E-gouvernance
En Afrique, ce secteur nécessite des investissements annuels de près de 80
milliards USD, a déclaré à l’AFP Hamadoun Touré, directeur du Bureau de
développement des télécommunications (BDT) à l’UIT, organisme spécialisé des
Nations Unies.
Fabriqué par le groupe français Alcatel pour un coût total d’environ 200
millions de dollars, pris en charge en grande partie par la Libye mais aussi
le Nigeria, le Regional African Satellite Communications (RASCOM), dont la
direction générale est basée à Abidjan, doit être "lancé d’ici le mois de
juin", selon lui.
Avec une part du marché mondial de l’internet "de moins de 1%" qui le place
"en dernière position", le continent africain, où vit 13% de la population
mondiale, aura avec son satellite "une alternative (...) pour réduire les
coûts" dont le niveau élevé handicape le développement des TIC, a ajouté
M. Touré.
"Premier satellite africain, RASCOM permettra, par un très faible
investissement, d’amener la téléphonie, la télévision et tous les autres
services", a-t-il expliqué.
"Il permettra à l’Afrique de faire un bond énorme. Un village où le
téléphone n’a jamais sonné va se retrouver non seulement avec le téléphone
mais aussi avec la télévision et l’internet", a-t-il poursuivi.
En 2004, près de la moitié des 800.000 villages dans le monde dépourvus de
toute connexion aux TIC et représentant une population d’un milliard
d’habitants se trouvaient en Afrique, selon des statistiques de l’UIT.
La même année, l’Afrique ne représentait que 3,7% des abonnés au téléphone,
qu’il soit fixe ou mobile. Elle comptait 22 millions d’utilisateurs de
l’internet, pour un taux de pénétration d’à peine 3%.
En Europe, ce taux est 11 fois plus élevé. Pour la téléphonie mobile, "le
taux de croissance était de près de 70% ces trois dernières années" en
Afrique, dont "la part de marché est montée en décembre 2005 à 8% pour le
téléphone mobile et fixe", a affirmé M. Touré.
Mais un ministre centrafricain, présent à la Conférence mondiale sur le
développement des télécommunications, réunie du 7 au 15 mars à Doha, s’est
plaint lors d’une intervention que son pays ne comptait que "quelque
9.000abonnés au téléphone et 600 à l’internet" en raison, selon lui,
du manque
d’aide internationale pour le développement des TIC.
"Les TIC peuvent être le moteur de l’industrie et de l’économie en Afrique,
mais à condition de mettre en oeuvre une politique propice à la compétition,
(...) d’autant plus qu’aucune autre industrie ne peut donner d’opportunité
de croissance aussi rapide que les TIC", a expliqué M. Touré.
"Selon nos estimations, l’Afrique aura besoin d’au moins 80 mds USD chaque
année" (....), ce qui permettrait de tripler ou quadrupler le PIB du
continent", a-t-il indiqué, se disant "optimiste" sur l’aptitude du
continent à assimiler les nouvelles technologies.
"Quand vous introduisez les TIC dans une école, les jeunes enfants africains
se retrouvent très rapidement au même niveau que les jeunes Japonais ou
Américains", a conclu M. Touré. Ce Malien est l’un des six candidats
déclarés au poste de secrétaire général du BDT, à pourvoir lors d’un congrès
prévu en novembre en Turquie.
*Auteur* : Ahmed Hamou, Chargé des NTIC et Coordonnateur Cyber Flash à l’ONG
JEDD
*Date* : 12/03/2006
*Site web* : http://www.ong-jedd.africa-web.org