. J’ai vu des gens qui sont venus me dire, « je ne reconnais plus la personne que j’ai épousée en fait, je m’étais trompé sur son compte ». Si déjà, avec un minimum de contacts, de découverte on arrive à de telles conclusions, que dire alors si cette affaire est basée sur des échanges virtuels ? Je pense donc que ce sont des relations qui aboutissent difficilement. Mais, je préfère être prudent pour dire qu’on ne sait jamais ; il se peut qu’il y ait des gens, qui par ce biais, ont réussi à fonder un foyer stable, harmonieux. Mais tout de même je pense que ce serait des exceptions qui confirment la règle.

Pensez-vous donc que les parents ont échoué dans l’éducation des enfants ?
RAD.D : C’est clair ! Pour moi, tout le problème est là. Je ne crois pas que c’est de bon cœur que les jeunes courent vers le net. C’est parce qu’à la maison, il ne sont pas encadrés. On ne leur montre pas quelle est l’importance du mariage ; à quoi ils s’engagent,… sinon ils comprendraient que ce n’est pas par le net qu’il faut courir pour chercher l’âme sœur. Je crois que quelque part, les parents ont échoué. Il y a une démission aujourd’hui et là, comme j’aime souvent le dire, "ça va nous entendre tous". Parce que, on va assister de plus en plus à des mariages disloqués et Dieu seul sait ce que ça fait quand un foyer est rompu. Les dégâts sont inimaginables, pas seulement pour les deux, mais aussi les enfants s’il y’en a eu et même les parents. Un mariage défait a des conséquences sur au moins une dizaine de personnes autour. Ce n’est pas impunément donc qu’on s’engage avec légèreté dans le mariage. Il y a toujours des conséquences. Et pour répondre à votre question, je pense qu’il y a une importante responsabilité des parents et il faut que cela soit dit.

En tant que spécialiste, quels conseils à l’endroit des tchatcheurs et tchatcheuses qui espèrent une rencontre pour fonder un foyer ?
RADD : Encore une fois, je dis que ce n’est pas de leur faute ; c’est parce qu’ils se sentent abandonnés, qu’ils sont obligés de courir vers le net. Mais, connaissant la portée du mariage, je leur dis que ce n’est pas une base solide pour fonder un foyer. Par conséquent, ils feraient mieux de retourner aux bonnes vieilles habitudes et entre autres s’approcher des aînés. Je crois que si les aînés n’ont pas le courage de faire le premier pas vers les jeunes, c’est aux jeunes d’aller vers eux pour poser leurs problèmes. Tout dernièrement j’étais avec un jeune homme marié et avec 17 ans de mariage et il m’a dit quelque chose qui a retenu mon attention ; il a dit : « Je n’appelle plus ça ma femme, mais la mère de mes enfants ». Je lui ai demandé quelle était la différence, et il m’a dit, qu’il était allé au village, et que les vieux lui ont dit qu’ils ne considéraient pas leurs épouses comme telles mais les mères de leurs enfants. C’est selon eux un lien plus fort, ça veut dire que les femmes ne sont pas n’importe qui, quand elles sont mères. Quand tu dis c’est ma femme, ça veut dire que c’est un autre être que tu peux balancer du jour au lendemain ; quand tu dis la maman de mes enfants, le lien est plus fort ! Vous comprenez ? Alors moi j’ai appris la leçon.
Je pense que les jeunes auront beaucoup à gagner en s’approchant des aînés voire des spécialistes tels que les conseillers matrimoniaux, les conseillers conjugaux… Ce n’est pas pour faire de la pub. En tout cas les jeunes doivent recourir aux avis des gens habilités à les conseiller car je crois que le net ne suffit pas.o

