E-agriculture
Demandez à votre enfant ce qu’il souhaiterait devenir plus tard, il vous dira peut-être enseignant, journaliste, médecin, militaire, bref ! tous les métiers possibles, sauf cultivateur parce que tout simplement, le paysan n’a jamais été un modèle dans ce pays. En effet, paradoxalement, celui- là même qui ploie sous le soleil cuisant du Sahel pour nourrir les populations est très souvent le symbole de la pauvreté et de la misère.
Il sont de plus en plus nombreux, ces paysans qui arrivent à tirer leur épingle du jeu dans l’agriculture. Et des millionnaires, il en existe. Sont de ceux-là, Hamidou Maïga, installé dans la province de la Comoé dans les Cascades. Certes, il n’a rien du grand fermier des favelas brésiliens, ou de l’agriculteur américain capable de nourrir une ville entière. Parce que lui, travaille toujours de façon archaïque, c’est-à-dire avec la force humaine, dépendant fortement des caprices de la pluviométrie.
Hamadou Maïga : "Je mets l’accent sur les cultures vivrières pour mettre ma famille à l’abri du besoin".
A cela, s’ajoute le fait qu’il n’ est scolarisé. N’empêche, Hamidou Maïga peut se targuer d’être un modèle ici au Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres au monde. Son exploitation est située dans le village de Gouandougou à 15 km de Sidéradougou (sur l’axe Banfora-Gaoua) . Dans cette exploitation d’environ 47 hectares, on trouve pratiquement du tout. Maïs (9 ha), sésame (5 ha) , niébé, mil et surtout le manioc qui couvre 23 hectares. Il fait également de l’arboriculture, dont l’essentiel (40 ha) est constitué d’anacardiers. Et, ce qui est rare et exceptionnel, ce paysan se veut un véritable acteur du développement durable, en plantant dans son exploitation, 5 000 pieds de baobabs. De quoi rendre jaloux plus d’un fonctionnaire. Et ce n’est pas un hasard si son exploitation a reçu au cours du mois d’août, la visite du ministre délégué à l’Agriculture. L’avenir du Burkina Faso se trouve dans les champs, dit-on.
Jadis grand producteur de coton, Hamidou Maïga, s’est maintenant converti en grand producteur de manioc, qui rapporte nettement mieux de son point de vue. Ainsi, sa production de manioc lui rapporte au minimum 700 000 f CFA à l’hectare soit environ 16 millions par an pour la seule spéculation qu’est le manioc. Ce qui représente plus de 10 ans de salaire d’un cadre moyen de la fonction publique. Et lorsqu’on lui demande si l’on peut le considérer comme un millionnaire, il répond avec modestie qu’il a beaucoup de charges. Hamidou Maïga est en effet un maître coranique qui a en charge 100 personnes dont 30 élèves. Comme équipement, il travaille avec 6 charrues, 3 pulvérisateurs, 2 semoirs, 5 paires de boeufs de trait, trois sarcleurs, etc. Son rêve est aujourd’hui d’acquérir des tracteurs afin de passer à la vitesse supérieure.
Fatouma Sophie OUATTARA
SIDWAYA