Mon expérience du tchat

Après avoir passé plus de 300 heures sur le tchat au rythme d’environ 4 heures par jour, reçu plus de 80 numéros de téléphone et une cinquantaine d’adresses e-mail de tchatcheuses, après avoir honoré une dizaine de rendez-vous, je puis affirmer sans risque de me tromper que de plus en plus de Burkinabé se fient au net pour trouver l’âme sœur. De Ouagadougou à Bobo en passant par Ouahigouya, etc. partout au Burkina où la connexion est bonne, de nombreuses femmes ou filles s’en donnent à cœur joie. Le plus souvent, les yeux de nos tchatcheuses sont tournés vers l’étranger plus précisément vers les tchatcheurs de l’Occident. Mes recherches ont démontré que pour être sûr de faire de belles rencontres, les messieurs doivent savoir se présenter : avoir un âge compris entre 30 ans et plus, vous donnera plus de chances de « séduire ». En plus, si vous avez une situation stable, (puisqu’en général la première question que les dames posent, c’est qu’est que tu fais dans la vie) vous êtes sûr de décrocher une adresse téléphonique ou un e-mail. Avec une telle présentation, les femmes vous prennent plus au sérieux. J’ai remarqué également que bon nombre de femmes du net (pour celles qui cherchent à établir une relation sérieuse) préfèrent d’abord, sécurité oblige, échanger par mail ou par téléphone avant d’envisager toute rencontre. C’est dire donc que pour les messieurs la présentation reste très importante si vous voulez vous faire des amies et pourquoi pas des amours.
Sur le tchat, on trouve du tout. Autant les hétéros cherchent des partenaires, autant les homosexuels essaient de faire des rencontres. A côté de tout ce beau monde se bousculent aussi, les e-prostituées. Les "e-prostituées" sont des professionnelles du sexe qui ont trouvé « l’ingénieuse » idée de proposer leurs charmes aux hommes sur le net. Pour elles, le tchat est un espace sûr et discret pour tout le monde mais plus encore pour elles. « Avec le client je discute de tout avant qu’on ne se rencontre. Il arrive même que certains me demandent de me décrire pour qu’ils sachent si je réponds à leur goût, d’autres précisent les postures qu’ils veulent, que nous adoptions une fois au lit ; nous discutons éventuellement du prix, et bien d’autres choses avant de nous rencontrer. C’est dire qu’on arrive à mieux appréhender les désirs des clients pour mieux les satisfaire », nous a confié D.M. Dans ce fourre tout où il est difficile sinon impossible de savoir qui est qui et quelles sont les intentions des uns et des autres, la prudence s’impose pour celles qui cherchent avec sérieux l’âme sœur. A dire vrai, le tchat, c’est comme de la drogue. Plus on en « prend », plus on devient accroc et plus il est difficile de se déconnecter. Le tchat, c’est à « consommer » avec modération si on veut éviter de tomber dans le piège des relations faciles et simplistes.
Frédéric ILBOUDO

Comment tchatcher ?

Pour ceux qui voudront vérifier par eux-mêmes, l’ampleur du phénomène, c’est très simple. Il suffit d’aller sur www...com . A la page d’accueil du site vous trouverez deux fenêtres. Cliquez sur la fenêtre visiteur. Une fois que vous y êtes, suivez les instructions en vous choisissant un pseudonyme, présentez vous en explicitant ce que vous chercher sur le tchat. Préciser votre âge et votre sexe, surtout n’oublier pas de choisir le pays dans lequel vous voudriez avoir des correspondants. La précision sur le pays est importante pour ceux qui veulent des rencontres de proximités notamment au Burkina. Une fois que vous avez rempli correctement toutes les cases, cliquez sur OK pour rejoindre les internautes déjà en ligne. Il ne vous reste plus qu’a cliquer sur les pseudonymes de ceux et celles en ligne pour dialoguer. A chaque fois que vous cliquerez sur un nom, une fenêtre va s’ouvrir vous permettant d’envoyer un message à votre correspondant. Une fois le message écrit, cliquez sur envoyer. Plus vous enverrez des messages (surtout pour les messieurs) plus vous en recevrez de la part des femmes. Ne vous attendez pas à ce qu’elles soient les premières à vous écrirent, car elles sont à chaque fois déborder de messages à répondre. Dès que le voyant vert s’allume sachez que vous venez d’avoir un message. Dernière chose, le tchat est comme une drogue une fois que vous êtes accroché, vous l’êtes jusqu’au cou. Tchatcher donc avec modération. A bon entendeur salut.

Athanase NIKIEMA : Psychologue consultant indépendant
“Goût de la facilité… manque d’affection sont entre autres ce qui pousse les femmes sur le net”

Qu’en pensent les spécialistes du comportement des rencontres sur Internet ? Effet de mode ou réel besoin de rechercher l’âme sœur ? L’amour du virtuel a-t-il des chances de prospérer dans notre société ? Nous avons essayé d’avoir des éclaircissements avec M. Athanase NIKIEMA psychologue et spécialiste de comportement humain.

Nombreux sont ceux qui pensent que les problèmes du continentafricain proviennent « des singeries » que sans cesse ses fils imitent de l’occident. Des imitations en total déphasage le plus souvent avec nos réalités, nos vécues, nos us et coutumes. On ne prend pas assez le temps d’adapter les choses à nos réalités. Les TIC ne dérogent pas à cette vérité. Les rencontres sur Internet via le tchat sont l’expression concrète de cette assertion. Pour le spécialiste du comportement cette course effrénée pour les rencontres peut être analysé sous plusieurs angles. Il y a la recherche de la facilité. Une situation qui s’explique par la peur. La peur d’être rejeté par l’autre. Sur le tchat, la barrière du virtuel, permet à chacun de se préparer à dominer cette peur avant de décider d’une quelconque rencontre qu’on pourra toujours annuler. En somme, le tchatcheur détient les cartes en mains.
Qu’en est-il du cas spécifique des femmes ?« Pour ce qui concerne la présence des femmes sur le tchat à la recherche de l’âme sœur, il faut le placer sous l’angle de la déception. Certes la déception est commune, parce que présente également chez les homme. Mais, chez la femme, cela s’explique surtout par des cas de déception qui se dissimule dans la méfiance vis-à-vis des hommes. L’Internet donne alors une possibilité à ces femmes de poser des préalables qui sont ceux de la découverte de l’autre pendant un certain temps pour au moins rechercher des points d’affinités avant d’envisager toute rencontre », a soutenu M Athanase NILKIEMA. Pour le spécialiste, d’autres femmes y vont au tchat parce qu’elles jugent que dans les bonnes vieilles méthodes de dragues elles ne trouvent pas satisfaction. « Soit parce qu’elles trouvent que les hommes viennent peu vers elles, ou bien elles considèrent que ceux qui viennent vers elles ne les satisfont pas. Par conséquent, elles s’en vont chercher ailleurs. J’ai fais une prospection sur le tchat et je me suis rendu compte que la plupart des personnes de sexe féminin qui y vont sont des sujets qui disent n’avoir pas été abordés pendant un certain temps par un homme. Ce sont des personnes qui trouvent que les hommes ne viennent pas régulièrement vers elles. Elles sont en manquent d’affection côté homme et le tchat est un moyen de pouvoir combler ce vide affectif ». Cela peut s’expliquer aussi par une approche de la personnalité de la tchatcheuse. Ce que le psychologue appelle le déterminisme de la personnalité. « Ce déterminisme s’appuie sur l’environnement dans lequel il évolue et le milieu familial où elle se trouve joue un rôle et à sa part d’influence sur le psychisme et détermine déjà un profile psychologique en attendant que l’environnement extérieur par achève cette personnalité. C’est dire donc que les parents n’obtiennent pas de leurs enfants la personnalité qu’ils veulent d’eux. Une personnalité s’acquière à partir d’un certain nombre d’expériences vécues ».

Un amour bâti sur du sable ?
L’étude du comportement de l’individu débouche sans conteste sur la société dans laquelle il évolue. De ce fait la psychologie qui étudie le comportement de l’individu prend en compte son milieu. Le contexte socioculturel est donc un facteur déterminant dans la consolidation des relations d’amitié et d’amour des individus évoluant dans une même société.
De l’avis du spécialiste, il sera difficile pour ce genre de couple de prospérer dans leur amour au regard du contexte dans lequel ils évoluent.
Et d’affirmé : « Je vois mal des gens qui se sont rencontrés sur Internet aller dire à leurs parents l’origine de leur rencontre, ils seront gênés. De la même manière qu’une fille n’aimera pas qu’on dise le jour de son mariage qu’on la rencontre sur la route, de cette même manière, elle n’aimera pas qu’on dise que la rencontre s’est faite sur Internet. Et je ne vois pas comment leurs parents de cette fille pourront comprendre et même tolérer cela. C’est dire donc que c’est un couple qui va s’engager en se voilant la face en évitant de dire la vérité sur leur rencontre. Et comme vous le savez, tout ce qui se construit dans le mensonge a peu de chance de prospérer »

Un danger pour notre société
Le mariage en Afrique de façon générale et au Burkina en particulier est une affaire de famille. Il va au delà des deux individus qui se sont vus, qui se sont aimés et qui ont décidé d’unir leur destin. C’est dire donc que c’est un évènement à prendre avec le plus grand sérieux. Au-delà du danger que constitue l’Internet avec les prédateurs que sont les maniaques sexuels et autres proxénètes à l’affût avec des propositions alléchantes, pour le spécialiste, le danger va plus loin que cela : « Les rencontres sur le net, si elles prennent de l’ampleur pourraient à terme provoquer une grave fracture sociale. Au niveau des individus, l’incompréhension et le déphasage avec nos réalités sociales feront qu’en eux-mêmes ils ne pourront pas construire vraiment quelque chose de consistant à partir de leur union ce qui va causer une rupture sociale à partir du moment donc où ce phénomène prendra de l’ampleur, ce sera la déchéance de la société ». Savoir raison garder, mûrir sa réflexion, se projeter dans le futur et se questionner sur l’avenir d’un couple fonder à partir des rencontres faites sur le net, telle est la réflexion que lance M. NIKIEMA à toutes celles et à tous ceux qui pensent que leur bonheur se trouve sur le net. A chacun donc de se faire sa propre opinion et savoir quel genre de foyer il veut bâtir pour lui-même et pour sa progéniture. Ce foyer sera-t-il en phase avec nos valeurs sociales et culturelles ?

Par Frédéric ILBOUDO, du Journal L’opinion
Source : http://www.zedcom.bf/actualite/op487/dossier.htm

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